Netanyahu : le projet de loi sur l’Etat juif n’empêche pas l’égalité
Pour sa part, Yair Lapid explique soutenir le projet de législation mais pas dans sa version actuelle en raison de ses clauses controversées, notamment sur le statut de la langue arabe
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a apporté son soutien à la dernière version du projet de loi portant sur l’Etat juif qui, pour la toute première fois dans l’histoire législative en Israël, reconnaîtrait le pays comme « foyer national du peuple juif ».
Prenant la parole lors de la session hebdomadaire de réunion de son groupe parlementaire, Netanyahu a indiqué que ce projet, qui a été adopté hier par la commission des lois dimanche, « défie tous ceux qui tentent de nier notre droit à Israël ».
Ecartant les critiques qui affirment que cette proposition serait discriminatoire à l’égard des Arabes et autres populations minoritaires en Israël, Netanyahu a affirmé qu’il « n’y a absolument aucune contraction entre le projet de loi sur l’Etat juif et l’égalité des droits dans le pays ».
Selon la formulation de la proposition, alors que tout individu a le droit « de préserver sa culture, son héritage, sa langue et son identité », le droit à réaliser l’autodétermination « est unique au peuple juif ». Dans une autre clause controversée, l’arabe serait relégué du statut de langue officielle à langue « à statut particulier », ce qui garantirait toutefois aux arabophones le « droit à des services d’état accessibles ».
Netanyahu a déclaré que le projet de législation serait présenté devant la Knesset dans les 60 jours et qu’il s’attendait « à ce que tous les partis sionistes le soutiennent ».

Pour sa part, le président de Yesh Atid, Yair Lapid, a déclaré soutenir l’idée d’un projet de loi d’état-nation pour définir Israël en tant qu’Etat juif mais qu’il ne pouvait appuyer la version actuelle de cette législation, qui est avancée par le parlementaire du Likud Avi Dichter.
« Nous soutenons cette loi sur l’état juif mais ce qui a été adopté hier, ce n’était pas elle », a commenté Lapid lors de la réunion hebdomadaire de Yesh Atid.
Lapid a expliqué qu’il voterait en faveur de la version soumise par Benny Begin, député du Likud, qui n’est qu’une déclaration de la longueur d’un paragraphe attestant de la nature juive de l’Etat. Il ne soutiendra pas toutefois celle de Dichter, qui comprend un certain nombre de clauses controversées.
« Si la coalition est sérieuse et qu’elle veut vraiment faire adopter un projet de loi sur l’état-nation qui puisse rassembler un large soutien, alors nous la soutiendrons », a dit Lapid.
« Mais avec cela, on tente de créer des abîmes au sein d’Israël et ce n’est pas nécessaire. Ce projet crée de nombreux, très nombreux problèmes », a-t-il ajouté.
Interrogé sur les changements spécifiques qui seraient à apporter au projet pour recevoir l’appui du parti, la parlementaire de Yesh Atid Yael German a dit au Times of Israël qu’il faudrait qu’il établisse, par écrit, « l’égalité des droits pour tous les citoyens ».