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Notre-Dame : quand hommes politiques et internautes songent à un attentat

Meyer Habib, Philippe Karsenty et Nicolas Dupont-Aignan s'interrogent sur la nature de l'incendie ; "Accident ou attentat criminel ? Aucune piste à exclure", a tweeté le député UDI

Des enquêteurs sur le toit de l'emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris, le 16 avril 2019, au lendemain d'un incendie qui a ravagé son toit. (Lionel Bonaventure / AFP)
Des enquêteurs sur le toit de l'emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris, le 16 avril 2019, au lendemain d'un incendie qui a ravagé son toit. (Lionel Bonaventure / AFP)

Un attentat ? Une diversion ? Les théories du complot et interprétations plus ou moins insidieuses se multiplient depuis lundi pour expliquer l’incendie qui a gravement endommagé la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Le bâtiment brûlait encore que les chasseurs de coïncidences et spécialistes autoproclamés d’architecture médiévale cherchaient d’éventuels coupables, alors que l’enquête s’annonce longue et complexe, et que les premiers éléments pointent une cause accidentelle.

De nombreux internautes français ont notamment signalé, entre ironie et suspicion, que cet incendie avait poussé le président français Emmanuel Macron à repousser une allocution très attendue en pleine crise sociale. Des groupes Facebook de « gilets jaunes » ont d’ailleurs décidé de limiter temporairement les publications pour éviter la diffusion de rumeurs de ce type, qui se multipliaient.

Un chroniqueur de Time Magazine a tweeté qu’un « ami jésuite » lui avait rapporté que des salariés de la cathédrale lui avaient affirmé que le feu était d’origine criminelle. Avant de supprimer son tweet et d’évoquer des « on-dit ».

Sur la chaîne américaine Fox News, Philippe Karsenty, élu de Neuilly-sur-Seine, s’est fait sèchement couper lundi soir quand il a commencé à évoquer l’hypothèse d’un attentat. Il était en train de dire que « le politiquement correct va vous faire croire à un accident » quand le journaliste Shepard Smith lui a rétorqué : « Nous n’allons pas spéculer ici sur des causes que nous ne connaissons pas. »

« Les théories conspirationnistes n’ont aucun intérêt et sont même souvent contre-productives », a poursuivi le journaliste.

Plus tard, dans un texte publié par le site Causeur, Philippe Karsenty, qui s’est fait connaitre par l’intermédiaire de l’affaire Mohammed al-Durah, a écrit : « Au moment où je me suis exprimé, personne n’était en mesure de savoir si l’acte était criminel ou accidentel mais les médias n’avait le droit – le devoir peut-être ? – que d’affirmer que la cause ne pouvait être qu’accidentelle. »

« J’ai lu et entendu des commentateurs qui font état de deux départs de feu », ajoute-t-il. « L’origine de cet incendie peut être accidentelle ou criminelle, et si la piste criminelle venait à être retenue, cela pourrait être un acte prémédité de longue date ou un acte d’opportunité réalisé de façon artisanale. »

Les flammes illuminent le ciel alors que la cathédrale Notre-Dame brûle, le 15 avril 2019. (AP Photo / Thibault Camus)

Aux Etats-Unis et en Corée du Sud, YouTube a mis de l’huile sur le feu en diffusant par erreur sous les images de la cathédrale en flammes un bandeau informatif évoquant les attentats du 11 septembre.

YouTube diffuse t par erreur sous les images de la Notre Dame en flammes un bandeau informatif évoquant les attentats du 11 septembre. (Capture d’écran)

« Le cadre est idéal. Ca va partir dans tous les sens », prévient Didier Desormeaux, journaliste et auteur du livre Le complotisme, décrypter et agir.

« Avec la charge symbolique extrêmement forte de Notre-Dame, on va trouver des interprétations allant de la pensée la plus intégriste à des explications politico-sociales. Ca va se cristalliser sur deux ou trois interprétations complotistes », souligne M. Desormeaux.

Plusieurs internautes ont cru voir une personne vêtue d’un « gilet jaune » marcher près du toit en flammes… qui n’était en fait qu’un pompier. D’autres ont cru voir sur l’autre côté du toit une personne contempler le feu… alors que ce n’était qu’une statue.

Certains ont aussi lancé de fausses pistes pour inciter leur public à la haine anti-musulmans : une vidéo présentant un montage de cris « Allah Akbar » sur des images de la cathédrale en feu était encore visible sur YouTube mardi soir.

Plusieurs personnalités de l’opposition ont également joué sur l’ambiguïté dans les médias ou sur les réseaux sociaux, profitant immédiatement du drame pour faire passer un message politique.

« Comment ne pas voir le lien entre l’incendie de ce chef-d’oeuvre du patrimoine religieux français et le président de la République française », a tweeté Christine Boutin, la présidente d’honneur du Parti chrétien-démocrate (droite). Avant de supprimer son tweet et de saluer une « belle intervention » d’Emmanuel Macron.

Le président de Debout la France (droite) Nicolas Dupont-Aignan a demandé sur LCI à « savoir si c’est un accident ou si c’est un attentat ».

Meyer Habib, député des Français de l’étranger. (Crédit : capture d’écran YouTube/Meyer Habib)

Des suppositions reprises aussi dans un tweet par Meyer Habib, député UDI (centre-droit) de la 8e circonscription des Français de l’étranger : « Accident ou attentat criminel ? Aucune piste à exclure. Fermeture du chantier à 17h ; feu à 18h50 ; présence d’ouvriers, pourquoi ? Plusieurs départs de feu ? Incendie de Saint-Sulpice, 3 églises vandalisées par jour… La vérité, seulement la vérité ! »

Suite aux réactions suscitées par son message, l’élu a répondu dans un tweet publié ce matin : « S’interroger sur l’origine de l’incendie de Notre-Dame de Paris serait du complotisme ? Délirant ! J’espère qu’il est accidentel mais combien d’attentats ? D’églises profanées ? Les experts s’interrogent. Écarter d’emblée toute autre piste, c’est ça qui est irresponsable. »

Un message auquel le philosophe Raphaël Enthoven a répondu : « Vous êtes un filou. Vous vous posez une fausse question, dans le seul but de profiter cyniquement des (rares) dividendes de l’inquiétude. Vous faites passer pour une demande de vérité une mini-tentative d’enfumage public (si j’ose dire). C’est nul. Chacun jugera. »

« On n’est pas responsable politique quand on se complaît dans le complotisme », a cinglé le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.

Plusieurs personnalités ont aussi profité de l’incendie de Notre-Dame de Paris pour faire un lien avec les violences faites aux chrétiens, invoquant l’incendie criminel qui a endommagé l’entrée de l’église parisienne Saint-Sulpice mi-mars, et la profanation de plusieurs églises françaises début février.

L’incendie de la cathédrale a également donné lieu à des interprétations politico-religieuses beaucoup plus précises : deux tabloïds serbes ont évoqué une « punition divine » provoquée par la présentation d’un drapeau du Kosovo dans son enceinte lors d’une cérémonie en 2018, avant de retirer leurs articles.

Et d’autres internautes y ont vu une vengeance contre un jeune Français, Hugo, auteur d’un tweet humoristique basé sur une photo de La Mecque, jugée blasphématoire par certains musulmans, et qui lui avait valu une avalanche de menaces de mort sur les réseaux sociaux.

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