Marché noir, dernier recours pour les Israéliens pressés de renouveler leur passeport
Avec un million de demandes de renouvellement en attente dû à la pandémie, certains paient des centaines de dollars car le système a été dévalisé par les pirates informatiques
Depuis plus d’un an, il est pratiquement impossible pour les Israéliens de renouveler leur passeport, les systèmes étant submergés de demandes, à la suite d’un assaut du système en ligne du gouvernement par des réseaux de pirates informatiques et de bots. Les pirates et les bots se sont emparés des créneaux de rendez-vous dans le système et les ont vendus à des prix qui peuvent atteindre des centaines de dollars.
De nombreux citoyens désespérés qui souhaitent partir à l’étranger sont contraints de payer jusqu’à 250 dollars par rendez-vous à des individus qui vendent des créneaux via l’application de messagerie Telegram. D’autres réseaux de bots promettent aux demandeurs de leur trouver rapidement un créneau libre pour un prix réduit de 130 shekels.
« C’est terrible, je suis frustrée et déçue », a déclaré une femme à la radio de l’armée jeudi, expliquant qu’elle essayait de prendre rendez-vous pour sa famille depuis novembre, mais sans succès. « J’ai l’impression d’être tout simplement prisonnière ici, dans ce pays ».
Une autre option est de payer la somme plus élevée de 430 shekels pour un passeport temporaire, qui est valable 2 ans [au lieu de 10], mais ne nécessite pas de rendez-vous. Le tarif normal est de 280 shekels.
Une troisième option, pour ceux qui ne peuvent pas attendre, existe à l’aéroport Ben Gurion, où un bureau fournit des passeports d’urgence pour la somme de 845 shekels.
La Population Immigration and Border Authority (PIBA) du ministère de l’Intérieur a promis à plusieurs reprises de trouver rapidement des solutions au problème et a déclaré qu’elle augmenterait les nombre de créneaux et les effectifs, mais tous ses efforts ont été vains jusqu’à présent.
Le problème a commencé pendant la pandémie de COVID, avec les restrictions sévères sur les vols internationaux et les mesures de confinement, limitant à la fois la capacité du gouvernement à délivrer de nouveaux passeports et la nécessité pour la population de faire une demande de renouvèlement de passeport.
Cette situation a créé un arriéré d’environ un million de passeports à renouveler, saturant rapidement tous les créneaux disponibles l’année dernière, dès la levée des restrictions liées à la pandémie.
Le problème a été exacerbé par le fait que de nombreux demandeurs doivent se présenter en personne pour se voir délivrer leur premier passeport biométrique, puisque celui-ci comporte un relevé d’empreintes digitales.
Le phénomène des rendez-vous vendus en ligne, qui seraient le fait de pirates informatiques russes, a récemment été médiatisé après la diffusion par Din Moriel, connu pour ses vidéos de soutien scolaire en anglais sur TikTok, de l’existence d’un compte Telegram proposant des milliers de rendez-vous pré-réservés.
« Lorsque j’ai contacté l’administrateur pour demander deux rendez-vous, il m’a dit que cela me coûterait 500 dollars », a déclaré Moriel dans une vidéo publiée en ligne la semaine dernière.
Un homme interrogé par la Treizième chaîne jeudi a déclaré qu’il n’avait pas pu obtenir de rendez-vous avant 2030. Dans de nombreux cas, le système, aussi bien sur le site Web que via l’application MyVisit, indique que, quelle que soit la date, il n’y a pas la moindre disponibilité de rendez-vous dans aucun des dizaines de bureaux de la PIBA à travers le pays.
Selon Moriel, « le système actuel est très vulnérable au piratage ».
« Il ne faut pas être un technicien qualifié pour pénétrer dans le système et s’emparer de tous les rendez-vous », a-t-il ajouté.
La PIBA a annoncé dans un communiqué jeudi qu’elle avait récemment réussi à libérer 5 000 rendez-vous qui avaient été réservés par des réseaux de bots.
Le directeur de la PIBA, Eyal Siso, a conseillé jeudi, sur Kan news, de vérifier le système de rendez-vous le dimanche, jour où des créneaux dans les jours ou les mois à venir devraient avoir été libérés. Il a assuré que les réservations en ligne « ne sont pas si importantes que cela » et a exhorté la population à ne pas payer pour ce service.
« Nous avons 600 employés qui se chargent de cela. Dans les jours à venir, nous présenterons un plan méthodique qui comprendra une petite augmentation du nombre d’employés et certains changements technologiques », a déclaré Siso.
Selon Oren Ariav, responsable des technologies numériques et de l’information à la PIBA, le problème ne vient pas du système MyVisit, mais plutôt du grand nombre de personnes qui ont besoin d’un rendez-vous et de l’incapacité à répondre à cette demande.
S’exprimant vendredi à la radio de l’armée, Ariav a déclaré que les changements technologiques prévus comprennent le passage à une nouvelle interface en ligne développée par la PIBA.
Siso a toutefois admis, dans une interview accordée à Globes jeudi, qu’il ne pensait pas qu’une véritable solution serait trouvée avant la fin de l’année 2023, lorsque des avancées technologiques permettront de produire de nouveaux passeports beaucoup plus rapidement.