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Mohamed Merah, acte I de la vague d’attentats islamistes en France

La France, qui n'avait plus connu d'attentats depuis 1996, a découvert, hébétée, qu'un jeune de 23 ans ayant grandi dans un quartier populaire toulousain avait frappé sur son sol

Les portraits des sept victimes – Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Gabriel Sandler, Aryeh Sandler, Myriam Monsonégo et Jonathan Sandler – de Mohamed Merah pendant une cérémonie de commémoration organisée par le CRIF à Toulouse, le 19 mars 2014. (Crédit : Rémy Gabalda/AFP)
Les portraits des sept victimes – Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Gabriel Sandler, Aryeh Sandler, Myriam Monsonégo et Jonathan Sandler – de Mohamed Merah pendant une cérémonie de commémoration organisée par le CRIF à Toulouse, le 19 mars 2014. (Crédit : Rémy Gabalda/AFP)

Il y a dix ans, les assassinats commis au nom d’Allah par Mohamed Merah annonçaient la vague d’attentats qui a frappé la France dès 2014 et la menace d’actes violents de « revenants », ces Français partis faire le jihad en Irak et en Syrie.

Entre les 11 et 19 mars 2012, Mohamed Merah assassine, avec une arme de poing, trois militaires (Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouad), trois enfants (Aryeh et Gabriel Sandler et Myriam Monsonégo) et un enseignant juifs (Jonathan Sandler) à Toulouse et à Montauban. Le 22 mars, il sera tué par la police dans son appartement lors d’un assaut.

La France, qui n’avait plus connu d’attentats depuis 1996, découvre, hébétée, qu’un jeune de 23 ans ayant grandi dans un quartier populaire toulousain a frappé sur son sol.

« C’est le premier qui commet des attentats sanglants », note une source proche du dossier.

Commence alors « le début d’une séquence, de cette folie du jihadisme français », considère aujourd’hui auprès de l’AFP un acteur de l’antiterrorisme requérant l’anonymat.

« C’est à partir de Merah qu’on prend conscience d’un risque de massification du phénomène et que le terrorisme ne sera plus importé mais local », souligne-t-il. « Désormais ce sont des Français qui commettent ces actes et non plus des étrangers. »

Comment l’assaillant est-il passé sous les radars, alors qu’il avait été interrogé par les services du renseignement intérieur après des séjours à l’étranger ? Le directeur central du renseignement intérieur à l’époque, Bernard Squarcini, avance la thèse du « loup solitaire » ayant fomenté discrètement ses attaques, sans soutien logistique extérieur.

Cette thèse a depuis été battue en brèche à la fois par les enquêteurs et la série d’attaques terroristes commises ensuite en France.

Quatre semaines avant la tuerie de Toulouse, Mohamed Merah est allé skier. (Crédit : France 3/YouTube via JTA)

« Loups très solidaires »

« Les actes très graves (que Mohamed Merah) a commis à l’époque auraient dû ouvrir sur une prise de conscience. Or le discours alors des autorités » pointe « un ‘loup solitaire’, un égaré et un individu qui était fou », relève l’enseignant-chercheur Hugo Micheron, spécialiste du jihadisme.

Au contraire, souligne-t-il, le jeune Toulousain « était le révélateur d’une frange jihadiste qui était en train de s’affirmer en France et qui, à cette époque-là, décide de passer à l’action ».

Merah « est le premier passage de témoin », qui « annonce tout ce qui va se passer avec les filières », estime l’acteur de l’antiterrorisme.

L’assassinat de trois enfants dans une école juive suscite l’effroi mais les enquêteurs découvrent dans des supports numériques saisis lors des investigations menées les années suivantes sur des individus radicalisés que Merah « était un modèle » pour nombre d’entre eux.

« Ce passage à l’acte, dont on aurait pu penser qu’il jette un discrédit auprès des jeunes Français, a en réalité constitué un vrai tournant. Merah est passé pour un héros qui a ouvert le bal », résume-t-il.

Outre son aîné, Abdelkader Merah, condamné à trente ans de réclusion pour complicité en 2019, Mohamed Merah a notamment forgé ses convictions auprès de Sabri Essid et des frères Fabien et Jean-Michel Clain – trois jihadistes toulousains présumés morts en zone irako-syrienne. Tous ont fréquenté Olivier Corel, « l’émir blanc » installé dans l’Ariège, à Artigat.

Le jeune Toulousain « n’est pas du tout un loup solitaire (…), au contraire, il a été entouré par des loups très solidaires », ajoute Hugo Micheron.

Son passage à l’acte « est probablement l’aboutissement d’un processus qui s’est construit » aussi lors de son incarcération en France et ses séjours en Afghanistan, au Pakistan et en Syrie.

« Merah est allé sur zone s’entraîner », précise la source proche.

Cérémonies à la mémoire des victimes de Toulouse. (Crédit : AFP)

« Low cost »

Les attaques de Mohamed Merah marquent « un basculement » dans le mode opératoire, observe Hugo Micheron : il ne s’agit plus d’actions planifiées et coûteuses décidées par Al-Qaïda, organisation très hiérarchisée, mais d’attentats « plus low cost » commis par des Français et des Européens.

« Merah, c’est un style de jihadiste qui va s’affirmer un peu partout en Europe au même moment. Ce sont des individus généralement seuls, pas forcément très bien équipés », « qui vont eux-mêmes désigner leurs propres cibles » afin de « choquer, sidérer et provoquer un effet maximal », développe l’enseignant-chercheur.

C’est donc « un jihadisme compliqué à aborder », reconnaît-il.

Au moment des attentats de Merah, les premiers Français partent vers la zone irako-syrienne ; un phénomène qui s’intensifiera jusqu’en 2015.

La menace que représentent les « revenants » se concrétise dès 2014 avec l’attaque du musée juif à Bruxelles par un autre Français, Mehdi Nemmouche, qui a reconnu s’être inspiré du Toulousain.

À partir de l’attaque au couteau dans un commissariat de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) en décembre 2014, la France est confrontée à une vague d’attentats islamistes qui a fait jusqu’à aujourd’hui près de 300 morts.

Certains ont été commis par des individus isolés vivant en France, inspirés par la propagande jihadiste et armés d’un simple couteau.

Depuis l’affaire Merah, le renseignement a renforcé ses outils de surveillance. L’effectif des magistrats antiterroristes est passé de 6 en 2012 à 12 en 2020.

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