Ni « silence » ni « indifférence » : partout en France, des mobilisations contre l’antisémitisme
Plus d'une centaine de mobilisations ont eu lieu dans les grandes villes comme Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg, Nice, Aix, Toulouse et Bordeaux, mais aussi à Grenoble, Nantes, La Rochelle, Perpignan, Saint-Malo, Rouen, Rennes, Amiens, Brest et Reims
Plus d’une centaine de mobilisations contre l’antisémitisme ont eu lieu dimanche en France, rassemblant 182 000 personnes au total, dont 77 560 hors de Paris selon les autorités : paroles de politiques et manifestants entendues par l’AFP dans différentes villes.
« Universalisme »
Environ 7 500 personnes, selon la police, ont défilé à Marseille. « Il est important d’être là car lutter contre l’antisémitisme c’est montrer l’universalisme de notre combat », a déclaré Joëlle Nizard, retraitée venue de Hyères (Var).
« Nous devons rester inflexibles sur nos valeurs républicaines, rien ne peut justifier les actes de haine auxquels nous faisons face en ce moment », a lancé le maire divers gauche de la ville, Benoît Payan.
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« Des fondamentaux »
A Toulouse, ils étaient plusieurs centaines. Des textes ont été lus et une « Marseillaise » chantée par la foule. « On s’affronte sur pas mal de sujets parfois, mais il y a des fondamentaux sur lesquels on doit être solidement ancrés: les fondamentaux de la République et de la démocratie, la lutte contre l’antisémitisme et contre tous les racismes, c’est quelque chose qui nous réunit », a déclaré le maire (DVD) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.
« Le même ennemi, le Hamas »
À Nice, près de 3 000 personnes, selon la police, ont participé à un grand rassemblement à l’appel du maire LR de la ville Christian Estrosi et de l’antenne locale du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).
« Cette montée de l’antisémitisme nous terrorise (…) Israéliens et Palestiniens ont le même ennemi, le Hamas », selon Carole Sebban, une chef d’entreprise niçoise, dont la famille envisage aujourd’hui de quitter la France.
Ils étaient environ un millier, selon la police, dans l’après-midi dans un autre rassemblement. « Ce que nous devons à nos compatriotes juifs, c’est bien plus que de la compassion, nous devons leur dire, comme on disait il y a quelques années ‘Je suis Charlie’, ‘Je suis juif' », a lancé David Lisnard, maire LR de Cannes.
« Etre à la hauteur »
A Lyon, plus de 3 000 personnes, selon la préfecture, se sont retrouvées place Bellecour, devant la statue du Veilleur de Pierre, mémorial de la résistance française à l’occupation nazie.
????⚫ VIDÉO. La manifestation contre l'antisémitisme commence tout juste Place Bellecour pic.twitter.com/erFYMOMZYq
— Lyon Capitale (@lyoncap) November 12, 2023
« Nous devons être à la hauteur » de la formule du général de Gaulle qui a fait de Lyon la « capitale de la résistance », a déclaré le maire écologiste de la ville Grégory Doucet.
Richard Zelmati, président du Crif Auvergne-Rhône-Alpe, a dénoncé « l’exploitation politique de l’antisémitisme par l’extrême gauche » et un « effet d’aubaine saisi par une extrême droite opportuniste », déclenchant de vifs applaudissements.
« Un moment de dignité »
A Strasbourg, 5 000 personnes se sont rassemblées selon les autorités, dont plusieurs députés LFI venus de Paris.
Sur une « idée » lancée par François Ruffin et Alexis Corbière, plusieurs élus insoumis comme Clémentine Autain ou Raquel Garrido ont répondu à l’appel de cette manifestation initiée par la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), où le Rassemblement national n’était pas le bienvenu.
François Ruffin a plaidé pour un « moment de dignité, de gravité » et demandé de laisser de côté « au moins pendant 24 heures, toutes les polémiques ».
« Je suis goy, je suis juif »
A Lille, drapeaux français, drapeau arc-en-ciel pour la paix et « Marseillaise » dans un rassemblement de 1 300 personnes, selon les autorités. « Je suis goy, je suis juif, nous sommes la France », « non à l’antisémitisme, non au RN » pouvait-on lire sur les pancartes et panonceaux.
« Ce qui est en train de se passer rappelle les heures les plus sombres de notre pays. La mobilisation doit être la plus forte possible. La banalisation de l’antisémitisme n’a pas sa place », a souligné Jean-Michel Lemoisne, maire de Ronchin (gauche).
Une question de « convictions »
A Bordeaux, quelque 3 500 personnes, selon la préfecture, ont investi la place de la République.
Le grand imam de Bordeaux Tareq Oubrou en faisait partie. « Il était très important pour moi d’être dans cette marche car cela fait partie de mes convictions: le combat contre le racisme en général et l’antisémitisme en particulier, qui est une des blessures historiques dans notre société française », a-t-il dit.
Accompagnée de son fils, Célia Babes, 45 ans, affirme avoir hésité à venir. « Je lutterai toujours contre l’antisémitisme, c’est pourquoi je suis là. Mais je n’ai pas peur de dire haut et fort que je condamne la politique du gouvernement israélien. »
Ballons en cœur
A Aix-en-Provence, un millier de personnes selon les organisateurs se sont rassemblées contre l’antisémitisme mais aussi pour la « libération des otages » israéliens enlevés par le groupe terroriste islamiste palestinien Hamas. Des ballons en forme de cœur avec sur certains des visages d’otages ont été lâchés.
A Aix-en-Provence comme partout en ????????
Unis contre l’antisémitisme et pour les valeurs de la République. pic.twitter.com/ps2pFcCYJ1
— Marco Tirone (@mtirone_) November 12, 2023
« Lutter contre l’antisémitisme et défendre la démocratie vont de pair », a souligné Nicolas Sadoul, directeur de la Fondation du camp des Milles, qui œuvre pour la mémoire de la Shoah.
Ils étaient aussi 3 700 à Grenoble, 2 000 à Nantes et La Rochelle, entre 1 500 et 2 000 à Perpignan, 700 à Saint-Malo comme à Rouen, où le maire PS Nicolas Mayer-Rossignol a mis en garde contre le « silence » et l' »indifférence », et encore des centaines à Rennes, Amiens, Brest ou Reims, en présence du président de la Conférence des évêques de France, Mgr Eric de Moulins Beaufort (archevêque de Reims).
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