Ned Price : seuls les experts US ont pu examiner la balle qui a tué Abu Akleh
Le Département d’État a contredit l’affirmation de Tsahal selon laquelle les responsables israéliens ont examiné le projectile
Les États-Unis ont déclaré mardi que seuls leurs experts avaient examiné la balle qui a tué la journaliste Shireen Abu Akleh, alors qu’Israël a affirmé que ses équipes avaient également participé à l’analyse médico-légale.
L’Autorité palestinienne avait remis la balle à contrecœur aux États-Unis, soulignant qu’elle ne souhaitait pas la donner à Israël, de crainte d’une manipulation. Lundi dernier, l’armée israélienne déclarait dans un communiqué que des experts israéliens avaient effectué une analyse médico-légale de la balle dans un de leurs laboratoires.
Cela fait suite aux propos provocateurs du porte-parole de Tsahal, Ron Kochav, deux jours avant, évoquant la remise de la balle à l’ambassade américaine à Jérusalem, assurant que les responsables américains seraient de simples observateurs durant l’analyse à laquelle procéderaient les autorités israéliennes.
L’armée israélienne a précisé dans sa déclaration de lundi que la balle était constamment restée en possession des autorités américaines depuis le moment où l’AP la leur avait remise samedi jusqu’à ce qu’elle lui soit restituée, lundi. Toutefois, les propos de Kochav ont donné lieu à polémique dans les cercles palestiniens, au motif que l’analyse aurait été menée conjointement par les Américains et les Israéliens.
Mardi, le porte-parole du Département d’État, Ned Price, rappelait que l’examen avait été effectué par deux membres de l’équipe du coordinateur américain de sécurité (USSC), qui assure la liaison avec l’Autorité palestinienne et Israël sur l’assistance en matière de sécurité.
Il n’a précisé ni le nom ni la nationalité des experts, se limitant à relever que des non-Américains faisaient partie du personnel, mais qu’ils avaient « 42 ans d’expérience combinés ».
« Les experts locaux, qu’ils soient israéliens ou palestiniens, n’ont pas pris part à l’examen de la balle par l’USSC », a assuré Price.
« L’USSC a eu la garde exclusive de la balle du moment où elle lui a été remise par l’AP jusqu’au moment où elle lui a été restituée par l’USSC », a-t-il ajouté.
Le Département d’État a déclaré lundi que la journaliste d’Al Jazeera avait probablement été abattue depuis une position israélienne, alors qu’elle couvrait les affrontements occasionnés par un raid de l’armée israélienne en Cisjordanie le 11 mai. Il a ajouté que rien ne permettait de conclure sur le caractère intentionnel ou non du tir, et que la balle était trop endommagée pour que l’analyse soit pleinement concluante.
« La conclusion réfléchie de l’USSC est que le tir n’était pas intentionnel, mais un aléa tragique dans le cadre d’une opération antiterroriste au cours de laquelle un civil – dans ce cas une journaliste palestino-américaine– a été tuée », a expliqué Price mardi.
Il a ajouté que les États-Unis souhaitaient que justice soit faite, mais qu’ils n’avaient pas recommandé à Israël de donner des suites pénales à cette affaire. Tsahal a indiqué poursuivre l’enquête ouverte sur les circonstances de la mort [de la journaliste].
« En tant qu’armée professionnelle, Tsahal… est prête à prendre des mesures pour s’assurer qu’un incident de cet ordre ne se reproduise pas », a déclaré Price.
De hauts responsables palestiniens ont accusé les États-Unis de dissimuler la vérité et la famille d’Abu Akleh – qui était citoyenne américaine – s’est déclarée « extrêmement surprise » que l’examen ne puisse pas déterminer qui avait tiré la balle.
Deux responsables proches de l’affaire ont déclaré lundi au Times of Israel qu’Israël s’était agacé de la décision du Département d’État de suggérer qu’Israël était responsable des tirs. Ils auraient indiqué à leurs homologues américains que les conclusions auraient dû être exclues de la déclaration officielle américaine, compte tenu du fait que la balle était trop endommagée pour garantir une analyse concluante.