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New Jersey : De jeunes dentistes soignent gratuitement des survivants de la Shoah

Depuis 2020, un dispensaire de la Rutgers Dental School a traité 69 rescapés de la Shoah, dont beaucoup souffrent de maladies dentaires dues à la malnutrition de leur enfance

À la Rutgers Dental School, Yelena Olshansky, survivante de la Shoah, reçoit un traitement gratuit du professeur de dentisterie restauratrice Peter L. DeSciscio et d'Ivan Alkhwekhi. (Autorisation)
À la Rutgers Dental School, Yelena Olshansky, survivante de la Shoah, reçoit un traitement gratuit du professeur de dentisterie restauratrice Peter L. DeSciscio et d'Ivan Alkhwekhi. (Autorisation)

NEW YORK – Lorsque des survivants de la Shoah se rendent à la Rutgers School of Dental Medicine (RSDM) pour y recevoir des soins dentaires, certains d’entre eux disent qu’ils ont l’impression de passer du temps avec leurs petits-enfants.

En octobre 2020, la Jewish Federation of Greater MetroWest NJ, la RSDM et le Dr. Howard Drew se sont associés pour ouvrir le dispensaire de Rutgers pour les survivants de la Shoah. Depuis lors, 69 rescapés ont reçu des soins gratuits axés sur la personne et tenant compte des traumatismes (PCTI).

« Nous voyons les survivants s’illuminer dans l’atmosphère lumineuse et joyeuse de notre dispensaire ultramoderne », a déclaré Drew, professeur de médecine dentaire à Rutgers.

Le terme PCTI a été inventé en 2015 par le ministère américain de la Santé et des services sociaux et défini par les Fédérations juives d’Amérique du Nord (JFNA) à travers la pratique. Considérés comme une approche holistique des soins, les six principes directeurs des soins PCTI sont la sécurité, la fiabilité et la transparence, le soutien par les pairs, la collaboration et la mutualité, l’autonomisation et le choix, ainsi que les questions culturelles, historiques et de genre.

« C’est un petit rêve pour nous et un projet qui nous tient tous à cœur », a déclaré Drew, qui a été « bouleversé » en apprenant que 30 % des survivants de la Shoah vivent en dessous du seuil de pauvreté, a-t-il expliqué au Times of Israel.

La plupart des survivants n’ayant pas été suffisamment nourris pendant leur enfance, beaucoup d’entre eux souffrent de maladies dentaires à vie. Les assurances de base et les plans gouvernementaux ne couvrent pas les procédures dentaires spécialisées dont ont besoin la plupart de ces survivants, dont certains voient jusqu’à quatre spécialistes lors d’une visite au dispensaire de Rutgers, a déclaré Drew.

Le dispensaire pour les survivants de la Shoah, à la Rutgers School of Dental Medicines, dans le New Jersey. (Autorisation)

« J’ai réalisé que l’école dentaire pouvait être un lieu optimal pour que les survivants puissent bénéficier de tous les types de thérapies et de traitements dont ils ont besoin », a dit Drew, dont le fils Alexander – prosthodontiste en cabinet privé – a participé à cet ambitieux projet.

Fils de deux survivants d’origine polonaise, Drew a apporté trois décennies d’expertise en implantologie et en parodontie à la construction du dispensaire. Ces dernières années, il a été désigné comme l’un des meilleurs dentistes du New Jersey et il est depuis longtemps l’un des professeurs préférés des étudiants en pré-doctorat et en post-doctorat.

« Ils seront traités comme des VIP »

La route vers le dispensaire a commencé avant la pandémie de COVID, lorsque les JFNA ont accordé des subventions aux fédérations juives locales afin d’identifier et de répondre aux besoins urgents des survivants de la Shoah. Trois problèmes ont été identifiés, a noté Debbie Rosen, coordinatrice du programme à la Fédération juive de Greater MetroWest New Jersey.

Le Dr. Howard Drew tenant un portrait de ses parents. (Crédit : John Emerson)

« La lutte contre l’isolement social, la gestion des finances d’urgence et les soins dentaires abordables sont les besoins les plus urgents, selon les personnes qui s’occupent des survivants », a précisé Rosen, elle-même fille d’un survivant.

« Nous avons cherché des options pour les soins dentaires, mais nous n’avons pas trouvé la bonne solution », a ajouté Rosen. « Nous avons commencé à identifier des dentistes qui accepteraient de soigner certains survivants à titre gracieux, mais nous avons reconnu que la gestion de différents prestataires serait au mieux un défi », a-t-elle déclaré au Times of Israel.

La fédération avait ratissé large pour identifier les prestataires et s’est mise en contact avec le Dr. Drew, qui a partagé sa vision d’un programme complet à Rutgers et s’est porté volontaire pour diriger le projet.

« La vision du Dr. Drew était celle d’un dispensaire où les survivants pourraient obtenir des soins de qualité par l’intermédiaire de Rutgers sans avoir à s’inquiéter du coût et où ils seraient traités comme des VIP », a expliqué Rosen.

Entre son lancement en octobre 2020 et le mois de juillet 2023, le dispensaire a pris en charge 69 survivants de la Shoah, notamment grâce au transport gratuit du groupe Kavod Shef. Presque tous les survivants viennent au dispensaire avec des besoins dentaires et médicaux complexes qui n’ont jamais été correctement pris en charge, que ce soit en raison d’un manque de fonds, d’un traumatisme ou d’autres circonstances.

« Lorsqu’une personne subit un traumatisme, celui-ci ne disparaît pas avec l’âge et peut avoir un impact sur la façon dont elle vieillit », a dit Rosen.

Au dispensaire, les procédures de base sont généralement prises en charge par les candidats au D.M.D. (Doctorat en médecine dentaire), a expliqué Drew. Tout est ensuite vérifié par un membre de la faculté, a-t-il ajouté.

« Les traitements avancés sont pris en charge par nos résidents postdoctoraux, qui suivent une formation avancée de trois à six ans et sont toujours entourés de spécialistes qu’ils peuvent consulter », a-t-il déclaré.

L’étudiante en médecine dentaire Kiera Rosen a créé et ajusté des prothèses dentaires pour Larisa Rabinovich, survivante de la Shoah, au dispensaire pour les survivants de la Shoah de la Rutgers School of Dental Medicines, dans le New Jersey. (Autorisation)

« La plupart de nos patients ont de nombreux problèmes, ce qui nécessite un véritable travail d’équipe », a déclaré Drew. « L’initiative aide tous les prestataires à devenir de meilleurs professionnels et de meilleures personnes. »

Depuis 2015, les JFNA, en partenariat avec le gouvernement fédéral, a accordé des subventions à des dizaines d’agences pour la programmation du PCTI, au profit de quelque 62 000 survivants de la Shoah, adultes plus âgés ayant des antécédents de traumatismes et aidants familiaux.

Les fonds fédéraux sont alloués dans le cadre du programme d’aide aux survivants de la Shoah (Holocaust Survivor Assistance Program), un programme de 8,5 millions de dollars destiné à couvrir les coûts croissants associés aux soins aux survivants et à d’autres services pour les personnes âgées.

Le programme de subventions des JFNA a servi de catalyseur à la Jewish Federation of Greater MetroWest NJ pour répondre aux besoins dentaires des survivants, a indiqué Shelly Rood Wernick, petite-fille de survivants de la Shoah et directrice-générale du Center on Holocaust Survivor Care & Institute on Aging and Trauma aux JFNA.

« Grâce à ces subventions, les fédérations juives révolutionnent les services aux personnes âgées », a déclaré Rood Wernick au Times of Israel.

Des gens qui ne souriraient jamais

Né à Saint-Pétersbourg à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Victor Leyn avait fui la ville avec sa mère et avait survécu à la guerre dans des camps de réfugiés.

« La vie n’était pas facile », a raconté Leyn au Times of Israel. « Il faisait froid. Il n’y avait rien à manger. Mais ma mère s’est occupée de moi. »

Rosaly et Victor Leyn. (Autorisation)

Comme d’autres personnes ayant grandi pendant la guerre, la santé dentaire de Leyn a été durablement affectée par des années de sous-alimentation. Toute sa vie, il n’a pas pu bénéficier de soins dentaires appropriés, jusqu’à la création du dispensaire Rutgers pour les survivants de la Shoah.

Au cours des deux dernières années, Leyn a été équipé d’implants qui ont changé sa vie. Après plus de trois douzaines de visites au dispensaire, il est enfin en mesure de mâcher et de digérer correctement les aliments.

Leyn est l’un des nombreux survivants qui ont entendu parler du dispensaire par l’intermédiaire du Jewish Family Service of Central NJ ou du Jewish Family Service of Greater MetroWest NJ, tous deux au service des survivants. Dans le cas de Leyn, c’est une annonce faite au « Chai Café » du Jewish Family Service of MetroWest NJ qui l’a conduit au dispensaire, où sa femme et son beau-frère reçoivent désormais des soins à ses côtés.

« Au cœur des soins prodigués par PCTI, nous traitons les gens avec transparence et nous les faisons se sentir en sécurité. Nous leur faisons sentir qu’ils font partie de leur thérapie et qu’ils sont impliqués dans tout ce qu’ils choisissent de faire », a déclaré Drew.

Après avoir été accueillis au dispensaire de Rutgers, les survivants se voient attribuer un « référent » qui leur fait passer un examen bucco-dentaire complet et des radios, et qui finit par établir un plan de traitement complet avec l’aide du patient.

Selon Rosen, l’un des principaux résultats du dispensaire a été de « former les étudiants en médecine dentaire au PCTI  sur des survivants de la Shoah ».

Tous les étudiants en D.M.D. visionnent un module en ligne de 45 minutes sur la Shoah et les traumatismes subis par les survivants, y compris les stratégies PCTI pour aider les patients à se sentir à l’aise. Le module a été développé par The BlueCard avec le soutien financier des JFNA.

De l’avis général, l’approche PCTI du dispensaire Rutger a remporté un franc succès auprès des patients.

La Rutgers School of Dental Medicines, dans le New Jersey. (Autorisation)

« Les survivants aiment être entourés de personnes jeunes, et c’est quelque chose que notre dispensaire a en abondance », a déclaré Drew. « Beaucoup d’entre eux disent qu’ils ont l’impression d’être avec leurs petits-enfants lorsqu’ils viennent au dispensaire », a-t-il souligné.

Le fait de mettre des soins dentaires gratuits à la disposition des survivants de la Shoah peut changer la vie des patients, selon Rosen.

« Des personnes qui n’auraient jamais souri le font désormais. Les personnes qui avaient du mal à manger peuvent maintenant le faire. »

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