Netanyahu : « Nous devons empêcher les fausses conversions »
Netanyahu n'a pas commenté la décision de reconnaître les conversions non-Orthodoxes en Israël, mais craint que cela puisse servir aux migrants africains en quête de citoyenneté
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a appelé mardi à empêcher les « fausses conversions » au judaïsme, semblant suggérer par ailleurs que les demandeurs d’asile et les travailleurs migrants d’Afrique « envahiraient » Israël en se soumettant à des conversions non orthodoxes pour obtenir la citoyenneté.
S’adressant au Salon international de Tel Aviv dédié aux électeurs anglophones dans le cadre des prochaines élections à la Knesset, M. Netanyahu a été interrogé sur la décision de la Cour suprême de justice, rendue la semaine dernière, selon laquelle les personnes qui se convertissent au judaïsme en Israël par le biais des mouvements réformés et massorti doivent être reconnues comme juives aux fins de la Loi du retour, et ont donc droit à la citoyenneté israélienne.
La décision ne s’applique qu’aux conversions en Israël. Une précédente décision de justice avait contraint l’État à reconnaître les conversions non orthodoxes à l’étranger à des fins d’immigration, mais pas celles effectuées dans le pays.
Netanyahu n’a pas commenté directement la récente décision, mais a affirmé qu’il était « très libéral » en ce qui concerne les conversions.
« Je pense que nous devons être très prudents … en ce qui concerne la manipulation de la Loi du retour », a-t-il dit, en se référant à la législation permettant à toute personne qui est juive ou dont les parents ou grands-parents sont juifs d’immigrer en Israël.
Tout en soulignant qu’Israël était la patrie de tous les Juifs, Netanyahu a déclaré : « Nous devons empêcher les fausses conversions qui pourraient avoir lieu dans le pays. »
Il a ensuite mentionné la barrière de sécurité le long de la frontière entre Israël et l’Égypte, qui, selon lui, empêche les migrants africains et les demandeurs d’asile d’entrer dans le pays.
« J’ai empêché l’invasion d’Israël », a-t-il déclaré. « Nous aurions déjà ici un million de migrants clandestins venus d’Afrique et l’État juif se serait effondré ».
On a ensuite demandé à Netanyahu s’il était spécifiquement préoccupé par le fait que des migrants d’Afrique se convertissent au judaïsme pour obtenir la citoyenneté israélienne.
« Pas seulement en provenance de là-bas, mais du monde entier. Je pense que nous pouvons résoudre le problème de la conversion pour tous les courants et toutes les obédiences du judaïsme, mais nous devons également protéger les frontières d’Israël afin de ne pas être envahis, et je pense que nous pouvons trouver un équilibre entre les deux », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a également déclaré : « Nous allons probablement adopter » un plan de conversion de compromis proposé par l’ancien ministre Moshe Nissim. Ce plan, rejeté par les partis Haredi, aurait entraîné une révision du système de conversion en Israël, et l’aurait soustrait au contrôle du rabbinat ultra-orthodoxe en établissant à la place une nouvelle autorité orthodoxe gérée par l’Etat.
La récente décision a été rejetée par les partis ultra-orthodoxe Shas et Yahadout HaTorah, les alliés politiques de longue date de Netanyahu, qui ont déclaré qu’ils ne rejoindraient une coalition, après les prochaines élections, que si celle-ci annulait la décision par voie législative.
Le Shas et Yahadout HaTorah ont précédemment rejeté un plan de compromis qui aurait accepté les conversions de certains rabbins orthodoxes relativement libéraux, ce qui a ensuite poussé la Cour suprême à intervenir après 15 ans d’efforts bloqués.
Depuis l’arrêt de la Cour suprême, Shas et Yahadout HaTorah ont tous deux diffusé des publicités attaquant les Juifs réformés.
Les dirigeants ultra-orthodoxes ne considèrent pas le mouvement réformé comme une forme authentique de judaïsme et ne reconnaissent pas les rabbins réformés.
Le 23 mars, Israël organise sa quatrième élection en deux ans. Netanyahu aura besoin du soutien des deux partis ultra-orthodoxes pour avoir une chance de former une coalition.