Des évangéliques en visite à Kfar Aza décrivent les ruines comme un « coup de poing »
Plusieurs personnalités chrétiennes américaines, dont Mike Huckabee, appellent à la fin du Hamas et affirment que leurs communautés doivent être mieux informées sur la guerre

Debout devant une allée de maisons brûlées et brisées dans le kibboutz Kfar Aza, près de la frontière de Gaza, Mike Huckabee a déclaré mercredi que « si nous ne nous tenons pas aux côtés d’Israël, nous soutenons le chaos », au premier jour de ce que l’ancien gouverneur de l’Arkansas a déclaré comme étant probablement son voyage le plus important en plus de cinquante ans de visites dans l’État Juif.
Participant à une mission de solidarité évangélique avant Noël, Huckabee a décrit l’expérience de la marche dans le kibboutz – où des dizaines de résidents ont été assassinés lors de l’attaque brutale du groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre – comme un « coup de poing dans les tripes » qui a renforcé sa détermination à exprimer sa solidarité avec le peuple israélien.
1 200 personnes ont été tuées, pour la plupart des civils, par le Hamas le 7 octobre lorsqu’il a mené une attaque dévastatrice au cours de laquelle plus de 240 personnes ont été enlevées et emmenées de force à Gaza. Israël a réagi en lançant une opération militaire dans la bande de Gaza pour détruire le Hamas et libérer les otages.
« La communauté évangélique est, je pense, massivement unie pour reconnaître qu’Israël a le droit d’exister et le droit de se défendre contre ceux qui tentent de remettre en cause son existence », a indiqué Huckabee au Times of Israel, ajoutant qu’il avait ressenti le besoin de voir la dévastation de ses propres yeux.
« Cela m’a fait l’effet d’un coup de poing de voir cela de près. En tant que gouverneur, j’ai vu des dizaines de communautés frappées par des tornades, détruites et rasées. J’avais l’habitude de voir ce genre de destruction, mais cela était dû à un phénomène météorologique qui avait frappé et causé des dégâts. Ce que je vois ici s’est produit parce que des gens qui prétendaient être des êtres humains ont agi autrement que comme des êtres humains et ont fait le mal », a-t-il poursuivi.
« J’ai pensé que nous devions, en tant qu’Américains, dire avec conviction à nos amis juifs en Israël : nous nous tenons à vos côtés », a-t-il ajouté.

« Ce que vous avez vécu est d’une sauvagerie qu’aucun être humain ne devrait connaître. Et [nous devons] dire hardiment aux Américains qui défilent dans les rues, en se méprenant totalement sur ce dont il s’agit, qu’il n’y a pas d’équivalence morale. »
Huckabee est un partisan de longue date d’Israël et prend fréquemment des positions à droite du spectre politique israélien. Il a déclaré que la revendication israélienne sur la Cisjordanie est plus forte que les liens américains avec Manhattan et a participé en 2018 à la pose de la pierre angulaire d’un nouveau complexe résidentiel dans l’implantation d’Efrat.
Recadrer la question des otages
Huckabee a été invité à visiter, avec d’autres éminents politiciens évangéliques américains à la retraite, par Joel C. Rosenberg, un militant inter-confessionnel chrétien israélien basé à Jérusalem, et le député Danny Danon (Likud), un ancien ambassadeur israélien à l’ONU qui a emmené les anciens Premiers ministres britannique et australien Boris Johnson et Scott Morrison lors d’une tournée similaire.
« Nous avons amené beaucoup de groupes de diplomates, de dirigeants et de journalistes. C’est important. Nous le faisons presque chaque semaine », a expliqué Danon au Times of Israel.
« Lorsqu’ils rentrent dans leur pays, ils parlent de leurs expériences et cela a un impact énorme. J’ai appris de mon passage aux Nations unies qu’on ne sait jamais qui est l’ami de qui et qu’il faut construire un réseau de sympathisants. Et c’est ce que nous faisons ici. »
Daniel Shek, un ancien diplomate israélien qui travaille avec le Forum des familles des otages et disparus, a semblé partager l’avis de Danon à l’issue d’une réunion qui s’est tenue plus tôt dans la journée entre la délégation et des parents de plusieurs des 129 otages qui seraient toujours détenus à Gaza – et dont certains ne sont plus en vie.
Bien que Shek n’ait pas pu quantifier l’influence que les évangéliques pourraient avoir sur les efforts de libération des otages, il a souligné que « lorsque des personnes de bonne volonté viennent ici et disent qu’elles veulent nous aider, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour les aider à nous aider ».

« Je sais que ces personnes ont une grande influence sur de larges publics aux États-Unis, ce qui est merveilleux. »
Au cours de leur entretien, Dafna Sella, dont trois membres de la famille ont été tués et neuf kidnappés lors de l’assaut, a imploré les visiteurs d’aider à « recadrer » la question des otages pour en faire une « question humanitaire internationale ».
De même, Moshe Lavi, dont le beau-frère Omri Miran a été enlevé au kibboutz Nir Oz, les a appelés à « continuer à partager ces histoires et à plaider la cause des otages auprès des membres de leur communauté ».
« Il y a beaucoup de faux récits qui sont avancés et si on n’y résiste pas ou si on ne les contredit pas, ils s’imposeront », a déclaré Ken Blackwell, un ancien ambassadeur américain auprès de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU qui avait travaillé pour le maire de Jérusalem Teddy Kollek dans les années 1970, alors que le groupe se rendait en voiture à Kfar Aza.
« Nous intervenons dans différents forums. Nous sommes des intervenants dans les grandes émissions d’information, nous sommes des animateurs de débats radiophoniques. Nous pouvons avoir un impact et c’est ce que nous devons faire », a-t-il ajouté.
Faux récits
Mais on ne sait pas très bien quelle influence ils peuvent exercer, même sur les membres de leurs propres communautés religieuses.
Les Américains se sont montrés profondément divisés sur les opérations militaires israéliennes en cours à Gaza, de nombreux jeunes exprimant des niveaux de soutien nettement inférieurs à ceux de leurs aînés.
Cette tendance à la baisse du soutien à Israël chez les jeunes s’étend également à la communauté évangélique, longtemps considérée comme l’un des courants religieux les plus pro-Israël aux États-Unis. En 2021, une enquête menée auprès de 700 chrétiens évangéliques âgés de 18 à 29 ans a révélé que seuls 33,6 % d’entre eux déclaraient se ranger du côté d’Israël par rapport aux Palestiniens.
Blackwell l’a reconnu, blâmant ce qu’il a dit être « les principaux médias d’information qui avancent ces faux récits » pour les changements dans l’opinion des évangéliques.
Pour sa part, Huckabee a affirmé que les universités américaines avaient « endoctriné » les jeunes évangéliques.
« C’est à nous de combler ces lacunes dans l’éducation. Il n’est pas question d’opinions éclairées de personnes ayant une quelconque connaissance d’Israël ou du Moyen-Orient », a-t-il souligné.

À Kfar Aza, les évangéliques ont traversé les maisons en ruine au milieu des décombres et des restes de vies interrompues sans sommation. En contournant un cratère, ils ont enjambé des branches tombées et sont passés devant une maison où quelqu’un avait griffonné les mots « Viva Israel » dans la suie.
Les photos des morts et des otages étaient affichées sur des panneaux à l’extérieur de leurs maisons respectives, qui étaient criblées de balles et de grenades et carbonisées par les incendies allumés par les terroristes du Hamas.
Stupéfaits par tant de haine
« Je suis abasourdi », a déclaré Sam Brownback, ancien gouverneur du Kansas qui a également été ambassadeur itinérant des États-Unis pour la liberté religieuse internationale, alors qu’il se tenait au milieu des vestiges du village des jeunes du kibboutz.
« Je me suis rendu en Israël à de nombreuses reprises. Je suis stupéfait par la démonstration de haine, la profondeur de la haine, que nous voyons ici. »
« On se croirait sur le plateau du film ‘Il faut sauver le soldat Ryan' », a abondé Rosenberg, qui gère le site Internet All Israel News et anime une émission sur le Trinity Broadcasting Network, pour laquelle il enregistrait une séquence dans le kibboutz.
De retour à Jérusalem mercredi soir, Skip Heitzig, pasteur de l’église Calvary d’Albuquerque, au Nouveau-Mexique, a affirmé que la solution à la baisse du soutien à Israël consistait à redoubler d’efforts pour prêcher la Bible.
« La raison pour laquelle les jeunes chrétiens ont tourné le dos à Israël est en partie théologique. Ils ont une vision erronée des promesses de Dieu à Israël et ils ont la théologie du remplacement », a-t-il expliqué, faisant référence à la doctrine selon laquelle l’Église est le nouvel Israël.
« L’idée d’un Israël légitime ne leur semble pas pertinente. »
Une série de sermons qu’il a prononcés sur Israël et l’antisémitisme ont été téléchargée environ deux millions de fois au cours des derniers mois, a-t-il ajouté.
« Depuis la tribune, notre émission de radio et les réseaux sociaux, nous ferons passer le message », a-t-il assuré.
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