Nucléaire iranien: pas à des fins « civiles crédibles » selon Londres, Paris et Berlin
Les stock d'uranium donnent "à l'Iran la capacité de produire rapidement suffisamment de matières fissiles pour plusieurs armes nucléaires", met en garde le groupe E3
Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont accusé mardi l’Iran d’augmenter son stock d’uranium hautement enrichi à des « niveaux sans précédent », sans « aucune justification civile crédible ».
Les trois pays ont également estimé que l’Iran devait « inverser son escalade nucléaire », dans un communiqué avant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur le programme nucléaire de Téhéran.
La République islamique défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie, mais nie vouloir se doter d’une bombe atomique, ce que soupçonnent les pays occidentaux.
« Le stock d’uranium hautement enrichi de l’Iran a atteint des niveaux sans précédent, là encore sans aucune justification civile crédible », ont déploré les trois pays, dans un format connu sous le nom de E3, ajoutant que cela « donnait à l’Iran la capacité de produire rapidement suffisamment de matières fissiles pour plusieurs armes nucléaires ».
« L’Iran a accéléré l’installation de centrifugeuses avancées, ce qui constitue une nouvelle étape préjudiciable dans ses efforts pour saper l’accord nucléaire qu’il prétend soutenir », ont ajouté les trois pays.
L’E3 avait évoqué la semaine dernière un possible recours à un mécanisme de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 permettant de réimposer des sanctions contre Téhéran.
En 2015, Téhéran avait conclu à Vienne un accord avec la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les États-Unis pour encadrer son programme nucléaire. Le texte prévoyait en contrepartie un allègement des sanctions internationales contre Téhéran.
Mais en 2018, Donald Trump, alors président des États-Unis, avait retiré unilatéralement son pays de l’accord – auquel se conformait Téhéran, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) – et avait rétabli des sanctions contre l’Iran.
En représailles, Téhéran a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies. L’Iran est le seul Etat ne disposant pas de l’arme nucléaire à posséder de l’uranium enrichi à 60 %, selon l’AIEA. Le seuil d’enrichissement nécessaire pour fabriquer une arme atomique est de 90 %.
Mardi devant le Conseil de sécurité, la sous-secrétaire générale de l’ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a estimé que les parties étaient dans « l’impasse » à dix mois de l’expiration de la résolution onusienne qui endosse l’accord de 2015 pour dix ans.
L’ambassadeur iranien auprès des Nations unies a de son côté estimé mardi que c’étaient les pays occidentaux, et non pas l’Iran, qui n’honoraient pas leurs engagements.
Amir Iravani a qualifié ces accusations de « sans fondement » et estimé qu’elles étaient « basées sur des interprétations arbitraires et trompeuses » de l’accord de 2015.