Netanyahu met son veto à la création d’un hôpital pour les enfants de Gaza
Gallant a expliqué qu'il a ordonné la création d'un établissement parce que le cabinet du Premier ministre avait abandonné le projet d'envoyer des patients à l'étranger pour y recevoir des soins
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Une dispute publique a éclaté entre Yoav Gallant et Benjamin Netanyahu jeudi au sujet du traitement médical des enfants de Gaza, les responsables du ministère de la Défense accusant le Premier ministre de faire de la politique alors que des vies sont en jeu.
Le bureau de Gallant avait annoncé la création de l’hôpital de campagne la veille, en expliquant que cela était dû à la fermeture prolongée du poste-frontière de Rafah, qui relie Gaza à l’Égypte. Ce point de passage est fermé depuis que Tsahal en a repris le contrôle au début du mois de mai. L’Égypte a refusé de rouvrir le poste-frontière tant qu’il reste sous contrôle israélien.
Mais l’annonce de Gallant n’a apparemment pas été coordonnée avec le Premier ministre. Jeudi, le bureau de Netanyahu a annoncé qu’il avait envoyé une missive à Gallant pour lui dire qu’il n’approuverait pas la création de l’hôpital de campagne « et que, pour cette raison, il ne serait pas créé ».
Un fonctionnaire du ministère de la Défense a déclaré au Times of Israel que « le Premier ministre empêche l’ouverture d’un hôpital pour enfants blessés pour des raisons politiques ».
Il semble qu’il faisait référence au fait que Netanyahu cherche à éviter les critiques de ses alliés d’extrême droite, dont dépend sa coalition.
Le bureau du Premier ministre a refusé de répondre à l’accusation du responsable de la Défense.
Après la déclaration de Netanyahu, le bureau de Gallant a répondu que le projet d’établissement d’un hôpital de campagne avait été mis en avant parce que des projets antérieurs visant à envoyer à l’étranger des enfants ayant besoin d’un traitement urgent avaient été bloqués par le bureau du Premier ministre.
Il a noté que Netanyahu avait précédemment accepté la recommandation initiale du ministre selon laquelle les cas complexes devaient être envoyés à l’étranger en passant par Israël, mais qu’il n’avait pas réussi à faire avancer cette initiative.
Gallant a affirmé qu’il avait fait appel au bureau du Premier ministre et au Conseil de sécurité nationale (NSC) il y a deux semaines pour demander qu’une directive soit envoyée aux ministères concernés afin qu’ils coopèrent à ce plan.
« Malgré la directive claire du Premier ministre de mettre en œuvre la proposition du ministre de la défense, a déclaré le bureau de Gallant, une discussion sur le sujet a été annulée et l’instruction du NSC n’a pas été envoyée. »
Le bureau de Gallant a déclaré qu’en raison du besoin urgent d’agir, le ministre de la Défense avait annoncé la création d’un hôpital de campagne.
« Ce n’est qu’après la directive du ministre de la Défense d’établir un hôpital de campagne que le NSC s’est souvenu de répondre à sa demande et d’adopter sa proposition de transférer des patients complexes de Gaza vers un pays tiers via Israël », a déclaré le bureau de Gallant.
Gallant avait fait part à son homologue américain, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, du projet d’hôpital de campagne le long de la frontière de Gaza, lors d’un appel téléphonique en début de semaine.
Le Tikva Forum, qui représente certaines familles d’otages, a dénoncé le projet de Gallant de créer un hôpital « pour les enfants de l’ennemi ».
« Il s’agit d’une décision scandaleuse qui nous fait bouillir et qui signe l’abandon nos enfants », a déclaré le forum dans un communiqué.
L’armée a coordonné la mise en place de plusieurs hôpitaux de campagne gérés par d’autres pays à l’intérieur de Gaza pendant la guerre, ainsi que d’hôpitaux flottants dans la mer Méditerranée, au large de la côte égyptienne du Sinaï, afin de soigner les habitants de Gaza dans le besoin.
Depuis le début de la guerre, Israël n’a pas fait entrer les blessés de Gaza dans ses hôpitaux, bien que les enfants malades admis avant le 7 octobre ont pu rester dans le pays.
Netanyahu et Gallant ont mis en évidence leurs divergences à plusieurs reprises depuis la formation de la coalition, et des ministres du gouvernement ont exhorté maintes fois le Premier ministre à le renvoyer.
Récemment, Gallant a fait pression sur le Premier ministre pour qu’il conclue un accord sur la libération des otages détenus par le Hamas, ce qui aurait donné lieu à de vives discussions entre les deux hommes.
En mai, le ministre de la Défense a publiquement exhorté Netanyahu à exclure la possibilité d’une gouvernance militaire ou civile israélienne à Gaza, suggérant plutôt que les « entités palestiniennes » et d’autres « acteurs internationaux » gouvernent la bande de Gaza. Netanyahu a rejeté toute discussion sur le « jour d’après » à Gaza, estimant qu’elle n’avait lieu d’être tant que le Hamas n’était pas vaincu.
Fin mars 2023, Netanyahu a licencié Gallant pour avoir averti que les divisions au sein de la société israélienne causées par les projets de réforme judiciaire de la coalition constituaient une « menace claire, immédiate et tangible pour la sécurité de l’État ». Son licenciement a suscité l’indignation de l’opinion publique et il a été réembauché deux semaines plus tard.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.