Netanyahu défendra sa « guerre juste » dans son discours au Congrès américain le 24 juillet
Le report soulève d'importantes questions sur la nature du message que le Premier ministre délivrera, alors qu'Israël attend la réponse du Hamas concernant les otages
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’adressera à une session conjointe du Congrès le 24 juillet, ont annoncé jeudi les principaux législateurs américains, confirmant ainsi la tenue d’un discours qui devrait creuser le fossé entre Démocrates et Républicains sur la question du soutien à Israël.
« Cette réunion bipartisane et bicamérale symbolise la relation durable entre les Etats-Unis et Israël et offrira au Premier ministre Netanyahu l’opportunité de partager la vision du gouvernement israélien en ce qui concerne la défense de leur démocratie, la lutte contre le terrorisme et l’établissement d’une paix juste et durable dans la région », ont indiqué le président Républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, et le leader de la minorité du Sénat, Mitch McConnell, dans un communiqué conjoint, qui ne mentionne pas les leaders Démocrates du Congrès, dont le consentement était requis pour étendre l’invitation au Premier ministre israélien.
Pendant des semaines, le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, a repoussé l’invitation et, en mars, il a prononcé un discours dans lequel il qualifiait Netanyahu d’obstacle à la paix et appelait à des élections anticipées en Israël pour le remplacer.
Schumer, le législateur juif le plus haut placé de l’histoire des États-Unis, a finalement accepté l’initiative républicaine, ne souhaitant manifestement pas être perçu comme un obstructionniste, compte tenu notamment de son soutien de longue date à Israël.
« J’ai des divergences claires et profondes avec le Premier ministre, que j’ai exprimées à la fois en privé et en public, et je continuerai à le faire. Mais la relation entre l’Amérique et Israël étant inébranlable et transcendant les intérêts d’une personne ou d’un Premier ministre, je me suis joint à la demande de prise de parole du Premier ministre », a indiqué Schumer dans un communiqué publié ce jeudi.
L’annonce de Johnson et McConnell comprenait également une déclaration de Netanyahu, qui reprenait celle qu’il avait formulée après l’invitation la semaine dernière.
« Je suis très ému d’avoir le privilège de représenter Israël devant les deux chambres du Congrès et de pouvoir exposer aux représentants du peuple américain et du monde entier la vérité sur notre guerre juste contre ceux qui cherchent à nous tuer », a affirmé Netanyahu.
Le Premier ministre avait espéré s’exprimer dès la semaine prochaine, mais il a été contraint à une nouvelle attente d’un mois, la date initialement convenue coïncidant avec la fête juive de Shavouot.
Ce délai d’un mois laisse planer des doutes importants sur la nature du discours que prononcera Netanyahu.
Dans les prochains jours, le Hamas devrait donner sa réponse à l’accord sur les otages proposé par Israël la semaine dernière, qui mettrait un terme définitif à la guerre s’il était pleinement mis en œuvre.
Un refus du Hamas signifierait probablement que la guerre entrera dans son dixième mois lors de la visite de Netanyahu à Washington. Alors que l’administration Biden n’a cessé d’imputer au groupe terroriste l’échec des précédents cycles de négociations, la patience des Démocrates à l’égard d’Israël est à bout de souffle en raison de la crise humanitaire qui sévit dans la bande de Gaza. Le Premier ministre pourrait donc se retrouver dans un environnement encore plus hostile d’ici la fin du mois de juillet.
D’autre part, si le Hamas accepte la proposition, Netanyahu pourrait bien se retrouver sans gouvernement, ses partenaires d’extrême droite ayant juré de provoquer l’effondrement de la coalition si l’accord est mis en œuvre. La session d’été de la Knesset s’achève le 28 juillet, et la période qui précède sera probablement utilisée pour déterminer la date des élections anticipées si le parlement est effectivement dissous.
« Il est très difficile de savoir où en sera la guerre dans une semaine, et encore plus dans un mois, et le 24 juillet ne sera peut-être pas le moment idéal pour lui, mais il n’est pas du genre à refuser une occasion d’avoir ce genre de face-à-face », a déclaré un assistant du congrès Républicain au Times of Israel sous le couvert de l’anonymat.
Netanyahu deviendra le premier dirigeant étranger à s’adresser à quatre reprises lors de réunions conjointes du Congrès..
Les Républicains se sont empressés d’afficher leur soutien au Premier ministre israélien et de faire connaître les divisions des Démocrates au sujet d’Israël.
Près de 60 Démocrates avaient boycotté le dernier discours de Netanyahu lors d’une session conjointe en 2015, organisée par les chefs de file républicains du Congrès dans le dos du président de l’époque, Barack Obama, afin que le Premier ministre israélien fasse pression contre l’accord nucléaire – connu sous le nom de JCPOA – que Washington a fini par signer avec l’Iran plus tard cette année-là.
Un nombre beaucoup plus important de Démocrates boycotteraient probablement un discours de Netanyahu, car la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas est devenue de plus en plus impopulaire parmi les progressistes.
La guerre à Gaza déclenchée par les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre a également entraîné une rupture des relations entre Netanyahu et le président américain Joe Biden, qui, en mai, a menacé pour la première fois de ne pas fournir d’armes à Israël si ce dernier lançait une incursion de grande envergure dans les zones civiles de Rafah.
Si Netanyahu a confirmé l’invitation du Congrès, il n’a pas encore reçu celle de la Maison Blanche – or se rendre à Washington sans invitation ne ferait qu’accentuer les divergences.
Avant même le 7 octobre, Netanyahu n’avait pas reçu d’invitation à la Maison Blanche depuis son retour au pouvoir fin 2022, car il s’est rapidement attiré les foudres de Biden en raison de ses efforts pour réformer radicalement le système judiciaire israélien et de ses actions considérées comme nuisant aux tentatives de l’administration américaine de préserver les perspectives d’une solution à deux États. Biden s’est rendu en Israël peu après l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien. Il s’agissait du tout premier voyage d’un président américain dans l’État hébreu en pleine guerre.