Michigan : le parti Républicain compare le contrôle des armes à feu à la Shoah
Malgré les condamnations des groupes juifs, le parti persiste et signe. "Notre deuxième amendement a été mis en place pour nous protéger des tyrans en herbe. Le MIGOP s'en tient à sa déclaration", a écrit Kristina Karamo
(JTA) – Le compte Twitter officiel du parti républicain du Michigan a publié mercredi une image comparant le contrôle des armes à feu à la Shoah. Après avoir été condamné par des groupes juifs, le parti a réitéré son message.
C’est le dernier exemple en date de l’utilisation d’images de la Shoah pour faire passer un message politique partisan.
L’image en question montre une auge remplie d’alliances saisies par les nazis sur les Juifs à leur arrivée dans le camp de concentration de Buchenwald. La photo a été prise par l’armée américaine en mai 1945, lors de la libération du camp, selon les archives du musée américain de l’Holocauste.
Dans le message des républicains du Michigan, le texte superposé à l’image des alliances dit : « Avant qu’ils ne collectent toutes ces alliances… ils ont collecté toutes les armes ».
Le parti a ajouté une légende à l’image : « L’histoire nous a montré que la première chose que fait un gouvernement lorsqu’il veut contrôler totalement son peuple est de le désarmer ». L’image était accompagnée des hashtags #2A, en référence au deuxième amendement, et #GOP, acronyme de Grand Old Party, surnom du parti républicain.
Une recherche sur Google révèle que cette image circule comme un mème depuis au moins un an. Les républicains du Michigan l’ont partagée en réponse à l’adoption par le Sénat démocrate du Michigan de nouvelles mesures de sécurité pour les armes à feu la semaine dernière, à la suite de la fusillade de février à l’université d’État du Michigan.
Bien que les nazis aient appliqué des lois restrictives sur les armes à feu et qu’ils aient spécifiquement interdit aux Juifs de posséder des armes, les historiens s’accordent largement à dire que ce ne sont pas ces lois qui ont conduit à la Shoah. Comparer des événements contemporains à la Shoah est devenu une tactique politique courante ces dernières années.
Plusieurs personnalités républicaines ont affirmé que les masques et les vaccins obligatoires pendant la pandémie de grippe A (COVID-19) étaient analogues aux actions des nazis. En 2019, les démocrates progressistes ont créé un tollé en qualifiant les centres de détention d’immigrants de « camps de concentration », et une vidéo de 2020 du Conseil démocrate juif d’Amérique a établi des parallèles entre la montée du nazisme et la présidence Trump.
Le message de mercredi a été condamné par des groupes juifs locaux et nationaux ainsi que par des élus, dont le Conseil démocrate juif d’Amérique susmentionné. Des influenceurs pro-israéliens, le groupe de surveillance StopAntisemitism, des démocrates juifs de la législature de l’État et des activistes juifs républicains ont critiqué le tweet.
« Ce tweet de @MIGOP est absolument inapproprié et offensant et devrait être retiré immédiatement », a tweeté Matt Brooks, le président de la Coalition juive républicaine. Adar Rubin, un ancien collaborateur juif du Parti républicain du Michigan, a écrit : « Je suis tellement dégoûté et furieux que cette horrible banalisation de l’Holocauste soit normalisée par le parti de mon État ».
Jeremy Moss, président pro tempore du Sénat du Michigan et démocrate juif, a tweeté : « Les victimes de l’Holocauste n’ont-elles pas suffisamment souffert pour ne pas être honteusement exploitées dans la mort par ce post ignoble ? L’antisémitisme prospère lorsque ces grotesques déformations de l’Histoire le diminuent ».
Le parti républicain du Michigan n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire de la Jewish Telegraphic Agency, mais il a défendu sa publication face à des réactions de plus en plus vives. La nouvelle présidente du parti, Kristina Karamo, a publié sa propre déclaration sur Twitter trois heures après la publication initiale, semblant défendre la comparaison avec la Shoah.
« Notre deuxième amendement a été mis en place pour nous protéger des tyrans en herbe. Le MIGOP s’en tient à sa déclaration », a écrit Karamo, une ancienne candidate d’extrême droite au poste de secrétaire d’État qui conteste le résultat de l’élection de 2020. Dans sa déclaration, elle a également fait référence à l’histoire du racisme aux États-Unis, aux « abus du gouvernement sur les citoyens » et a ajouté : « Nous ne resterons pas silencieux alors que le Parti démocrate, le parti qui s’est battu pour asservir les Noirs américains et qui se bat actuellement pour assassiner les enfants à naître, tente de nous désarmer. »
Le parti de son État a, à son tour, approuvé ses remarques, qualifiant la critique du message initial de « fausse frénésie autoritaire face à la comparaison légitime avec l’histoire troublante des gouvernements qui ont désarmé leurs citoyens ».
Karamo a été élue en février pour remplacer le président sortant, Ron Weiser, qui est Juif, à la suite d’élections décevantes pour le parti républicain de l’État, qui a perdu le contrôle des deux chambres de l’État et de tous les principaux postes électifs au niveau de l’État. L’un des autres candidats à la présidence était l’ancienne candidate au Congrès Lena Epstein, qui a été élevée dans la religion juive mais qui a annoncé pendant sa campagne avoir été « baptisée » en tant que « juive messianique croyant au Christ ». Epstein s’est retirée de la course avant la convention républicaine de l’État.
Les tentatives visant à contacter Weiser, qui continue de siéger au conseil d’administration de l’université du Michigan, ont été infructueuses.