Odeh affirme que le Parti travailliste israélien a abandonné ses principes
Pendant la conférence de J Street, le député arabe a affirmé que le parti de centre gauche n’était “pas une opposition du tout” au gouvernement de droite
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël

WASHINGTON – Devant un public de Juifs américains libéraux, Ayman Odeh, député israélien de la Liste arabe unie, a dénoncé sévèrement dimanche le Parti travailliste, l’accusant d’avoir trahi ses principes et de ne pas s’opposer à la coalition gouvernementale de droite du pays.
Il a appelé la gauche juive américaine à former une coalition avec sa propre union politique de partis majoritairement arabes et qui ne sont pas sionistes.
« Vous êtes venus ici aujourd’hui parce que nous savons que nous ne pouvons pas nous fier à l’opposition que nous avons, celle qui est prête à vendre ses valeurs en échange du pouvoir », a-t-il déclaré pendant la Conférence nationale 2017 de J Street à Washington.
Il a commencé son discours de 30 minutes au rassemblement annuel de l’association libérale en racontant les affrontements mortels du mois dernier entre les habitants du village bédouin non reconnu d’Umm al-Hiran et la police israélienne, qui venait exécuter une ordonnance judiciaire de démolition de maisons dans le village. Un habitant du village, Yaqoub Mousa Abu al-Qian, et un policier, Erez Levi, ont été tués.
La police et les politiciens, dont le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, avaient affirmé qu’Abu al-Qian avait renversé délibérément avec son véhicule des policiers dans une attaque terroriste, mais l’enquête montrerait qu’al-Qian a été visé par des coups de feu des policiers avant que sa voiture n’accélère et ne renverse Levi.

Odeh était à Umm al-Hiran ce jour-là, le 18 janvier. Il avait été légèrement blessé par des balles en caoutchouc tirées par la police.
« Le Parti travailliste n’a rien fait pour empêcher de détruire Umm al-Hiran et laisse ses habitants sans abri, a-t-il déclaré. Il a abandonné les associations de défense des droits de l’Homme et des droits civiques aux attaques des partis de droite. Et il n’a fourni aucun leadership pour mettre fin à l’occupation et résister à l’agenda extrémiste du gouvernement de droite. »
« Ils se sont appelés le ‘camp sioniste’. La droite s’appelle le ‘camp national’. Nous, Arabes et Juifs ensemble, construisons un nouveau camp, un camp démocratique, qui a déjà commencé à montrer au monde à quoi ressemblait une opposition réelle, de principe, et forte », a-t-il continué.
« Le moment est venu pour une opposition réelle, qui a des principes, qui n’a pas peur, a-t-il déclaré. Une opposition menée par le Parti travailliste qui est une ombre de la droite n’est pas une opposition du tout. »
Odeh, qui dirige le parti Hadash, qui fait partie de la Liste arabe unie, a également cherché à lier Netanyahu au président américain Donald Trump. Les deux hommes sont très impopulaires auprès de ce public.
« En Israël, dans le monde entier, ici aux Etats-Unis, ceux qui sont au pouvoir ne se préoccupent que de leur propre pouvoir », a-t-il accusé.

« Trump et Netanyahu ont cimenté leur pouvoir de la même manière que les régimes l’ont fait dans l’Histoire : avec la langue de la peur et une haine qui [nous] consume lentement, en nous tournant les uns contre les autres au lieu de nous rappeler nos valeurs partagées et nos intérêts communs », a-t-il déclaré.
La sixième Conférence nationale de J Street, qui se déroule du 26 au 28 février, accueillera lundi plusieurs célèbres politiciens démocrates, dont le sénateur du Vermont Bernie Sanders.
Le vice-président Mike Pence, le secrétaire à la Défense James Mattis et le secrétaire d’Etat Rex Tillerson ont été invités mais n’ont pas répondu à l’invitation, a indiqué J Street.
John Kerry et Joe Biden, qui était alors respectivement secrétaire d’Etat et vice-président, étaient présents pour la conférence de 2016.
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