Netanyahu à Washington : Les manifestations visent à faire pression pour l’accord « trêve contre otages »
Les militants anti-Israël de Juif Voice for Peace ont été évacués du Capitole ; les familles des otages se rassemblent au Mall ; d'autres manifestations sont annoncées

WASHINGTON – Des manifestants anti-Israël ont organisé un sit-in dans un bâtiment des bureaux du Congrès mardi à la veille du discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu devant le Congrès ; la police du Capitole a procédé à de multiples arrestations.
Non loin de là, au National Mall, des familles d’otages détenus à Gaza depuis leur enlèvement en Israël le 7 octobre se sont mobilisées en faveur d’un accord visant à libérer leurs proches ; d’autres manifestations visant à faire pression sur Netanyahu et le président américain Joe Biden étaient prévues dans les jours à venir.
Netanyahu est arrivé à Washington lundi pour une visite de plusieurs jours qui comprend des réunions avec Biden et un discours mercredi devant une session conjointe du Congrès. Des dizaines de manifestants se sont rassemblés devant son hôtel lundi soir et, mardi après-midi, des centaines de manifestants ont investi la rotonde du Cannon Building, qui abrite les bureaux des membres de la Chambre des représentants.
Organisés par le groupe anti-Israël Jewish Voice for Peace (JVP), les manifestants portant des tee-shirts rouges identiques sur lesquels on pouvait lire « Not In Our Name » (« Pas en notre nom ») se sont massés dans le Cannon Building en scandant « Let Gaza Live ! » (« Laissez vivre Gaza ! »).
Après une demi-heure d’applaudissements et de slogans, les agents de la police du Capitole ont donné plusieurs sommations, avant de commencer à procéder à des arrestations, en serrant les mains des manifestants avec des attaches et les emmenant les uns après les autres.
« Les manifestations ne sont pas autorisées à l’intérieur des bâtiments du Congrès », a rappelé la police dans un communiqué. « Nous avons dit à ces personnes, qui étaient entrées légalement, de s’arrêter ou de se faire arrêter. Ils ne se sont pas arrêtés, nous les avons donc arrêtés. »
Arrests are beginning as over 400 American Jews refuse to leave Congress, but we won’t leave until our government STOPS ARMING ISRAEL and ENDS THE GENOCIDE of Palestinians in Gaza! pic.twitter.com/ybVpz7Rgh6
— Jewish Voice for Peace (@jvplive) July 23, 2024
Le nombre de manifestants arrêtés n’a pas encore été précisé. JVP a affirmé dans un tweet que quelque 400 personnes avaient été arrêtées, dont plusieurs rabbins.
« Je suis la fille de survivants de la Shoah et je sais à quoi ressemble une Shoah », a déclaré Jane Hirschmann, originaire de Saugerties, dans l’État de New York, qui s’est rendue en voiture à la manifestation avec ses deux filles – qui ont toutes deux été arrêtées. « Lorsque nous disons ‘plus jamais ça’, nous voulons dire ‘plus jamais ça’ pour tout le monde. »
Les manifestants ont concentré une grande partie de leur colère sur l’administration Biden, exigeant que le président cesse immédiatement toute livraison d’armes à Israël.
« Nous ne nous focalisons pas sur Netanyahu. Il n’est qu’un symptôme », a déclaré Hirschmann. « Mais comment [Biden] peut-il appeler à un cessez-le-feu alors qu’il leur envoie des bombes et des avions ? »

Mitchell Rivard, chef de cabinet du représentant Dan Kildee, un démocrate du Michigan, a déclaré dans un communiqué que son bureau avait demandé l’intervention de la police du Capitole après que les manifestants « soient devenus perturbateurs, frappant violemment les portes du bureau, criant fort et tentant de forcer l’entrée du bureau ».
Kildee a ensuite déclaré à l’Associated Press qu’il ne comprenait pas pourquoi son bureau avait été pris pour cible et qu’il avait voté contre une aide militaire supplémentaire substantielle à Israël au début de l’année.
La visite de Netanyahu aux États-Unis a déclenché une vague de protestations, certaines manifestations condamnant Israël, d’autres exprimant leur soutien mais faisant pression sur le Premier ministre israélien pour qu’il conclue un accord de cessez-le-feu et qu’il ramène les otages toujours détenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Israël est entré dans Gaza après que quelques 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont perpétré un pogrom dans le sud d’Israël, tuant près de 1 200 personnes et en enlevant 251 autres, pour la plupart des civils. On pense que 116 otages enlevés le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 44 personnes dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne. Quatre autres Israéliens sont détenus à Gaza depuis une dizaine d’années, dont les dépouilles de deux soldats tués en 2014.

Netanyahu a juré de poursuivre l’opération militaire jusqu’à ce que le Hamas soit vaincu et que tous les otages soient libérés, mais il fait face à de plus en plus de pressions pour accepter un accord qui libérerait les otages, même si cela signifie mettre fin à la guerre sans désarmer complètement le groupe terroriste palestinien.
Au National Mall, des familles d’otages et d’autres personnes se sont rassemblées en faveur d’un accord, écoutant des témoignages, scandant
« Ramenez-les à la maison maintenant » et brandissant de grandes pancartes appelant Netanyahu à « sceller l’accord maintenant » et à « nous donner de l’espoir », au-dessus de photos de personnes réunies lors de la trêve d’une semaine conclue fin novembre, lors de laquelle 105 ont été relâchés en échange de 240 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël.
Les manifestants ont applaudi à la mention du nom de Biden, mais plusieurs d’entre eux ont critiqué Netanyahu, surnommé « Bibi », estimant qu’il traînait les pieds ou qu’il jouait les durs en ce qui concerne la proposition d’un accord de trêve qui permettrait de libérer les otages.
« Je supplie Bibi. Il y a un accord sur la table et vous devez le prendre », a déclaré Aviva Siegel, 63 ans, qui a passé 51 jours en captivité et dont le mari, Keith, est toujours otage. « Je veux que Bibi me regarde dans les yeux et me dise une chose : ‘Keith va rentrer à la maison’. »

Renforçant la pression sur l’administration Biden pour qu’elle pousse à un accord, plusieurs syndicats représentant des millions de travailleurs ont envoyé mardi une lettre à la Maison Blanche pour exiger la fin de la guerre et de l’aide militaire à Israël, a rapporté le New York Times.
Des manifestations convergentes sont prévues mercredi, lorsque Netanyahu s’adressera au Congrès.
En prévision, la police a considérablement renforcé la sécurité autour du Capitole et fermé des routes pendant toute la semaine.
Biden et Netanyahu devraient se rencontrer jeudi, selon un responsable américain qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat avant l’annonce de la Maison Blanche. La vice-présidente Kamala Harris rencontrera également Netanyahu séparément ce jour-là.

Harris, en tant que vice-présidente et donc présidente du Sénat, devrait normalement s’asseoir derrière les dirigeants étrangers s’adressant au Congrès, mais elle sera absente mercredi, en raison d’un voyage à Indianapolis prévu avant que Biden ne retire sa candidature à la réélection et qu’elle ne devienne la probable candidate démocrate à la présidence au cours du week-end.
Le candidat républicain à la présidence, Donald Trump, a annoncé sur son réseau social Truth Social qu’il rencontrerait Netanyahu vendredi.