Netanyahu : Téhéran travaille pour « obtenir un arsenal d’armes nucléaires »
Jérusalem déclare vouloir "arrêter le programme", et un ex-scientifique de l'AIEA a remercié Netanyahu et le Mossad pour avoir dérobé des documents sur le programme nucléaire
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

L’Iran essaie activement d’obtenir un « arsenal de bombes nucléaires », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu jeudi, dans un contexte de tensions croissantes entre la République islamique et les Etats-Unis après l’échec de l’accord sur le nucléaire iranien.
« Il est très clair que l’Iran ment. L’Iran continue à travailler pour obtenir un arsenal de bombes nucléaires, et nous sommes déterminés à l’en empêcher », a-t-il dit lors d’une rencontre avec Olli Heinonen, l’ancien assistant du directeur général de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA).
Cette semaine, dans une série d’interviews et de conférences, Heinonen a accusé à plusieurs reprises l’Iran d’avoir violé ses engagements prévus par le Plan d’action global conjoint. La République islamique serait théoriquement capable de produire assez de matériel fissible pour produire une arme nucléaire d’ici six à huit mois, a-t-il dit, même s’il faudrait plus de temps pour construire une véritable bombe.
« Merci pour votre analyse claire et pour votre conclusion sans ambiguïté. Je vous remercie d’avoir mis en évidence les activités de l’Iran », a déclaré Netanyahu au scientifique finlandais au Bureau du Premier ministre à Jérusalem.
Heinonen, qui est aujourd’hui un conseiller scientifique sur la non-prolifération à la Fondation pour la Défense des Démocraties basée à Washington, a remercié Netanyahu d’avoir révélé l’information sur les archives secrètes du nucléaire iranien l’année dernière.
« Merci d’avoir courageusement fait sortir [les documents de l’archive nucléaire] parce que cela donne de la matière à la communauté internationale pour réfléchir, et c’est une bonne manière de savoir comment parler aux Iraniens, comment arrêter le programme », a-t-il dit.

L’année dernière, des agents du Mossad ont fait sortir d’un entrepôt de Téhéran environ 100 000 documents sur 55 000 pages sur 183 CD. Selon des officiels israéliens, les documents prouvent que la République islamique a activement travaillé pour construire une arme nucléaire, quelque chose que Téhéran a toujours nié et continue de nier.
Selon Heinonen, un ancien assistant du directeur général de l’AIEA pour la sécurité, seulement un cinquième des documents d’archives est arrivé en Israël. « Il y a encore 80 % qui est resté là-bas », a-t-il dit plus tôt jeudi lors d’une conférence à un groupe de réflexion de Jérusalem.
Heinonen a également dit que des scientifiques de Téhéran – qu’il a décrit comme « les meilleurs des meilleurs » – peuvent aujourd’hui produire assez de matériel fissible pour obtenir une bombe atomique d’ici six à huit mois, même si on ne sait pas clairement combien il leur faudra de temps pour construire un tel engin.
« Les documents des archives nucléaires saisis par Israël il y un an, associés aux informations disponibles dans des rapports officiels de l’AIEA, fournissent une indication claire que le programme d’armes nucléaires de l’Iran était beaucoup plus avancé que ce qu’avait dit l’Iran et ce qu’avait conclu l’AIEA dans sa dernière évaluation en décembre 2015 », selon le scientifique finlandais.
« Il y a eu un plan global pour produire des armes nucléaires, et quand et après que le plan a été arrêté, l’AIEA n’a pas eu accès, comme l’Iran l’avait dit, à une présentation complète du programme nucléaire passé », a-t-il dit.
Malgré sa critique de l’Iran mercredi accordé à la radio militaire, Heinonen a critiqué l’administration du président américain Donald Trump pour sa décision de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien en mai 2018, suggérant que la position agressive de Washington envers Téhéran pourrait se révéler contre-productive.
« Je pense qu’ils étaient à l’aise [avec la décision de Trump]. Ils ont la technologie d’enrichissement et ils peuvent créer plus de centrifugeuses. Ils pourront probablement résister à beaucoup de sanctions », a-t-il dit.
Le 15 mai, l’Iran a annoncé qu’il renforçait son programme d’enrichissement d’uranium en réponse à la décision des Etats-Unis de l’année dernière de sortir de l’accord du nucléaire de 2015 et d’imposer des sanctions économiques importantes sur l’Iran, les pays et les groupes qui font des affaires avec le pays.
La semaine dernière, l’AIEA a déclaré que l’Iran respectait les limites fixées par l’accord sur le nucléaire de 2015, même si ses stocks d’uranium enrichi et d’eau lourde augmentaient.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.