Michel Houellebecq exprime son soutien à Israël à la radio israélienne
L’écrivain français se désole face à la montée de l’antisémitisme en France et en Europe et a déclaré qu’un pogrom antisémite était possible dans le pays
Dans une interview téléphonique avec la radio publique israélienne Kan Tarbout diffusée mardi, l’écrivain français Michel Houellebecq a évoqué le conflit entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas et a exprimé son soutien à Israël.
Expliquant « avoir confiance » dans l’armée israélienne, il a déclaré que « Tsahal a toujours gagné et gagnera cette fois encore ». Il a néanmoins regretté que nous soyons « plus loin de la paix que jamais ».
« Les gens qui pensent qu’ils peuvent éliminer Israël doivent savoir qu’ils ont tort et qu’ils n’y arriveront pas. Il faut qu’ils se persuadent qu’ils ne pourront pas éliminer Israël. Il semblait que différents pays arabes avaient compris ça. Il faut que tout le monde le comprenne. Israël est là et restera », a-t-il expliqué.
Fustigeant la gauche française, il a déclaré que, selon lui, les « gauchistes » d’autrefois n’auraient pas soutenu le Hamas, mais le font aujourd’hui pour une raison simple : « L’explication que fournit la droite populiste, traditionnelle, qui en général a raison, c’est de dire que Mélenchon essaie de provoquer des votes de musulmans de banlieue en sa faveur, et qu’il tape sur Israël pour avoir (ces) votes. »
« Ça remonte aux années 1970. Les gauchistes étaient des gens un peu cons mais plutôt sympathiques globalement, et là ils sont devenus méchants. De même les écologistes sont devenus bizarres. Ils font des actions bizarres, un peu masochistes. Greta Thunberg, c’est une folle », a-t-il dit.
S’il soutient Israël, dans sa guerre et en général, il ajoute ne pas être « entièrement d’accord avec certaines décisions de Benjamin Netanyahu. Je pense que ce n’est pas une bonne idée de continuer la colonisation en Cisjordanie, parce qu’il ne peut pas y avoir de paix sans une frontière stable. C’est une impossibilité logique. Mais ce n’est pas le moment de critiquer Benjamin Netanyahu, il fait ce qu’il a à faire. »
Interrogé sur l’antisémitisme, une « espèce de truc monstrueux qu’[il] n’arrive pas à cerner », Michel Houellebecq a dit « ne plus comprendre certaines zones de mon pays, et le pire c’est que c’est en grande partie les jeunes. On voit bien que les universités sont entièrement aux mains de gauchistes largement antisémites. C’est désolant, c’est récent, je n’avais pas anticipé ça, je suis perplexe et vraiment navré ».
« C’est dangereux en France, mais ça dépend où on est en France. Des Juifs partent en Israël, alors que parfois il suffirait de changer de lieu de résidence en France. Par exemple, il n’y a pas d’antisémitisme dans les campagnes. L’antisémitisme est quand même assez localisé en France. »
Même constat sur le phénomène de l’antisémitisme ailleurs en Europe : « L’Angleterre, c’est effrayant. Il y a des dizaines de milliers de manifestants pro-palestiniens […] L’Allemagne est encore plus effrayante, parce que je pensais que la culture allemande était plus forte que tout. Que jamais des actes pouvaient [à nouveau] avoir lieu en Allemagne. »
« Je pensais que là [après les attaques du 7 octobre], il y allait avoir un mouvement de sympathie générale pour les Juifs, et c’est exactement le contraire qui s’est produit. Il y a une augmentation de l’antisémitisme, des insultes, des menaces physiques », a-t-il ajouté.
Selon l’écrivain, s’il « n’y aura pas de deuxième Shoah », « pas de la même manière, pas au sens industriel du terme », de nouveaux « pogroms » pourraient se produire en France, « sur le modèle de qu’il s’est passé en Russie ».
Il a également accusé les médias français de transmettre une propagande pro-Hamas.
L’écrivain est notamment connu pour son livre Soumission, paru en 2015 et décrivant l’arrivée au pouvoir en France d’un président musulman modéré. « Mais ça risque d’être beaucoup plus violent que ça et beaucoup plus chaotique », dit-il aujourd’hui.
Pour ces propos passés sur l’islam, Michel Houellebecq a régulièrement été accusé d’islamophobie.
« C’est pas faux », a-t-il déclaré à propos de ces critiques. « J’ai dit des choses islamophobes. J’ai dit que je n’avais aucune estime pour la religion musulmane, pour ses livres saints, que je trouvais ça pas terrible. Par ailleurs je trouve que l’islam est plutôt un danger. Oui, j’ai dit du mal de l’islam. On me dit islamophobe, ce n’est pas faux. »
Il a conclu en recommandant de se plonger dans la lecture et la littérature face aux problèmes du monde.