Naftali Bennett s’entretient avec Viktor Orban
Yair Lapid, autrefois un vif détracteur du Hongrois, se serait personnellement impliqué dans l'organisation de cet échange
Le Premier ministre Naftali Bennett s’est entretenu pour la première fois avec son homologue hongrois, Viktor Orban, lundi soir, remerciant le dirigeant nationaliste pour « le soutien indéfectible de la Hongrie à Israël au sein des institutions internationales », alors que les principaux ministres de son cabinet l’ont publiquement critiqué par le passé.
Selon le bureau du Premier ministre, Bennett et Orban ont convenu lors d’un appel téléphonique de « poursuivre la coopération bilatérale dans une série de domaines et de maintenir des contacts réguliers. »
Selon le quotidien Haaretz, l’appel a eu lieu à la demande des Hongrois et a été coordonné par le Conseil de sécurité nationale et le ministère des Affaires étrangères.
Le journal indique que le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid s’est personnellement impliqué dans la tenue de cette conversation, après s’être entretenu à plusieurs reprises avec son homologue hongrois au cours des derniers mois. M. Lapid prévoit une visite officielle en Hongrie, un voyage qui a été programmé à deux reprises mais annulé en raison des restrictions liées au coronavirus, toujours selon Haaretz.
Toutefois, M. Lapid avait, par le passé, tenu des propos enflammés à l’égard d’Orban, accusant même le dirigeant hongrois de mener une campagne électorale antisémite. Lorsqu’il était chef de l’opposition, le chef centriste avait critiqué le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu, pour avoir reçu Orban en 2018.
« En accueillant Orban, Netanyahu porte atteinte à la dignité et à la fierté nationales d’Israël », avait asséné Lapid à l’époque. « Netanyahu n’a pas condamné Orban pour avoir fait l’éloge de Miklos Horthy, le dirigeant hongrois pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a formé une alliance avec [Adolf] Hitler et les nazis et a joué un rôle actif dans la Shoah des Juifs hongrois. »
L’actuelle ministre de la Protection de l’environnement, Tamar Zandberg, avait elle déclaré – alors qu’elle siégeait dans l’opposition – que « ceux qui font l’éloge des dirigeants qui ont collaboré avec les nazis, ceux qui persécutent les groupes de défense des droits de l’homme et l’opposition dans leur pays, ne sont pas souhaités ici. »
Les organisations de défense des droits de l’Homme ont déclaré que la Hongrie ne peut plus être considérée comme une démocratie après que son Parlement eut approuvé en mars 2020 un projet de loi donnant au gouvernement d’Orban des pouvoirs extraordinaires pendant la pandémie de coronavirus, et ce, sans fixer de date de fin.
Orban s’en prend également depuis longtemps à George Soros, survivant de la Shoah et philanthrope de gauche, le qualifiant d’ « ennemi public » pour avoir prétendument soutenu une immigration massive incontrôlée. Les groupes juifs du pays ont condamné la campagne anti-Soros d’Orban comme étant antisémite, mais malgré les condamnations généralisées, elle s’est poursuivie et, en 2018, l’Université d’Europe centrale fondée par Soros a été contrainte de déménager de Budapest.
En 2019, Lapid avait déclaré que s’il était élu Premier ministre, il exigerait que le Premier ministre hongrois s’excuse pour la « campagne antisémite » contre Soros menée par son gouvernement.
Lapid devrait normalement devenir Premier ministre en août 2023 dans le cadre de son accord de partage du pouvoir avec Bennett.
Ces dernières années, Budapest a été le plus fervent soutien de Jérusalem au sein de l’Union européenne (UE), bloquant plusieurs efforts visant à publier des déclarations critiques à l’égard des politiques israéliennes. Par exemple, en 2020, la Hongrie a été l’un des seuls pays à ne pas se prononcer publiquement contre le projet israélien, depuis abandonné, d’annexer unilatéralement des pans entiers de la Cisjordanie.
En août, M. Orban avait déploré, dans une interview accordée à Fox News, que la perte de l’élection de l’ancien Premier ministre Netanyahu ait été un « défi » pour lui, saluant Netanyahu en tant que « bon ami » de la Hongrie. « Lorsqu’il était au pouvoir, il a toujours investi beaucoup d’énergie pour avoir de bonnes relations avec les pays d’Europe centrale », avait-il déclaré.
« C’est une circonstance totalement nouvelle autour de la Hongrie », a-t-il ajouté. « Pour moi, en tant que politicien, c’est un grand défi ».
En juin, Bennett a prêté serment en tant que Premier ministre après qu’une coalition hétéroclite de huit partis a formé un nouveau gouvernement mettant fin au règne de Netanyahu, qui a duré 12 ans.
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