NGO-Monitor accuse l’Union européenne de financer des associations arabes pro-Hamas
Les instances européennes semblent poursuivre des partenariats avec ces associations controversées malgré leurs célébrations des attentats du 7 octobre
L’Union européenne (UE) et des pays et organisations européennes financent des associations féministes arabes accusées d’être pro-Hamas, a rapporté début juillet l’organisation israélienne NGO-Monitor, citant de nombreux messages problématiques postés par ces associations sur les réseaux sociaux après les attaques du 7 octobre 2023 en Israël.
L’Initiative féministe EuroMed (EFI), basée à Paris, se décrit comme une
« plateforme politique » en faveur d’ « un monde égalitaire et démilitarisé où le respect des droits humains, des femmes et des hommes est une valeur et une pratique de premier plan et où le principe de non-discrimination – fondée sur le sexe, l’orientation sexuelle, l’âge, la classe sociale, l’origine ethnique, les handicaps – est une règle sociale ». Composée de seize associations membres, l’EFI reçoit un financement important de gouvernements européens, notamment de l’Union européenne, de la France et de la Suède, comme l’a détaillé NGO-Monitor.
Or, des individus qui siègent au conseil d’administration de l’EFI et un certain nombre d’organisations membres de l’EFI ont publié des déclarations justifiant et célébrant l’attaque du 7 octobre 2023, appelant à l’anéantissement du pays, niant les atrocités du Hamas et partageant des contenus antisémites. En outre, dans de multiples déclarations, l’EFI elle-même a qualifié les opérations israéliennes d’ « annihilation de la population de Gaza » et s’est jointe à la campagne de propagande affirmant faussement qu’ « aujourd’hui, la population de Gaza est confrontée à un massacre et à un génocide à grande échelle ».
Les membres du conseil d’administration d’EFI occupent des postes de direction au sein d’ONG dans plusieurs pays et zones du Moyen-Orient (Liban, Jordanie, Egypte, Irak, Tunisie, Algérie, Maroc, Cisjordanie et Gaza, Turquie). Ces ONG locales peuvent recevoir à la fois des financements de gouvernements européens et de l’EFI.
Si l’EFI n’est pas transparente sur ses finances, des informations provenant de sources gouvernementales montrent que cette organisation-cadre reçoit des financements importants notamment de l’Union européenne, de la France et de la Suède. Selon le système de transparence financière de l’UE, l’EFI recevra des financements à hauteur de 10,6 millions d’euros pour des projets de 2015 à 2026. Selon l’Agence française de développement (AFD), du gouvernement français, l’EFI participe à un projet financé par l’AFD à hauteur de 3,5 millions d’euros, sur la période 2023-2026. L’Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida) fournit elle à l’EFI 8,7 millions de dollars pour la période 2021-2024. Les logos des agences officielles d’aide et de développement espagnoles et allemandes apparaissent également sur les publications de l’EFI à partir de 2024, indiquant le soutien de ces pays, sans que leurs financements ne soient connus précisément.
Parmi les seize ONG membres de l’EFI : la Société des femmes actives palestiniennes pour le développement (Palestinian Working Woman Society for Development, PWWSD). Or, Amal Khreishe, directrice générale de la PWWSD et membre du conseil d’administration de l’EFI, a posté plusieurs messages explicites à la gloire du Hamas au lendemain des attentats qui ont coûté la vie à 1 200 Israéliens.
« Une matinée de gloire et de fierté », a-t-on notamment pu lire sur ses réseaux et dans un texte pour le média palestinien Al-Wattan quelques heures après le pogrom. « Une matinée de volonté insoumise de notre peuple à se libérer… Une matinée de résistance… [et de] voix qui ne connaissent pas le balbutiement politique et qui appellent les consciences à se réveiller avec la résistance sous ses diverses formes. Je veux peindre cette journée, pour mes amis, hommes et femmes, avec un arc-en-ciel, de la Galilée à Rafah, à travers les cieux de la Palestine historique, afin que la joie et l’espoir se répandent dans les cœurs et jusqu’au fond des âmes, comme cela m’est arrivé ce matin du 8 octobre après ‘le puissant 7 octobre’. Et [je souhaite bonne chance] à Gaza, aux forces de résistance qui ont provoqué le déluge sur Jérusalem, qui ont fait ressortir l’histoire, la géographie et les conceptions politiques dans toutes leurs théories et interprétations, du chemin de l’ennui, des illusions, de l’oppression et de l’aveuglement nocturne des politiciens sionistes, de leurs partisans et de leurs alliés dans la région et dans le monde. »
Partageant une vidéo de commandos terroristes du Hamas sur un bateau tirant sur un navire israélien, elle a écrit : « Et le déluge atteindra tous les coins de la nation et balayera toutes les illusions d’Oslo de la Terre de Palestine… Aujourd’hui, le 7 octobre, les vagues de dignité et de fierté se répandront dans le ciel de la nation. Aujourd’hui, le déluge de Jérusalem va faire sombrer le désordre que l’on appelle l’État d’occupation, qui se considère au-dessus du droit international et humanitaire et des droits de l’homme. Aujourd’hui, la résistance envoie un message à tous les hommes et femmes martyrs qui ont embrassé la chère nation et qui sont encore dans les congélateurs du gouvernement sioniste… Le 7 octobre restera un symbole unique d’une étape particulière sur le chemin de la libération nationale. Que les cerveaux, les cœurs, les mains et les jambes qui ont dessiné les traits de cette journée soient bénis… »
Si le PWWSD, qu’elle dirige donc, ne publie pas de rapports annuels, il répertorie de nombreux partenaires gouvernementaux, parmi lesquels l’Union européenne. Selon le système de transparence financière de l’Union européenne, entre 2016 et 2024, le PWWSD a été partenaire de plusieurs programmes de l’UE, à hauteur de 5,77 millions d’euros. Il est également soutenu par la France (Agence française de développement), l’Allemagne (GIZ), les Pays-Bas, la Norvège (NORAD), l’Italie (Agence pour le développement international), l’Espagne (Agence espagnole de coopération internationale au développement) et des organisations-cadres des Nations unies (Fonds des Nations unies pour la population, PNUD, ONU Femmes). Outre les fonds de l’EFI et de l’UE, le PWWSD reçoit ainsi directement des financements de ces autorités.
NGO-Monitor a également rapporté le cas de Leila El Ali, directrice de l’association libanaise Najdeh et co-présidente du conseil d’administration de l’EFI. Le 14 octobre, elle a publié une vidéo complotiste accusant Israël de fabriquer des images de bébés brûlés. La vidéo prétend que « Netanyahu est un menteur, c’est un fait bien connu même pour la majorité des Israéliens. Biden est soit un imbécile, soit un collaborateur dans la propagation des mensonges de Netanyahu. Tous deux mènent une campagne de fabrication orchestrée afin de diaboliser les Palestiniens et de justifier la guerre de génocide contre Gaza ». Parmi d’autres publications problématiques, elle a aussi publié sur Facebook une caricature antisémite décrivant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu comme un diable buvant le sang de Gaza.
Dans les jours qui ont suivi les atrocités du Hamas le 7 octobre, l’association Najdeh a publié des photos des activités de l’ONG. On voyait notamment des enfants célébrant l’attaque et brandissant plusieurs pancartes, sur lesquelles on pouvait notamment lire : « Chaque année, la Palestine se rapproche de la liberté », « Cette terre ne peut pas être divisée pour deux peuples. C’est nous ou nous », « La Palestine est à nous et restera à nous », « Jérusalem est à nous », « La victoire est à nous », « Le déluge d’Al-Aqsa », « Gloire à Gaza », « Le déluge d’Al-Aqsa, la dignité et le respect », « Gaza est votre dignité », « Retenez la date du 7 octobre 2023 », « Héros – la Palestine vaincra ». Najdeh a qualifié ces célébrations de
« marches de solidarité avec notre peuple en Palestine ». Lors d’une manifestation, des enfants ont répété un appel pro-terroriste connu : « Des millions de martyrs marchent vers Jérusalem. »
Le 19 janvier 2024, l’association Najdeh a écrit : « La résistance palestinienne [expression pro-Hamas désignant le Hamas et d’autres organisations terroristes] est fondamentale pour faire face au colonisateur israélien, aux côtés [des] forces de résistance qui entourent la Palestine [notamment le Hezbollah et autres mandataires iraniens] ». Dans une autre déclaration publiée par l’ONG le 15 mai 2024, Najdeh a affirmé que la guerre actuelle « n’est pas une campagne à Gaza seulement, mais c’est une campagne pour les droits nationaux face au projet sioniste, c’est une campagne de tout le peuple palestinien qui aspire à la liberté et à l’indépendance. Ils n’arrêteront pas leur combat tant qu’ils n’auront pas obtenu leurs droits nationaux au retour, à un État indépendant et à l’autodétermination et tant qu’ils n’auront pas démantelé le régime d’apartheid israélien dans toutes ses composantes, y compris ses colonies… L’association Najdeh adresse ses plus hautes félicitations à notre peuple inébranlable à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem. Vive le combat de notre peuple, vive la solidarité mondiale contre l’occupation et la colonisation. Gloire aux hommes et aux femmes martyrs de notre peuple partout dans le monde. »
L’association Najdeh se targue elle aussi de nombreux projets de coopération avec des États ou des institutions européennes, à hauteur de plusieurs millions d’euros. Sur son site, elle répertorie plusieurs donateurs gouvernementaux et ONG, notamment le Canada, Brot für die Welt (Allemagne), la Suisse, Diakonia (Suède), Oxfam, Norwegian People Aid, Save the Children et l’EFI.
Selon le système de transparence financière de l’UE, sur la période 2019-2022, l’association Najdeh a été partenaire d’une subvention de l’UE de 3,2 millions d’euros. Sur 2023-2025, la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC) a fourni 7,3 millions de francs suisses au Fonds pour l’éducation à la transition et à la résilience (TREF) de l’UNICEF au Liban, dont Najdeh est un partenaire de mise en œuvre. La France finance également largement le TREF, via l’AFD, et d’autres programmes.
Dans son long rapport, NGO-Monitor a aussi cité les cas et les financements problématiques de l’Arab Women Organization of Jordan et de la Palestinian Federation of Women’s Action Committees. L’ONG a aussi épinglé Azza Kamel, autre membre du conseil d’administration de l’EFI, également fondatrice et présidente du Centre de techniques de communication appropriées pour le développement (ACT), basé en Égypte, ONG membre d’EFI. Le 7 octobre 2023, Kamel a publié une photo de drapeaux palestiniens et a célébré l’attaque du Hamas en écrivant :
« Brandis haut, si haut. C’est vraiment génial. »
L’Union européenne et les organisations partenaires de l’EFI et des associations arabes épinglées par NGO-Monitor n’ont pas réagi publiquement et devraient ainsi poursuivre leurs financements.