Israël en guerre - Jour 368

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Netanyahu publie une liste d’exigences « non négociables » alors que les pourparlers doivent reprendre

Le Premier ministre est accusé de saboter intentionnellement l'accord en soulignant les lacunes dans les positions avant le départ de la délégation pour Le Caire et Doha

Des manifestants protestant pour la libération des otages dans la bande de Gaza, devant les quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 7 juillet 2024. Einav Zangauker, la mère de l'otage Matan Zangauker, se tenant dans la cage à gauche avec l'inscription " Netanyahu, c'est entre vos mains". (Crédit : Itaï Ron/Flash90)
Des manifestants protestant pour la libération des otages dans la bande de Gaza, devant les quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 7 juillet 2024. Einav Zangauker, la mère de l'otage Matan Zangauker, se tenant dans la cage à gauche avec l'inscription " Netanyahu, c'est entre vos mains". (Crédit : Itaï Ron/Flash90)

Avant le départ de l’équipe de négociation israélienne pour de nouveaux pourparlers pour la libération des otages au Caire et à Doha dans le courant de la semaine, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a présenté dimanche soir une liste de ce qu’il a déclaré être des exigences israéliennes non négociables, y compris une garantie qu’Israël pourrait reprendre le combat, ce qui devrait être respecté dans tout accord de « trêve contre libération d’otages » avec le groupe terroriste palestinien du Hamas.

La déclaration de Netanyahu, à un moment crucial avant la reprise des pourparlers, a suscité l’ire, tant en Israël que parmi les médiateurs, certains l’accusant de tenter de saboter des progrès durement acquis.

La reprise des négociations en Égypte et au Qatar fait suite à la déclaration du Hamas, samedi, selon laquelle il était prêt à discuter d’un accord relatif aux otages et de la fin de la guerre à Gaza sans qu’Israël ne s’engage d’emblée à un « cessez-le-feu complet et permanent ». Cette déclaration constituait un revirement par rapport à la position que le groupe terroriste palestinien a défendue lors de tous les précédents pourparlers menés depuis le mois de novembre.

Le changement de position du Hamas à l’égard de la proposition de trêve progressive contre la libération des otages détenus à Gaza, soutenue par les États-Unis, pourrait ouvrir la voie à la première trêve dans les combats depuis fin novembre, bien que toutes les parties aient prévenu qu’un accord n’était toujours pas garanti.

La liste des quatre exigences présentée dimanche par le bureau du Premier ministre indique tout d’abord que tout potentiel accord doit « permettre à Israël de revenir et de se battre jusqu’à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints ».

En outre, selon la déclaration, il faut s’assurer que l’accord ne permettra pas la contrebande d’armes de l’Égypte vers Gaza, et qu’il ne permettra pas non plus « le retour de milliers de terroristes armés dans le nord de la bande de Gaza ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu assistant à un débat au plénum de la Knesset, à Jérusalem, le 24 juin 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Enfin, ajoute le communiqué, « Israël maximisera le nombre d’otages vivants qui seront libérés des geôles du Hamas ».

« Le plan accepté par Israël et salué par le président Biden permettra à Israël de ramener les otages sans empiéter sur les autres objectifs de la guerre », a également ajouté le communiqué.

Reconnaissant le renoncement du Hamas à sa demande d’un engagement immédiat d’Israël à mettre fin à la guerre et à son retour à la table des négociations, le communiqué attribue ce changement à « la position ferme du Premier ministre contre les tentatives d’arrêter l’opération terrestre de Tsahal à Rafah ».

S’adressant à l’AFP dimanche, un haut responsable du Hamas, sous couvert d’anonymat, a confirmé que le groupe terroriste palestinien ne cherchait plus à obtenir d’emblée un engagement en faveur d’un cessez-le-feu complet, et a expliqué que « cette étape a été contournée, les médiateurs s’étant engagés à ce que la trêve soit maintenue tant que les [pourparlers sur les otages se poursuivraient] ».

Vendredi, Walla a rapporté que le chef de l’agence de renseignement du Mossad, David Barnea, principal négociateur israélien, qui s’est rendu brièvement à Doha ce jour-là pour s’entretenir avec les médiateurs qataris, avait rejeté la demande d’engagement écrit des médiateurs sur le sujet, bien qu’Axios ait par la suite rapporté que Washington travaillait à une solution à ce désaccord.

Israël a déclaré qu’il y avait encore des « lacunes » dans la réponse du Hamas à l’accord proposé – dont le bureau de Netanyahu a semblé publier les détails dans sa déclaration – mais toutes les parties devraient intensifier leurs efforts de négociation dans les jours à venir.

Sommet à quatre

Un fonctionnaire au fait de la médiation a déclaré dimanche que le directeur de l’Agence centrale de renseignement des États-Unis (CIA), William Burns, devrait se rendre au Qatar cette semaine, et une source égyptienne a indiqué qu’il s’arrêterait au Caire.

Au cours de sa visite à Doha, Burns devrait tenir une réunion à quatre avec Barnea, le chef des services de renseignements égyptiens, Abbas Kamel, et le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdulrahman al-Thani.

Le chef de la CIA William Burns, le chef du renseignement égyptien Abbas Kamel, le chef du Mossad David Barnea et le Premier ministre qatari Mohammed ben Abdulrahman al-Thani. (Crédit : Collage/AP/AFP)

La Turquie devrait également intensifier ses efforts en vue d’un accord, a déclaré le responsable du Hamas à l’AFP, sans toutefois préciser ce que cela impliquerait.

S’adressant à Reuters sous le couvert de l’anonymat, deux responsables du Hamas au fait des négociations ont déclaré que le groupe terroriste palestinien attendait la réponse d’Israël aux amendements qu’il avait soumis, tandis qu’un autre a déclaré qu’Israël était en pourparlers avec le Qatar et qu’une réponse serait donnée dans les jours à venir.

Saper les efforts de trêve

La déclaration du bureau de Netanyahu a été accueillie avec colère par les responsables de la sécurité et les médiateurs israéliens qui, pour la première fois, ont accusé le Premier ministre de tenter de saboter l’accord.

« Netanyahu prétend vouloir un accord, mais il s’efforce de le torpiller », a déclaré un responsable de la sécurité sous couvert d’anonymat à la Douzième chaîne. « Il fait traîner le processus, essayant de gagner du temps jusqu’à son discours au Congrès [le 24 juillet] et ensuite jusqu’aux congés [de la Knesset].

Selon le responsable de la sécurité, il n’y avait « ni enthousiasme ni volonté » de la part du Premier ministre de finaliser un accord pour la libération des otages, et au lieu que les discussions soient motivées par l’urgence, elles étaient plutôt construites sur des « calomnies et des positions radicalisées ».

Une deuxième source a remis en question le désir de Netanyahu de « souligner les lacunes » dans les négociations « juste avant le départ de la délégation », a rapporté la Douzième chaîne.

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a également critiqué Netanyahu, demandant de manière rhétorique quel était le but de sa déclaration.

Une manifestante lors d’un rassemblement réclamant un accord sur les otages et de nouvelles élections aux abords des quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 7 juillet 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

« Je n’ai qu’une réponse à donner à l’annonce du bureau du Premier ministre :  À quoi cela sert-il ? Nous sommes à un moment critique des négociations, la vie des otages en dépend ; pourquoi émettre de tels messages provocateurs ? », a demandé Lapid. « En quoi cela contribue-t-il au processus ? »

Un haut fonctionnaire de l’un des pays assurant la médiation entre Israël et le Hamas a également accusé Netanyahu d’essayer de saboter l’accord.

Ce haut fonctionnaire, qui s’est adressé au Times of Israel sous couvert d’anonymat, a déclaré que la demande non négociable de reprise des combats après la première phase de l’accord de trêve et de libération des otages, rendue publique par le bureau de Netanyahu, touchait l’aspect le plus sensible des négociations en cours, puisque le groupe terroriste palestinien cherche à obtenir des médiateurs l’assurance qu’Israël ne reprendra pas les combats après la phase initiale.

Le fonctionnaire a déclaré que les médiateurs avaient réussi à faire fléchir le Hamas, qui exigeait auparavant qu’Israël s’engage d’emblée à mettre fin à la guerre dès le début de la première phase de l’accord.

Au lieu de cela, ils ont maintenu une formulation relativement ouverte concernant la transition de la première à la deuxième phase, qui permet à la fois à Israël de se sentir suffisamment à l’aise pour reprendre les combats si le Hamas cesse de négocier de bonne foi, et au groupe terroriste palestinien de se sentir suffisamment à l’aise pour que les médiateurs empêchent Israël de reprendre la guerre au lieu de mettre en œuvre le cessez-le-feu permanent qui correspond à la deuxième phase de l’accord.

« Des déclarations comme celle du Premier ministre nuisent gravement aux efforts déployés pour maintenir cette ambiguïté », a estimé le haut fonctionnaire du pays médiateur.

« On ne peut s’empêcher de conclure qu’elles sont faites à des fins purement politiques », a-t-il ajouté, faisant référence au désir de Netanyahu d’apaiser les partenaires d’extrême droite de sa coalition qui s’opposent à l’accord dans sa forme actuelle.

Le projet israélien d’accord  « trêve contre libération d’otages », présenté par Biden à la fin du mois de mai, proposait un accord progressif comprenant un cessez-le-feu « plein et entier » de six semaines qui verrait la libération d’un certain nombre d’otages, dont des femmes, des personnes âgées et des blessés, en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël.

Des Palestiniens transportant leurs effets personnels devant un bâtiment détruit de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 7 juillet 2024. (Crédit : Eyad Baba/AFP)

Au cours de ces 42 jours, l’armée israélienne se retirerait également des zones densément peuplées de Gaza et autoriseraient le retour des personnes déplacées dans leurs foyers au nord de la bande de Gaza.

Au cours de cette période, le Hamas, Israël et les médiateurs négocieront également les termes de la deuxième phase, qui pourrait voir la libération des otages masculins restants, civils et militaires, en échange de quoi Israël libérera d’autres prisonniers de sécurité et détenus palestiniens. La troisième phase verrait le retour de tous les otages restants, y compris les corps des captifs décédés, et le lancement d’un projet de reconstruction s’étalant sur plusieurs années.

Une source du Hamas a déclaré à Reuters au cours du week-end que la proposition prévoit que les médiateurs garantissent une trêve temporaire, l’acheminement de l’aide et le retrait des troupes israéliennes, tant que les pourparlers indirects se poursuivent pour mettre en œuvre la deuxième phase de l’accord.

Le Hamas s’attend également à ce que 400 camions d’aide humanitaire entrent dans la bande de Gaza chaque jour de la pause dans les combats, a déclaré à l’AFP un responsable du groupe terroriste.

Les négociations menées sous la médiation du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis n’ont jusqu’à présent pas permis d’obtenir une trêve à Gaza et la libération d’otages, depuis qu’un cessez-le-feu d’une semaine conclu en novembre – lors de laquelle 105 otages ont été relâchés en échange de 240 prisonniers de sécurité palestiniens.

116 des 251 otages enlevés lors du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël sont toujours à Gaza, mais tous ne sont pas en vie. Le Hamas détient également les corps sans vie de deux soldats tombés au combat, depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, qui seraient encore en vie après être entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et en 2015 respectivement.

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