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Netanyahu promet d’amender une clause controversée sur l’audiovisuel public

Le Premier ministre a annoncé qu'il travaillerait pour retirer l'amendement controversé de la loi sur la radiodiffusion

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite), le 3 septembre 2015 (Crédit : Marc Israël Sellem / Pool)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite), le 3 septembre 2015 (Crédit : Marc Israël Sellem / Pool)

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis vendredi d’amender une clause controversée d’une nouvelle loi sur l’audiovisuel public interdisant aux journalistes d’exprimer une opinion personnelle.

Cette clause, qui a suscité une vague d’indignation, a été introduite à l’initiative du parti juif ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, membre de la coalition au pouvoir, par le biais d’un amendement de dernière minute à la loi sur l’audiovisuel public adoptée jeudi.

Le cabinet du Premier ministre a indiqué dans un communiqué que Benjamin Netanyahu avait décidé de modifier cette clause car « la déontologie ne doit pas être fixée par la loi en matière de journalisme ».

Netanyahu est également ministre de la Communication en plus de sa fonction de Premier ministre.

Selon la Deuxième chaîne, la Knesset pourrait voter la modification demandée par Netanyahu dès lundi.

« Les médias audiovisuels publics éviteront la partialité, les préjugés, l’expression d’opinions personnelles et s’abstiendront de donner des qualificatifs et des notes, de cacher des faits ou de les présenter subjectivement sans tenir compte de leur valeur informative », précise l’amendement, ajouté par le député Yisrael Eichler de Yahadout HaTorah .

L’article concerne l’autorité de diffusion actuelle, qui devrait être dissoute en mars 2016, et non la nouvelle autorité qui va la remplacer.

Le nouveau ministre des Sciences, Ofir Akunis (Likud), qui a officiellement depuis des mois piloté la réforme du secteur de l’audiovisuel public, a pourtant défendu la clause controversée en affirmant qu’elle permettrait une information équilibrée.

Mais il a reconnu sur Facebook qu’elle « n’avait probablement pas été formulée d’une manière suffisamment claire ».

סערת סעיף "סתימת הפיות" בתיקונים לחוק השידור הישראלי. על מה המהומה?***כל מה שעשינו הוא לתמוך בסעיף שקובע שבדיווח עיתונ…

Posted by ‎Ofir Akunis – אופיר אקוניס‎ on Friday, 4 September 2015

« Les informations doivent présenter des faits. Les émissions personnelles, dans lesquelles l’opinion des présentateurs est connue, continuent et continueront d’être diffusées », a-t-il ajouté.

Une quinzaine de journalistes spécialistes des questions diplomatiques ont adressé jeudi une lettre à Benjamin Netanyahu pour lui demander de supprimer cette clause.

Dans la lettre, les 15 journalistes soutiennent que la loi « compromet sérieusement la liberté journalistique de la télévision d’Etat ».

Les correspondants diplomatiques israéliens avec le le sénateur John McCain (centre) à Washington, en août 2015. (Crédit : Autorisation)
Les correspondants diplomatiques israéliens avec le le sénateur John McCain (centre) à Washington, en août 2015. (Crédit : Autorisation)

« Dans la mesure où l’IBA (l’autorité publique de radio et télévision) est un média dominant, cette clause nuit donc considérablement à la liberté journalistique et à la liberté d’expression en Israël », ont-ils dénoncé.

Tout en soulignant que la question n’est pas été liée à un camp politique particulier, la lettre fait remarquer que la liberté d’exprimer ses opinions est la « pierre angulaire de la démocratie ».

« Nous nous attendons à ce que, en tant que ministre de la Communication et en tant que Premier ministre, vous exprimiez publiquement votre opinion sur la question. Au regard de la couverture continue sur votre candidature au poste de Premier ministre au cours de ces années, nous doutons que vous soyiez intéressé par un organe public qui soit soumis, et que vous croyez, tout comme nous, que la liberté de la presse est l’un des fondements d’une société ouverte et démocratique », a ajouté la lettre.

Les signataires de la lettre incluent entre autres Raphael Ahren du Times of Israel, Barak Ravid de Haaretz, Amir Tibon de Walla, Udi Segal de la Deuxième chaîne, et Itamar Eichner de Yediot Aharonot. Shlomo Cesana, le correspondant diplomatique du quotidien résolument pro-Netanyahu Israel Hayom, a également signé la lettre.

Des copies de la lettre ont également été envoyées à Yuli Edelstein, le président de la Knesset, au président Reuven Rivlin et à Akunis.

Le Conseil de la presse d’Israël a exhorté le Parlement jeudi à annuler la clause, affirmant qu’elle violait la liberté d’expression.

Dans le même temps, le contrôleur de l’Etat a annoncé qu’il allait enquêter sur la gestion du gouvernement sur la question de l’abolition de l’IBA et de son remplacement par une nouvelle autorité de radiodiffusion d’Etat.

Rabbi Yisrael Eichler (Crédit : Miriam Alster/Flash90
Rabbi Yisrael Eichler (Crédit : Miriam Alster/Flash90

Lors d’une intervention sur la Deuxième chaîne jeudi après-midi, Eichler – lui-même un ancien journaliste – a précisé que les journalistes seraient autorisés à exprimer leurs opinions s’ils déclaraient ouvertement leurs penchants politiques.

Les employés de la télévision d’Etat sont des fonctionnaires dont les salaires sont payés par les fonds publics et donc, ils doivent agir en conséquence, a-t-il dit. Le député a ajouté que le gouvernement allait élaborer des lignes directrices éthiques pour le nouvel organisme de radiodiffusion.

Akunis a ajouté que la loi s’appliquerait uniquement aux bulletins d’informations.

Les détracteurs du démantèlement controversé de l’IBA ont accusé Netanyahu, qui détient le portefeuille de la communication, de chercher à transformer le conglomérat de médias en la voix de l’Etat. Cette décision a également été sous le feu des critiques en raison des licenciements attendus de la plupart des employés de l’autorité de radiodiffusion.

Tôt jeudi matin, la Knesset a ratifié l’amendement sur la loi sur la radiodiffusion, avec 25 voix contre 18.

Plus tôt cette semaine, le gouvernement a accepté d’affaiblir la loi, qui aurait laissé 430 employés de l’Israel Broadcasting Authority au chômage, suite à l’opposition intense de la part des syndicats et des législateurs de la coalition. Cependant, la clause d’Eichler semble avoir été inséré au dernier moment, en évitant ainsi l’examen et la critique des députés de l’opposition et des employés de l’IBA qui n’aurait été étudié qu’après l’amendement adopté.

Dans les négociations avec le syndicat Histadrout, les autorités ont décidé de mettre en veilleuse une clause du nouveau projet de loi sur la radiodiffusion publique qui appelle le radiodiffuseur d’État à commencer immédiatement à enlever 10 millions de shekels de son budget tous les mois. Cette décision a efficacement sauvé 430 emplois, tandis que le gouvernement et la Histadrout ont convenu de fixer une date pour une révision planifiée de longue date du service de radiodiffusion.

En outre, les autorités ont décidé de mettre fin à tous les licenciements prévus jusqu’à ce que l’IBA – dont le sort reste incertain – soit réorganisé ou dissolu. Les négociations avec la Histadrout vont maintenant procéder à déterminer combien d’employés vont être licenciés et combien vont continuer à travailler dans la nouvelle société de radiodiffusion.

L’année dernière, la Knesset a approuvé une loi pour abolir l’IBA et la remplacer par une nouvelle entité publique. Le nombre d’employés actuels, environ 1 500 employés, devrait être réduit à environ 700.

Le parrain du projet de loi, le ministre de la Communication, Gilad Erdan, a expliqué à l’époque que la nécessité d’un changement de l’autorité de diffusion était dû au fait que cette dernière était de plus en plus inutile. Erdan avait affirmé qu’une nouvelle entité publique permettrait d’économiser de l’argent et de faire disparaître la taxe de la redevance télévisée, très impopulaire.

L’IBA a été créée en 1948 et a tenu le monopole sur la télévision et la radio diffusion en Israël jusqu’en 1990.

Depuis 1965, chaque ménage israélien équipé d’un poste de télévision était obligé de payer une redevance annuelle, ce qui aidait l’Etat à financer l’IBA.

Aujourd’hui, la taxe est de 345 NIS shekels par an. L’IBA a strictement appliqué cette règle, ignorant les appels des propriétaires de téléviseurs qui n’utilisaient pas les services de l’IBA ou qui ne sont pas connectés à quelque service de télévision que ce soit. L’amendement, approuvé jeudi, a également aboli la redevance TV rétroactivement à partir au mois de janvier 2015.

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