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Massachusetts: Le syndicat des enseignants du public accusé d’encourager un parti-pris anti-Israël

La rhétorique qui a été utilisée lors d'un webinaire, la semaine dernière, consacré à "la lutte contre le racisme anti-palestinien" a été le coup de grâce pour un grand nombre de familles, qui parlent d'un "endoctrinement" de leurs enfants après le 7 octobre 2023

Photo d'illustration : des manifestants anti-israéliens brandissent des panneaux aux abords du domicile de la sénatrice  Elizabeth Warren pendant une manifestation à Cambridge, dans le Massachusetts, le 19 novembre 2023. (Crédit : AP Photo/Steven Senne)
Photo d'illustration : des manifestants anti-israéliens brandissent des panneaux aux abords du domicile de la sénatrice Elizabeth Warren pendant une manifestation à Cambridge, dans le Massachusetts, le 19 novembre 2023. (Crédit : AP Photo/Steven Senne)

NEW YORK — Yael Magen déclare qu’alors qu’elle écoutait les intervenants qui prenaient successivement la parole pendant un webinaire de formation organisé par la Massachusetts Teachers Association (MTA), son incrédulité a petit à petit laissé la place à la colère.

« C’était pire que ce que j’avais pu penser ou imaginer. Le postulat, dans son ensemble, c’était qu’Israël devait être démantelé, que toutes les violences avaient lieu dans la région à cause des Juifs et que le sionisme était une machine de propagande israélienne financée par l’État à hauteur de millions et de millions de dollars », s’exclame Magen, dont le fils David vient d’intégrer, au début de l’année, la Marblehead High School.

Ce webinaire, qui s’est tenu le 21 mars, visait à amorcer la discussion parmi les enseignants au sujet de l’histoire palestinienne, selon le syndicat MTA. Parmi les contenus promotionnels de l’événement, certaines des questions qui allaient être soulevées par les participants et notamment : « Comment la Palestine entre-t-elle dans le cadre plus large du colonialisme et de l’impérialisme ? ». Ou encore : « Pourquoi l’antisionisme n’est-il pas de l’antisémitisme ? »

Forte de 117 000 membres représentant les professeurs des écoles, des établissements d’enseignement supérieur et autres universités publiques, la MTA a le pouvoir nécessaire pour influencer les programmes d’éducation. Ce pouvoir, en plus de la vague d’antisémitisme sous forme de tsunami qui s’est abattue sur le pays, inquiète Magen – comme c’est le cas également des autres parents juifs du Massachusetts.

« Ils sont en train d’endoctriner toute une génération d’élèves et d’étudiants en les abreuvant de haine d’Israël et de haine des Juifs israéliens. Ils sont en train de diaboliser les Juifs, ils disent que nous n’avons pas le droit d’exister », s’insurge Magen.

Ce webinaire prend sa place dans une série de déclarations et d’initiatives entreprises par le syndicat qui se sont focalisées sur l’attaque terroriste meurtrière qui avait été commise par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre – un assaut qui avait fait près de 1 200 morts, les hommes armés et leurs complices enlevant également 253 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza – et sur la guerre entre Israël et le Hamas qui a suivi. L’État juif s’est fixé comme objectif d’obtenir la libération des otages et d’écarter du pouvoir le groupe terroriste, qui gouverne la bande d’une main de fer.

Ainsi, le 4 novembre 2023, le comité-directeur de la MTA avait réclamé un cessez-le-feu immédiat au sein de l’enclave côtière. Un mois plus tard, le 3 décembre 2023, son Bureau avait approuvé un projet pris en charge par sa division de développement professionnel qui visait à mettre au point un ensemble de ressources d’enseignement à destination de ses professeurs, des ressources qui se concentraient sur l’histoire et sur les événements qui étaient en cours « en Israël et dans les territoires occupés ».

Le même mois, le Bureau avait approuvé une résolution exigeant des dirigeants du syndicat qu’ils exercent des pressions sur l’administration Biden « en vue de l’arrêt du financement et de l’arrêt de l’envoi d’armes en soutien à la guerre génocidaire menée par le gouvernement de Netanyahu contre le peuple palestinien de Gaza ».

Des maisons résidentielles, gravement endommagées lors de l’assaut du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre, bordent une rue dans le quartier des Oliviers du kibboutz Beeri, le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

La branche de Nouvelle-Angleterre de l’Anti-Defamation League (ADL) et l’Israeli-American Council (IAC) ont tous les deux condamné le webinaire.

Jacob Donnelly, responsable de l’activisme au sein de l’IAC en Nouvelle-Angleterre, évoque un webinaire antisémite, véritable relais de la propagande anti-israélienne.

« En allant de la délégitimation des Arabes israéliens en se référant à ces derniers sous le terme ‘Arabes palestiniens’ jusqu’à la diabolisation du sionisme, réduit à ‘une machine de propagande’, la MTA emprunte une rhétorique antisémite et anti-israélienne dangereuse », estime Donnelly. L’Israeli-American Council est profondément inquiet à l’idée que la MTA utilise son influence pour faire se propager la haine antijuive dans les écoles du Massachusetts.

Jacob Donnelly, responsable de l’activisme au sein de la branche de l’Israeli-American Council en Nouvelle-Angleterre, parle devant la Massachusetts Teachers Association, le 26 mars 2024. (Capture d’écran/ used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)

« Loin de stopper la vague croissante d’antisémitisme, la MTA apporte sa contribution au climat antijuif qui s’est actuellement installé à tous les niveaux du système d’enseignement du Massachusetts », ajoute-t-il. « Nous souhaitons travailler avec la MTA pour limiter cet antisémitisme et nous proposons d’accueillir une formation ‘Comprendre l’antisémitisme » de manière à ce que nous puissions, ensemble, arrêter la haine ».

Le président de la MTA, Max Page, a défendu la décision prise par son syndicat d’organiser le webinaire controversé.

« En tant que plus grand syndicat de toute la Nouvelle-Angleterre, nous défendons des valeurs fondamentales dont conviennent l’immense majorité de nos membres : notre engagement à soutenir l’éducation publique ; notre engagement à offrir des écoles et des établissements d’enseignement supérieurs d’une qualité exceptionnelle à chaque résident de notre état. Nous défendons aussi notre détermination d’œuvrer en faveur d’un Commonwealth plus juste, plus équitable aux niveaux racial et économique », a déclaré Page dans un communiqué émis en date du 21 mars.

Dans son communiqué, Page a reconnu que les membres de son syndicat pouvaient avoir « des points de vue radicalement différents », ajoutant que « nous ne fuyons pas ces désaccords ; nous cherchons à en discuter. Nous avons suffisamment confiance dans nos valeurs et nous nous consacrons suffisamment au débat pour être en mesure d’inviter nos membres dans un espace où ils peuvent former des commissions, où ils peuvent établir des ordres du jour et où ils peuvent prendre part à des conversations difficiles ».

« Quand j’ai quitté l’URSS au début des années 1990, jamais je n’aurais imaginé que mes propres enfants, aux États-Unis d’Amérique, subiraient l’impact de la propagande dans les écoles. »

« Les points de vue particuliers qui s’expriment dans ces ateliers de travail individuels ne représentent pas les points de vue officiels de la MTA. Les événements organisés par nos membres seront toujours ouverts à la discussion et au débat et nous recommandons vivement à nos membres d’apprendre et d’y participer », a-t-il poursuivi.

Mais pour Irene Margolin-Katz, la MTA ne promeut ni la discussion, ni le débat.

« J’ai entendu un grand nombre de ces slogans à la télévision quand je grandissais dans l’ancienne URSS. Quand j’ai quitté l’URSS au début des années 1990, jamais je n’aurais imaginé que mes propres enfants, aux États-Unis d’Amérique, subiraient l’impact de la propagande dans les écoles », déclare Margolin-Katz.

Irene Margolin-Katz de Newton, dans le Massachusetts, avec ses fils Noam, à gauche, et Isaac. (Autorisation)

Margolin-Katz habite à Newton, dans le Massachusetts, et elle est mère de trois enfants – l’un d’entre eux est scolarisé à la Newton South High School. Elle et son mari se sont installés dans cette banlieue de Boston en grande partie en raison de l’excellente réputation de ses écoles publiques.

Le couple a toutefois récemment retiré du système public son plus jeune fils, Isaac, ayant le sentiment que le programme se politisait lentement et que leurs inquiétudes à ce sujet étaient ignorées. Il est dorénavant inscrit dans un externat juif, l’école Solomon Schecter.

Mais il a été impossible de faire la même chose pour leur autre fils, Noam, qui est neurodivergent et qui a besoin d’avoir accès à des enseignants et à des ressources que seuls les professeurs de la Newton South High School peuvent lui offrir.

Et si elle éprouve de la reconnaissance pour ces ressources, Margolin-Katz explique qu’elle est constamment inquiète face à l’antisémitisme qui règne dans l’école – de la part des enseignants et aussi des élèves.

« Il peut ne pas comprendre si quelqu’un fait preuve d’antisémitisme ou de fanatisme. Mais je veux être sûre à cent pour cent que lorsque je l’envoie à l’école, il ne subira pas de discriminations – hélas, je ne peux pas en être certaine », regrette Margolin-Katz, qui ajoute que le webinaire n’a fait que renforcer son inquiétude.

Et ce n’est pas la première fois que des doutes sont exprimés sur l’enseignement encouragé par la MTA.

Au mois d’octobre dernier, pendant un cours d’histoire qui était consacré au Moyen-Orient, les élèves ont eu un devoir à faire à la maison qui leur demandait, entre autres, d’expliquer le monothéisme palestinien en lien avec le peuple juif et comment Moïse avait guidé les Juifs vers la Palestine, raconte le fils de Magen, David.

Yael Magen et son fils David Magen. (Autorisation)

« Ils avaient complètement effacé Israël. Le devoir à faire à la maison et les diapositives utilisées en classe effaçaient des milliers d’années d’Histoire et faisaient du judaïsme un élément presque folklorique », raconte David, âgé de 14 ans.

Après que David a évoqué le problème avec son professeur et avec le responsable du département, les matériels utilisés ont finalement été changés.

Pour David et sa mère, toutefois, cet incident s’inscrit dans un modèle plus large de contenus anti-juifs et anti-israéliens qui sont présentés dans les écoles – et le webinaire a été le coup de grâce.

Tous les deux se sont exprimés devant le Conseil de l’éducation élémentaire et secondaire du Massachusetts, le 26 mars, pour parler des actions entreprises par David pour lutter contre l’antisémitisme dans son établissement et du webinaire syndical qui avait eu lieu la semaine précédente.

« Jusqu’à ce que tout ça commence à arriver, je me demandais comment les étudiants, à l’université, pouvaient avoir ces points de vue sur Israël. Aujourd’hui, je comprends comment ils en viennent à ça. Il y a tellement de désinformation qui est promue », déplore Magen.

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