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En coulisses'Le Hamas ne reviendra sur ses revendications parce que Trump est au pouvoir'

Médiateurs arabes : Netanyahu pense à tort que Trump permettra un meilleur accord sur Gaza

Le blocage sur les otages explique le refus du Premier ministre de mettre fin à la guerre et retirer Tsahal de Gaza, disent des responsables arabes à ToI, à rebours des explications israéliennes et américaines qui font du Hamas l'obstacle

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le président américain Donald Trump (à gauche) et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se serrent la main au Musée d'Israël à Jérusalem, mardi 23 mai 2017. (AP Photo/Sebastian Scheiner, dossier)
Le président américain Donald Trump (à gauche) et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se serrent la main au Musée d'Israël à Jérusalem, mardi 23 mai 2017. (AP Photo/Sebastian Scheiner, dossier)

WASHINGTON – Selon trois responsables arabes de pays médiateurs qui se sont entretenus avec le Times of Israel la semaine dernière, les négociations entre Israël et le Hamas en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza sont dans l’impasse, essentiellement du fait du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui refuse de mettre fin à la guerre et de retirer les forces israéliennes en échange de la libération de tous les otages.

Ces responsables ont reconnu que le Hamas avait également refusé les récentes propositions de cessez-le-feu temporaire en échange d’un petit nombre d’otages, mais ils ont fait valoir que ces offres étaient vouées à l’échec parce que le groupe terroriste avait depuis longtemps clairement indiqué qu’il n’accepterait pas de cadres garantissant à Israël le droit de reprendre ensuite le combat à Gaza.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles l’Égypte et le Qatar avaient fait de telles propositions de cessez-le-feu temporaire s’ils savaient que le Hamas ne les accepterait pas, un diplomate arabe a déclaré que l’idée était venue de l’administration Biden, qui avait encouragé les médiateurs à explorer toutes les voies possibles en vue d’un accord.

Les médiateurs arabes semblaient comprendre les préventions du Hamas à l’encontre de tout projet d’accord permettant la reprise de la guerre et le maintien de Tsahal à Gaza, tout en rejetant les propres préventions de Netanyahu envers des accords ne comprenant pas ces deux conditions.

« Les États-Unis voient les choses de la même manière. Le président [Joe] Biden a déclaré qu’il était temps que la guerre se termine et le Secrétaire d’État [Antony] Blinken a déclaré que les États-Unis n’accepteraient pas que les soldats israéliens restent à Gaza », a déclaré un deuxième diplomate arabe.

Pour expliquer les réticences de Netanyahu à céder sur ces deux revendications, un responsable israélien proche du milieu des négociations sur la question des otages estime que le retrait des soldats israéliens de Gaza « nuirait à l’image de victoire » que le Premier ministre tente d’imposer.

De gauche à droite : Zaher Jabarin, haut responsable du Hamas, Mohammed Ismail Darwish, président du conseil consultatif du groupe, connu sous le nom d’Abou Omar Hassan, et Khaled Mashaal, haut responsable du mouvement palestinien, reçoivent des condoléances lors des funérailles du leader politique du mouvement palestinien, Ismail Haniyeh, dans la capitale qatarie Doha, le 2 août 2024. (Crédit : Mahmud Hams/AFP)

Interrogé sur les motifs potentiellement politiques des réticences de Netanyahu à mettre fin à la guerre, le responsable israélien s’est refusé à tout commentaire. C’est tout du moins l’avis des détracteurs du Premier ministre, qui évoquent les menaces de ses partenaires de la coalition d’extrême droite de faire tomber le gouvernement s’il acceptait un accord sur les otages et mettrait fin à la guerre.

Le premier diplomate arabe a émis l’hypothèse que la stratégie de Netanyahu, ces derniers mois, était de faire obstruction aux négociations afin d’obtenir de meilleures conditions de cessez-le-feu lorsque le président élu des États-Unis, Donald Trump, entrerait en fonction dans deux mois.

« Cette stratégie est erronée parce que le Hamas ne cédera pas à ses principales exigences juste parce que Trump est au pouvoir », a déclaré le diplomate arabe d’un pays médiateur.

Les familles d’otages ont également fait savoir que leurs proches ne pourraient probablement pas survivre à deux mois de plus en captivité et ont demandé à l’administration Biden et à l’équipe de transition de Trump de travailler main dans la main pour conclure un accord avant l’investiture, le 20 janvier prochain.

Samedi, l’armée israélienne a déclaré mener l’enquête sur les affirmations du Hamas selon lesquelles une otage féminine avait récemment été tuée à la suite de bombardements de Tsahal dans le nord de Gaza.

Le responsable israélien a convenu que Trump pourrait être plus disposé que Biden à accepter une présence militaire résiduelle à Gaza après la guerre – ce que d’anciens responsables de Trump ont déclaré au Times of Israel le mois dernier.

Cela ne signifie pas pour autant que le Hamas acceptera de libérer tous les otages dans ces conditions, étant donné que le groupe terroriste y voit son unique moyen de pression pour persuader Israël de se retirer totalement de Gaza, a déclaré le responsable israélien.

Des gens crient des slogans lors d’une manifestation contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu et appellent à la libération des otages détenus dans la bande de Gaza par le groupe militant Hamas, à Tel Aviv, en Israël, samedi 23 novembre 2024. Sur des pancartes, on peut lire, écrit en hébreu : « Le patron est satisfait, les otages meurent » et « Au lieu de la conscience, faites un marché ». (Crédit : AP Photo/Maya Alleruzzo)

Accepter de mettre fin à la guerre et de retirer complètement les forces israéliennes serait à n’en pas douter une solution peu satisfaisante pour le Hamas, mais les responsables arabes estiment que c’est inévitable.

« Il y aura toujours des Palestiniens susceptibles d’être recrutés par le Hamas, mais c’est d’autant plus probable que la guerre s’éternise. Ce qui est moins sûr, c’est la survie des otages », a fait valoir le premier diplomate arabe.

« Et pendant ce temps, nous voyons l’armée israélienne mettre en place des infrastructures pour rester à Gaza indéfiniment », a déclaré le deuxième diplomate arabe, soulignant l’expansion par Tsahal du corridor de Netzarim à une zone militaire fermée de cinq kilomètres de large, ainsi que l’installation de tours relais et de conduites d’eau en provenance d’Israël.

Plus important encore, a soutenu le diplomate arabe, Netanyahu se refuse à toute participation de l’Autorité palestinienne (AP) à Gaza, comparant l’AP au Hamas. Mais la communauté internationale considère Ramallah comme la seule et unique alternative viable au Hamas, essentielle pour dégager un horizon politique propice à une éventuelle solution à deux États – éventualité qu’Israël refuse.

Pendant une grande partie de cette première année de guerre, Netanyahu a refusé de faire ce que lui demandait Washington, c’est-à-dire imaginer la gestion de Gaza dans l’après-guerre, au motif que cela ne servirait à rien tant que le Hamas serait au pouvoir. Mais récemment, il a reconnu qu’une alternative était nécessaire pour gérer la distribution de l’aide humanitaire afin d’empêcher le Hamas de se reconstituer.

Après avoir refusé de laisser l’AP jouer ce rôle, il a commencé à envisager l’idée de faire appel à des sous-traitants privés et de le faire financer par des pays comme les Émirats arabes unis, a déclaré le responsable israélien.

Mais Abou Dhabi a clairement dit à plusieurs reprises qu’il ne soutiendrait pas la reconstruction et la gestion de Gaza à moins qu’une AP réformée ne soit impliquée dans le cadre d’une voie crédible vers une solution à deux États – conditions qu’Israël n’accepte pas.

Des Palestiniens fouillent les décombres d’un bâtiment après une frappe israélienne dans le sud de la ville de Gaza, le 22 novembre 2024 (Omar AL-QATTAA / AFP)

« Les États-Unis savent que Netanyahu est le principal obstacle à un accord, mais ils refusent de le dire publiquement », a fait valoir le diplomate arabe.

Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche a refusé de commenter cette affirmation, mais a renvoyé le Times of Israel aux propos publics faits par des responsables de l’administration qui font porter la responsabilité de l’absence d’accord au refus du Hamas.

Le porte-parole de Netanyahu a publié une réponse similaire qui met en exergue les affirmations de hauts responsables de Biden allant dans le même sens, s’agissant de la responsabilité du Hamas.

« Le Hamas était et reste le seul obstacle à l’accord », a affirmé le porte-parole.

Blinken a déclaré que c’est l’intransigeance du Hamas qui a conduit le Qatar à expulser les dirigeants du groupe terroriste à la fin du mois dernier.

Un troisième diplomate arabe a rejeté l’idée de Washington selon laquelle la décision de Doha était le fruit de sa déception envers le Hamas, affirmant qu’Israël n’était pas moins à blâmer pour la suspension temporaire de la médiation du Qatar.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, entouré de quelques uns de ses ministres, lors d’une session de la Knesset, le parlement israélien, à Jérusalem, le 18 novembre 2024. (Crédit : AP Photo/Ohad Zwigenberg)

Il a expliqué que Netanyahu avait ajouté de nouvelles conditions à la précédente proposition israélienne, ce qui avait mis à mal les négociations alors que le Hamas venait d’accepter les principales exigences de Jérusalem début juillet.

« Chaque fois que nous nous sommes rapprochés d’un accord, Netanyahu a ajouté de nouvelles conditions ou fait des déclarations qui ont fait dérailler les négociations », a déclaré le diplomate arabe.

Le membre de l’administration Biden a, lui, noté que le Hamas avait ajouté une dizaine d’exigences nouvelles à ce moment-clé des pourparlers, en juillet dernier, et que bon nombre de ces conditions étaient
« inacceptables ».

Le troisième diplomate arabe a également mis en doute la conviction des États-Unis selon laquelle l’éviction des dirigeants du Hamas du Qatar pourrait inciter le groupe terroriste à faire preuve de davantage de flexibilité au cours des pourparlers.

« Maintenant, ils sont en Turquie, et nous essayons de négocier avec eux. Qu’est-ce que cela a changé ? », a demandé le diplomate.

Le membre de l’administration Biden a, pour sa part, défendu la décision de demander au Qatar d’expulser les responsables du Hamas, tout en reconnaissant qu’elle aurait dû être prise bien plus tôt.

Le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, a déclaré la semaine dernière que les États-Unis ne souhaitaient pas que la Turquie ou l’un de ses alliés accueille des dirigeants du Hamas, mais Washington n’a pas officiellement demandé à Ankara d’extrader le haut responsable du Hamas, Khaled Meshaal, par ailleurs sous le coup d’une inculpation par la justice américaine.

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