Netanyahu: La guerre en Iran a ouvert de larges possibilités ; « priorité au retour des otages »
Le cabinet s'est réuni alors que les États-Unis exercent de fortes pressions sur Israël pour parvenir à un accord sur la guerre à Gaza, avec un projet d'élargissement des accords d'Abraham

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dimanche que l’opération lancée par Israël en Iran avait ouvert de « larges possibilités régionales ». Il a également souligné que le rapatriement des otages qui se trouvent encore retenus en captivité à Gaza était une priorité absolue.
« Tout d’abord, [nous devons] obtenir la remise en liberté des otages », a-t-il affirmé lors d’une visite dans un centre du Shin Bet situé dans le sud d’Israël. « Bien sûr, nous devrons également résoudre la question de Gaza et vaincre le Hamas, mais je pense que nous parviendrons à accomplir ces deux tâches ».
Des propos qui ont été largement interprétés par les médias locaux comme la démonstration, de la part du chef de gouvernement, de la priorité accordée à la finalisation d’un accord qui garantirait le retour des 50 otages qui sont encore à Gaza – alors même qu’Israël est soumis aux pressions croissantes des États-Unis concernant la conclusion d’un accord susceptible de mettre un terme au conflit au sein de l’enclave et au moment où Washington envisagerait la conclusion d’accords régionaux de grande envergure qui viendraient normaliser les relations entre Israël et ses voisins, évoquant en particulier l’Arabie saoudite et la Syrie.
Le Premier ministre a pris la tête, dimanche dans la soirée, d’une réunion ministérielle de haut niveau qui a eu lieu au siège du Commandement du sud de Tsahal, à Beer Sheva, afin de débattre de la guerre à Gaza et des efforts livrés pour garantir la libération des otages. Étaient notamment présents le ministre de la Défense, Israel Katz, d’autres ministres, des collaborateurs de Netanyahu et de hauts responsables de Tsahal.
Les médias israéliens ont signalé que la réunion s’était terminée sans prise de décision. De nouvelles discussions sont prévues pour la journée de lundi.
Les pays arabes qui assurent la médiation entre l’État juif et le Hamas au pouvoir à Gaza avaient espéré qu’Israël accepterait, pendant la réunion, d’envoyer une délégation au Caire, a précisé un diplomate arabe lors d’un entretien avec le Times of Israel.
Lundi, le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer doit rencontrer des responsables américains à Washington afin de se mettre d’accord avec les États-Unis en amont d’une nouvelle série de pourparlers indirects qui aura lieu au Caire, ont confié au Times of Israel ce diplomate et un responsable américain proche du dossier.
Selon ces sources, Dermer devrait subir de fortes pressions de la part de l’administration Trump en faveur de la fin de la guerre en cours dans la bande.

Parmi les points de divergence qui restent encore entre les deux parties, la demande soumise par le Hamas qui appelle à mettre un terme définitif au conflit. Israël, de son côté, cherche à obtenir un cessez-le-feu temporaire qui lui laisserait la possibilité de reprendre les combats.
Le Hamas exige également, avec le soutien des pays médiateurs arabes, le retour aux anciens mécanismes de distribution des aides humanitaires ou la mise en place d’un nouveau système qui viendrait se substituer à celui qui est actuellement géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF).
Israël estime que la GHF est déterminante s’agissant de prévenir le détournement de l’assistance par le Hamas, mais le système soutenu par les États-Unis et Israël oblige les Gazaouis à parcourir de longues distances pour récupérer des denrées alimentaires indispensables à la survie tout en traversant les lignes de l’armée israélienne et tout en s’exposant à des tirs meurtriers.
Les médiateurs avaient exercé des pressions sur Israël, sommant l’État juif d’envoyer une délégation à Doha, au début du mois. Objectif : discuter d’une proposition de compromis élaborée par le Qatar et l’Égypte, qui visait à fusionner la dernière offre faite par l’envoyé spécial américain Steve Witkoff et la réponse qui y avait été apportée par le Hamas, a fait remarquer le diplomate. Les intermédiaires espéraient que la délégation israélienne arriverait à Doha en date du 13 juin. Mais Israël avait lancé sa toute première attaque à l’encontre de l’Iran, ce jour-là, en début de matinée, mettant en suspens les pourparlers jusqu’à la fin du conflit.
Netanyahu envisagerait également de se rendre aux États-Unis dans les deux prochaines semaines dans le but de promouvoir une initiative diplomatique qui vise à mettre un terme aux combats à Gaza et à conclure un accord de normalisation avec des pays à majorité musulmane.
Selon des sources proches de Tsahal qui se sont exprimées samedi auprès de la chaîne d’information N12, l’armée cherche à mettre fin à son opération terrestre dans la bande de Gaza, estimant qu’il n’y a plus de gains significatifs à réaliser sans mettre en danger la vie des otages restants.
Les États-Unis exhorteraient Netanyahu à accepter un cessez-le-feu à Gaza. Trump a renforcé cette attente, prédisant qu’un accord de cessez-le-feu qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des otages pourrait être conclu dans la semaine.

Dans la matinée de dimanche, le président a exigé qu’Israël et le Hamas concluent un accord dans un post qu’il a publié sur Truth Social, son réseau social, écrivant : « CONCLUEZ L’ACCORD À GAZA. RAMENEZ LES OTAGES !!! »
Ce message, présenté sans contexte, a été diffusé quelques heures après que Trump a appelé pour la deuxième fois les procureurs israéliens à clore le procès pour corruption de Netanyahu, déclarant : « Il est actuellement en train de négocier un accord avec le Hamas, qui prévoit la libération des otages ».
Élargir les accords d’Abraham
En plus des nouvelles pressions qui sont exercées en faveur de la finalisation d’un accord de cessez-le-feu qui garantirait le rapatriement des otages sur le sol israélien, Trump chercherait également à élargir les accords d’Abraham en y associant la Syrie, l’Arabie saoudite et d’autres pays.
Dans une interview qui a été accordée dimanche à Fox News, Trump a semblé partager l’optimisme de Netanyahu concernant l’élargissement des possibilités dans la région. Il a insisté sur le fait qu’un plus grand nombre de pays feront la paix avec Israël dans le sillage de la campagne militaire qui a été menée par les États-Unis et par Israël à l’encontre de l’Iran.
« Nous avons actuellement des pays vraiment formidables dans la région », a-t-il indiqué, « et je pense que nous allons commencer à les rallier dans la mesure où l’Iran était le principal problème. En fait, je pensais que l’Iran allait… pendant un certain temps, j’ai pensé que l’Iran allait rejoindre les accords d’Abraham avec tous les autres ».
L’ambassadeur américain en Turquie, Tom Barrack, a estimé que l’opération de 12 jours avait ouvert une « nouvelle voie » pour le Moyen-Orient, une voie dans laquelle la Turquie aura un rôle déterminant à tenir.
« Ce qui vient de se passer entre Israël et l’Iran est l’occasion, pour nous tous, de dire : Pause. Créons une nouvelle voie, [et] la Turquie sera essentielle dans cette nouvelle voie’, » a commenté Barrack, qui est également l’envoyé spécial des États-Unis en Syrie, auprès de l’agence de presse officielle Anadolu.

Alors que des pourparlers indirects entre la Syrie et Israël auraient été engagés, Abraham Cooper, un rabbin américain qui s’est entretenu ce mois-ci avec le dirigeant islamiste syrien Ahmed al-Sharaa, a déclaré devant les caméras de la chaîne publique Kan qu’avec l’aide de Trump, une rencontre entre Netanyahu et le nouveau président syrien était possible.
« Si Trump indique qu’il va rester impliqué et qu’il dit à Sharaa : ‘Je vais vous aider à reconstruire votre pays’, alors tout est possible. Sans cela, les choses n’avanceront que lentement, une étape après l’autre », a poursuivi Cooper.
Un responsable syrien a expliqué à Kan que « les Américains sont un facteur déterminant » dans les discussions qui sont actuellement en cours entre les négociateurs israéliens et syriens.

Il a ensuite développé les points abordés lors des négociations, soulignant que la principale préoccupation discutée jusqu’à présent était le retrait des troupes de l’armée israélienne de la zone tampon créée au lendemain de la chute du régime du président Bachar al-Assad par Israël, dans le sud du pays.
La Syrie n’a pas soulevé la question du plateau du Golan, qui avait été conquis par Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967, lors des négociations avec Israël, a-t-il précisé. Lors des précédentes discussions avec le régime d’Assad, la Syrie avait posé la restitution du Golan comme condition préalable à la paix.
Le responsable a ajouté que « les contacts entre Israël et la Syrie pourraient être très significatifs » et que le gouvernement actuel à Damas était opposé à l’Iran et à ses proxies, les groupes terroristes du Hezbollah et du Hamas.