Moldavie: des médecins clowns israéliens viennent distraire les réfugiés ukrainiens
"Je ne pensais pas qu’après tout ce que nous avons fait à votre peuple pendant la guerre, vous nous aideriez maintenant", a dit un réfugié au sujet de la Shoah

MOLDAVIE — Une poignée de gens bizarres qui portent des costumes étranges et de gros nez rouges, qui font des bulles, utilisent des marteaux rigolos et qui ne cessent de gesticuler ont tout laissé tomber pour apporter leur aide aux réfugiés fuyant l’Ukraine vers la Moldavie.
Il travaillent par groupes de quatre, mais leur effet semble décuplé. Ils éclairent le visages des femmes, des enfants et des hommes âgés épuisés, qui pour beaucoup sont sur la route depuis des jours.
Ce sont des médecins clowns professionnels du projet Dream Doctors qui, en temps normal, font partie intégrante des équipes médicales dans plus de 30 hôpitaux à travers Israël.
Deux groupes se sont rendus en Moldavie jusqu’à présent : le premier en réponse à un appel du grand rabbin moldave Pinchas Saltzman, le second à l’invitation d’une délégation de médecins, d’infirmières, de travailleurs sociaux et d’un psychologue qui connaissent le travail des clowns bénévoles pour une organisation appelée For Their Sake: Physicians for Holocaust Survivors.
Cette semaine, quatre autres clowns doivent quitter Israël, deux pour la Moldavie et les deux autres pour la Pologne.
D’autres encore travaillent avec des réfugiés ukrainiens déjà en Israël.

En Moldavie, les quatre clowns, travaillant toujours en binôme. Ils ont collaboré non seulement avec des organisations juives mais aussi avec le gouvernement moldave, visitant des camps de réfugiés et travaillant au poste frontière de Palanke par lequel les Ukrainiens entrent en Moldavie.
Zaza, de son vrai nom Reut Shifman Tsoref, a rappelé que dans un camp, à Sarata Galbena, à 40 kilomètres de la capitale moldave Chisinau, « un homme non juif avec un bébé s’est approché [d’elle et lui] a dit : ‘Je ne pensais pas qu’après tout ce que nous avons fait à votre peuple pendant la guerre, vous nous aideriez maintenant.’
« Le clown aide à relâcher beaucoup de pression », a expliqué Shifman Tsoref, de Givat Yearim près de Jérusalem, qui travaille habituellement comme clown médical à l’hôpital Shaare Zedek, dans la capitale. « Il s’agit d’apporter la chose la plus non rationnelle à la situation la plus non rationnelle pour la rendre rationnelle. »
Clowns at the Ukrainian Border
The world needs more clowns. Watch as The Dream Doctors Project brings smiles and joy to those crossing the Ukrainian border. You can learn more about the Dream Doctors at https://dreamdoctors.org.il #Ukraine #Moldova #Refugees
Posted by Andrew Kimmel on Saturday, March 12, 2022
La visite de la semaine dernière a été douce-amère pour de nombreux clowns et membres du personnel médical.
Deux des clowns, l’un originaire de Kharkiv, l’autre de Kiev, suivaient sans cesse les événements en Ukraine.
Michael Gleenberg, médecin-chef au service des urgences de l’hôpital Assuta Ashdod, dans le sud d’Israël, a grandi à Kichinev et a immigré en Israël il y a 31 ans. Il n’y est jamais retourné, jusqu’à aujourd’hui.

Il a réussi à contenir son émotion tout au long du voyage, mais s’est effondré sur le vol de retour vers Israël en se souvenant des lieux de passage de son enfance alors qu’il se déplaçait en bus entre les sites de réfugiés.
L’un des chauffeurs de taxi s’est avéré être quelqu’un qu’il avait connu étant enfant.

Gleenberg a déclaré que les médecins avaient eu relativement peu à faire. Ils avaient donné une perfusion à un patient atteint de cancer et aidé à amener un bébé né d’une mère porteuse à Kiev au-delà de la frontière moldave à Otaci à ses parents israéliens.
Ils avaient également examiné un garçon autiste de Mykolaïv dont les parents n’avaient pas pu quitter la maison pour obtenir des médicaments pour traiter une infection de la jambe qui avait échappé à tout contrôle.
Il y avait à faire pour les psychologues, a-t-il ajouté. La plupart du temps, il s’agissait de réconforter les gens.

« Ce sont les clowns qui ont eu un impact sur le travail de toute la délégation », a-t-il déclaré. « Il aurait fallu avoir 24 clowns et quatre médecins, et non l’inverse. »
Selon Shifman Tsoref, « les médecins eux-mêmes sont devenus des clowns. Il y avait une petite fille qui ne voulait pas laisser partir l’un de nos médecins. Son père était resté en Ukraine et elle ne l’avait pas revu depuis dix jours. »
Elle a ajouté que la fierté des adultes les empêchait souvent d’accepter un câlin, mais « ils permettront à un clown de leur en faire un ».
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