Options binaires : des dizaines de plaintes déposées depuis l’étranger
Un avocat de victimes présumées dit que tous ses dossiers se sont, à ce jour, conclus par des arrangements ; les poursuites civiles sont une solution face à l'inaction d'Israël
Simona Weinglass est journaliste d'investigation au Times of Israël
Dans un contexte d’incapacité de la police et des procureurs israéliens à poursuivre de manière effective les auteurs d’arnaque en ligne, les tribunaux israéliens assistent à de nombreux dépôts de plainte au civil de la part de victimes présumées de l’étranger contre des citoyens de l’Etat juif qui, selon eux, les ont escroqués par le biais de la vente d’options binaires et autres activités frauduleuses.
Les registres des tribunaux israéliens révèlent ainsi que des dizaines de poursuites judiciaires ont été intentées contre des sociétés d’options binaires israéliennes par d’anciens clients aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, au Danemark, en Suède, en République tchèque, en Inde, au Belize ou à Singapour – ainsi que par de nombreuses autres victimes présumées d’escroqueries aux investissements habitant en Israël.
Alors qu’il est difficile de déterminer de manière précise combien de plaintes ont été déposées – les données des tribunaux israéliens ne sont pas disponibles par mot-clé – le Times of Israel estime qu’il y en aurait eu entre 50 et 100 au cours des deux dernières années.
Certaines affaires sont encore en cours tandis que d’autres se sont conclues par des arrangements judiciaires.
Malgré cette série de plaintes au civil et des poursuites intentées, sans discontinuer, par le département américain de la Justice à l’encontre des fraudeurs aux options binaires, peu d’éléments semblent indiquer que la police israélienne enquête activement sur les fraudes liées aux options binaires et autres investissements présumés.
Des investigations, qui avaient commencé en 2017, avaient amené la police à déterminer que le propriétaire d’une firme de vente d’options binaires n’était coupable d’aucune malversation, selon un document consulté par le Times of Israel.
Les lanceurs d’alerte qui s’étaient exprimés dans le passé auprès de la police israélienne au sujet de ces escroqueries aux investissements émanant du territoire israélien avaient qualifié la réaction policière d’indifférente ou dépassée par la complexité d’une enquête qui impliquait, de fait, de multiples juridictions et documents en langues étrangères.
Yoram Fay, avocat qui a lui-même poursuivi plusieurs entreprises israéliennes d’options binaires pour le compte de plaignants vivant à l’étranger, a la certitude que ces plaintes au civil peuvent apporter un certain soulagement aux victimes présumées.
« J’encourage les gens à porter plainte en Israël parce qu’aucune des plaintes qui se trouvent aujourd’hui entre mes mains n’ont encore débouché sur une situation où un juge a dû énoncer un verdict. Les accusés ont compris que c’était dans leur intérêt de payer », explique-t-il.
« Cela vaut la peine de porter plainte parce qu’il est possible de récupérer son argent », assure-t-il.
La fraude aux options binaires a prospéré en Israël pendant environ une décennie avant que la Knesset ne rende l’activité illégale en octobre 2017, en très grande partie grâce au travail de journalisme d’investigation mené par le Times of Israel qui avait commencé par un article écrit au mois de mars 2016 et intitulé Les loups de Tel Aviv : la vaste et immorale arnaque des options binaires dévoilée.
A son apogée, des centaines d’entreprises s’étaient engagées dans cette escroquerie, employant des milliers d’Israéliens pour escroquer des victimes dans le monde entier à hauteur de milliards de dollars. Les firmes sans scrupules trompaient leurs clients en leur faisant croire qu’elles faisaient des investissements juteux et qu’elles gagnaient de l’argent, les encourageant à augmenter leurs mises – jusqu’à une rupture des contacts avec les investisseurs et la disparition de tout les fonds déposés – ou presque.
La vaste majorité des auteurs présumés de ces escroqueries ont depuis lors transféré leurs opérations à l’étranger ou se sont tournés vers d’autres arnaques tout en continuant leurs activités en Israël. Ils se sont enrichis au détriment des victimes en jouissant d’une totale impunité, et sans que leur statut social ne soit guère entaché.
Voici les résumés de plusieurs plaintes déposées récemment devant les tribunaux israéliens.
Dans presque chacun des cas, les plaignants ont fait des opérations de trading via un site internet et se sont entretenus avec des agents travaillant dans des centres d’appel qui les ont escroqués.
Le travail le plus difficile, pour les victimes, a été de retrouver l’entreprise ou l’individu, en Israël, ayant la responsabilité de l’exploitation du site qui les a volontairement trompées. Les compagnies d’options binaires ou de Forex vont souvent très loin pour conserver leur anonymat, utilisant des compagnies offshore, des adresses IP génériques et des faux noms pour dissimuler les identités de leurs exploitants.
La majorité des personnes ayant lancé des poursuites judiciaires ont finalement découvert le ou les responsables grâce au travail grassement rémunéré – correspondant parfois à un mois de salaire – d’un détective et dans presque tous les cas, la ligne de défense avancée par les accusés a été que les plaignants avaient fait erreur et poursuivaient les mauvais individus.
Affaire 48800-12-18 : un couple du Wisconsin contre FMCapitals.com
Un couple habitant aux États-Unis, dans le Wisconsin, a porté plainte au mois de décembre dernier à hauteur de 568 000 dollars contre une firme appelée CMT Global Trading (2012). Cette dernière, prétend le couple, était chargée de l’exploitation des sites d’options binaires FMarket.com et FMCapitals.com.
Les plaignants, représentés par les avocats israéliens Tom Lifshitz et Avi Aseo, clament avoir commencé à investir dans le commerce des options binaires au mois de février 2017 et que des profits stables d’environ 10 % par mois leur avaient été promis par leur courtier, un dénommé « Frank Lee ».
Ils avaient transféré 250 000 dollars à deux reprises vers un compte bancaire de HSBC à Hong Kong. Une partie de l’argent provenait du compte-retraite de l’époux, précise la plainte. La totalité des fonds a été perdue.
En conséquence de ces pertes, les plaignants affirment se trouver dans un état de détresse psychologique et financière. Ils ajoutent qu’ils doivent des centaines de milliers de dollars d’impôts qu’ils ne sont pas en mesure d’honorer.
Sont également accusés dans ce dossier, en plus de CMT Global Trading, deux Israéliens, Daniel Kibel et Ibrahim Abu Ita, et un citoyen britannique appelé David Kyte. Les quatre nient tout lien avec l’industrie des options binaires et déclarent que leur entreprise fournissait uniquement des services de marketing aux compagnies d’investissements et de type Forex à l’étranger. Ils ajoutent que leur firme possède une licence en Afrique du Sud.
Ce dossier n’en est qu’au stade de l’étude et devrait passer devant les magistrats en juin 2020.
Affaire 17978-12-18 : un habitant d’Indianapolis contre RumeliaCapital.com
En décembre 2018, encore une fois, un homme de 67 ans a porté plainte contre une entreprise israélienne appelée Tracy P.A.I. et contre son propriétaire David Israel Cartu, pour un montant de 150 000 dollars.
L’homme, qui est représenté par les avocats israéliens Eldar Peretz et Michael Gal, a perdu cette somme, a-t-il affirmé, en investissant ses fonds par le biais d’un site répondant au nom de RumeliaCapital.com.
La plainte précise que la firme appartenant à l’accusé s’était pleinement donnée pour objectif de « tromper les citoyens à l’étranger et d’obtenir leur argent en recourant à la fraude ».
D’après la plainte, lorsque le sexagénaire a tenté de retirer les fonds qu’il avait investis, il s’est trouvé dans l’incapacité de le faire. Le site fermera ensuite entièrement, n’offrant aucune possibilité de recours au plaignant.
L’accusé David Cartu affirme pour sa part que cette plainte n’a pas lieu d’être et qu’elle vise exclusivement à le harceler. Il prétend que Rumelia Capital était un site de commerce d’options binaires étranger, à destination des étrangers et qu’Israël n’est nullement impliqué dans cette affaire.
Il assure par ailleurs que les options binaires n’étaient pas illégales en Israël avant l’adoption de la loi les ayant interdites en octobre 2017.
Tandis qu’il reconnaît que l’entreprise dont il est propriétaire, Tracy P.A.I., avait fourni des services « en marque blanche » à Rumelia Capital, il précise que Tracy P.A.I. n’avait passé aucun accord avec les clients finaux et ne servait que de courtier.
Au mois de juillet 2019, les avocats du plaignant ont annoncé que les deux parties menaient des négociations intensives pour parvenir à un arrangement judiciaire, qui éviterait un procès. Au mois de septembre 2019, elles ont demandé au juge de rejeter la plainte. Peretz, l’avocat du sexagénaire, a indiqué au Times of Israel qu’il n’était pas en capacité de dévoiler les dispositions comprises dans l’arrangement.
Affaire 47432-07-18 : une résidente du Minnesota contre Beeoptions.com
Une autre plainte contre Tracy P.A.I. et David Israel Cartu a été déposée en juillet 2018. Elle fait actuellement l’objet d’un examen.
C’est une femme du Minnesota qui a lancé les poursuites judiciaires. Elle est représentée par les avocats Nimrod Assif et Haggai Carmon et réclame la somme de 5,4 millions de dollars aux accusés.
Elle affirme avoir perdu 675 000 dollars, soit la somme qui figurait sur son compte de transactions détenu chez BeeOptions.com. La firme avait disparu d’internet au mois de mars 2016. Elle clame, en outre, que Tracy était responsable de l’exploitation de BeeOptions.com.
Son courtier, prétend-elle – un homme qui s’était présenté sous le nom de « Ryan Daniels » et qui affirmait l’appeler depuis un bureau de Londres – lui avait promis des bénéfices dans ses opérations de trading, à hauteur de centaines de points de pourcentage.
La plainte déclare que c’était une entreprise connue sous le nom de Global Transaction Services qui traitait les paiements de BeeOptions.com. Plus tard, ce traitement avait été assuré par une compagnie appelée Greymountain Management.
Dans les documents du tribunal, l’avocat de David Cartu indique que BeeOptions appartenait à un homme bulgare et ukrainien – ce que n’est pas son client. Les documents soumis par ce dernier lors de l’examen de la plainte ont récapitulé les noms de plusieurs firmes qui avaient recueilli des paiements par cartes de crédit pour des entreprises d’options binaires par le biais de Greymountain Management.
Ces dernières s’appelaient Credorax, Wirecard, Transact Pro et Max Pay.
Affaire 30504-12-18 : un citoyen indien contre Trade12.com
Au mois de décembre 2018, un homme âgé de 48 ans originaire d’Inde a porté plainte contre une entreprise israélienne appelée Pay Trade Service Ltd. et contre son propriétaire Motti Mor (ex-Miriashvili) pour un montant de 148 550 dollars.
C’est la somme qui aurait été investie par ce citoyen indien par l’intermédiaire du site Trade12.com.
Pour sa défense, Motti Mor affirme ne pas être propriétaire de Trade12 qui appartiendrait à Exo Capital Markets Ltd., une compagnie enregistrée aux îles Marshall. Il reconnaît qu’en 2016 et 2017 (avant la perte présumée de ses fonds par le plaignant), sa firme a fourni des services technologiques et commerciaux à Trade12, mais que, insiste Mor, son entreprise n’a jamais été impliquée dans les activités de trading du site internet et que personne appartenant à sa firme ne s’est jamais entretenu avec le plaignant.
Fay a expliqué au Times of Israel que le magistrat lui avait finalement demandé de retirer la plainte dans la mesure où il n’y avait pas de preuves suffisantes pour déterminer que Trade12 appartenait à Motti Mor, comme l’affirmait le plaignant. Le juge a par ailleurs suggéré que Fay représente le dossier à l’avenir s’il devait trouver des éléments probants supplémentaires. Le plaignant n’a pas été contraint de payer les frais de justice de l’accusé.
Affaire 31672-05-18 : une citoyenne suédoise contre CentralOption.com
Au mois de mai 2018, c’est une femme suédoise qui a porté plainte contre Y.M. Central Ltd. et contre un homme, Maor Azhari, pour un montant de 183 112 shekels (47 600 euros environ) suite aux pertes financières qu’elle aurait essuyées sur le site d’options binaires CentralOption.com.
La femme, représentée par les avocats Raouf Najjar et Adam Ashkenazi, clame que son courtier, « Adam Louis », l’a convaincu d’investir l’argent en utilisant des arguments mensongers et frauduleux.
Devant le tribunal, Maor Azhari a affirmé qu’après une période difficile de son existence – au cours de laquelle il avait suivi un programme de désintoxication et perdu ses parents – il avait rencontré un immigrant français en Israël, David Yosef, qui l’avait persuadé d’enregistrer à son nom la firme Y.M. Central Ltd.
En fait, a déclaré Maor Azhari, il n’avait jamais été lui-même impliqué dans l’entreprise, et sa relation avec l’immigrant français aura « détruit sa vie ».
L’affaire est en cours, et la date de la prochaine audience devant la cour des magistrats de Tel Aviv n’a pas encore été fixée.
Affaire 1346-09-18 : un citoyen néerlandais contre Atoslimited.com
Au mois de septembre 2018, un homme de 52 ans originaire des Pays-Bas a porté plainte contre L.L. Globus Ltd (une entreprise israélienne), Globus Capital Associates Limited (enregistrée au Royaume-Uni) et contre un résident d’Ashdod, Nir Lankry, devant la cour des magistrats de Tel Aviv.
Ce ressortissant néerlandais, qui est représenté par les avocats Raouf Najjar et Adam Ashkenazi, a lancé des poursuites à hauteur de 128 000 shekels, un montant qu’il aurait perdu après avoir investi sur le site d’options binaires atoslimited.com.
Pour pouvoir effectuer des opérations de trading sur le site AtosLimited.com, le plaignant aurait transféré de l’argent par internet sur le compte bancaire d’une compagnie appelée Harty Asia Electronics Co. Ltd, à la banque HSBC, à Hong Kong.
Devant le tribunal, l’avocat de Lankry a nié que ce dernier ait été propriétaire du site d’options binaires, affirmant qu’il appartenait en réalité à un autre homme, Prosper Soussan. L’avocat de Soussan a reconnu que le nom de son client apparaissait sur certains documents de la firme, mais a insisté sur le fait qu’il n’avait été qu’un homme de paille.
Dans une plainte antérieure (le dossier 60041-10-17) dans laquelle Lankry avait été poursuivi par son associé d’affaires, Maor Korem, l’accusé avait déclaré qu’il était co-propriétaire du site atoslimited.com, aux côtés de Korem et de deux autres partenaires. Korem avait indiqué que Lankry et lui, en partenariat avec deux autres individus, avaient lancé une firme de télémarketing mais n’a pas mentionné son nom, précisant qu’elle avait fait faillite en raison d’une mauvaise gestion.
Le citoyen néerlandais et Lankry ont trouvé un arrangement judiciaire, Lankry acceptant de verser au plaignant la somme de 50 000 shekels (13 000 euros) en 25 mensualités.
Affaire 38215-07-18 : une ressortissante canadienne contre OptionRally.com
Au mois de juillet 2018, une Canadienne vivant au Bélize, représentée par l’avocat Eldar Peretz, a traduit en justice deux hommes qui auraient exploité le site OptionRally.com, réclamant 601 202 shekels (156 400 euros).
La femme avait initialement porté plainte contre la compagnie E. T. Salestech, l’une des firmes qui assurait les services de call center pour le site internet mais lorsqu’elle avait appris que cette dernière était en liquidation, elle avait estimé que les propriétaires de la firme, Tal Fromchenko et Elad Yitzhak Peled, devaient être tenus personnellement pour responsables.
La femme avait déclaré que son courtier, un homme qui se faisait appeler « Samuel Bale », lui avait dit que les transactions qu’elle effectuait sur la plateforme de trading étaient « sûres – cela revient à ramasser de l’argent par terre ».
Peled et Fromchenko, membre de la famille à la tête de l’entreprise de chocolat Elite, avaient dit pour leur défense qu’OptionRally avait obtenu une licence de la part de la commission des services financiers du Belize. Ils avaient également noté que la plaignante avait signé une décharge reconnaissant que le commerce d’options binaires était à haut risque et que la possibilité qu’elle perde la totalité de ses investissements était réelle.
Ils avaient expliqué, de plus, qu’OptionRally appartenait à une compagnie, TCM Investments, enregistrée à Belize et qu’Israël n’était donc pas la juridiction compétente concernant le dépôt d’une plainte.
La femme avait de surcroît signé un accord stipulant que tout conflit avec la firme serait résolu devant un tribunal du Belize, avaient-ils continué.
L’avocat de la plaignante avait clamé pour sa part que TCM Investments était une société-écran et que les documents de faillite de l’entreprise israélienne avaient décrit cette dernière comme une compagnie issue de l’industrie des options binaires, et que ses employés auraient gagné leurs commissions sur les dépôts effectués par les clients – ce qui laissait entendre que la firme était bien l’entreprise d’options binaires elle-même et qu’elle ne s’était pas contentée de fournir des services.
Ce dossier s’est finalement conclu par un arrangement judiciaire, à l’écart des magistrats, et la plainte a été retirée. L’avocat Eldar Peretz a déclaré au Times of Israel ne pas être en mesure de dévoiler les termes de l’accord passé.
Affaire 12552-09-17 : un citoyen suédois contre IntegraOption.com
Au mois de septembre 2017, un homme de nationalité suédoise âgé de 70 ans avait porté plainte contre les Israéliens Chen Malka, Sharon Malka et leur père, Gil Malka, ainsi que contre un homme appelé Nadav Gover et deux entreprises israéliennes appelées S.O. Marketing et G.M. Media Software.
Le plaignant, représenté par les avocats Adam Ashkenazi et Raouf Najjar, avait réclamé 47 390 euros, qu’il aurait perdus sur le site frauduleux présumé IntegraOption.com.
Les plaignants ont clamé que la plainte n’aurait pas dû être déposée en Israël puisque le contrat avait été établi entre un citoyen étranger et une entreprise étrangère. Ils ont ajouté que le plaignant n’avait aucune preuve d’un lien existant entre eux et IntegraOption.
Les poursuites ont finalement été abandonnées après la conclusion d’un accord. Me Najjar a expliqué au Times of Israel qu’il lui était impossible de préciser les dispositions de cet arrangement final.
Affaire 13095-09-18 : une citoyenne américaine contre PorterFinance.com
Au mois de septembre 2018, c’est une citoyenne américaine qui a porté plainte contre une société israélienne appelée JMRB Media, et contre ses propriétaires, Ron Benharav et Jonathan Jason Maymon, pour la somme de 642 000 dollars.
La plaignante, par le biais de son avocat Lior Shaby, affirme avoir été escroquée par un site appelé PorterFinance.com.
Les accusés, Benharav et Maymon, ont nié tout lien avec Porter Finance et déclaré à la plaignante qu’elle se trompait d’individus. L’affaire est actuellement en cours, et la prochaine audience aura lieu le 22 décembre.
Affaire 31398-08-18 : un résident néo-zélandais contre BossCapital.com
Au mois d’août 2018, un homme originaire de Nouvelle-Zélande a porté plainte contre Rushmore Marketing, une firme aujourd’hui disparue, et son propriétaire Jonathan Siennicki pour la somme de 472 000 shekels en raison des fonds qu’il aurait perdus sur le site BossCapital.com.
L’homme était représenté par l’avocat Lior Shaby. Les accusés ne présenteront jamais de défense et, au mois d’avril 2019, les magistrats les ont condamnés à verser au plaignant la somme de 472 000 shekels (122 800 euros), plus 25 324 shekels (6 588 euros) en frais de justice.
Affaire 30417-12-18 : un citoyen des Pays-Bas contre Tradorax.com
Au mois de décembre 2018, un Néerlandais, représenté par l’avocat Yoram Fay, a porté plainte contre Jack Henry Wygodski, Avi Itzkovich et Yael Fuks pour un montant de 68 150 euros.
Les trois accusés auraient été les propriétaires et les dirigeants des sites TraderVC.com et Tradorax, exploités par une firme appelée Rax Media OOD, qui se trouvait en Bulgarie. Selon la plainte, Rax Media aurait recruté des Israéliens et les aurait encouragés à s’installer en Bulgarie pour travailler dans un centre d’appel.
Une détective privée a été embauchée par le plaignant. Celle-ci a pu s’entretenir, sous couverture, avec d’ex-employés. L’un d’entre eux lui aurait dit que les salariés du centre d’appel bulgare avaient eu le sentiment que la police s’intéressait à eux.
Le plaignant et les accusés ont finalement trouvé un arrangement judiciaire, et la plainte a été retirée, sans que le plaignant ne soit contraint de payer les frais juridiques des personnes poursuivies.
Affaire 16815-12-18 : une ressortissante australienne contre 365binaryoption.com
Une femme originaire d’Australie, représentée par l’avocate Edith Millet Bar Oz, a lancé des poursuites judiciaires à l’encontre de la firme israélienne Paperclick Marketing Ltd. au mois de décembre 2018 ainsi que contre son propriétaire, Roy Shagan, pour la somme de 736 560 shekels (191 628 euros).
La femme, une infirmière de 59 ans, a également porté plainte contre deux courtiers qui s’occupaient de son dossier et qui s’étaient présentés sous les noms de « Tom Voss » et « Daniel Mor ». La femme a déclaré avoir commencé à investir dans les options binaires après avoir vu une campagne de publicité intitulée « Fast Cash », à laquelle avait participé Sir Richard Branson. Elle a expliqué avoir finalement perdu toute sa retraite et risquer dorénavant de perdre son logement.
Paperclick Marketing a fait savoir dans sa défense que la firme s’était contentée de fournir des services à Fintech Software, Inc., une firme enregistrée aux îles Vierges britanniques qui était propriétaire de 365binaryoption.com.
Le propriétaire de Paperclick Marketing, Roy Shagan, est issu d’une famille aisée et le cousin de Shaul Elovich, magnat des télécommunications sur le point d’être mis en examen, aux côtés du Premier ministre Benjamin Netanyahu, pour pots-de-vin dans l’Affaire 4000, sans lien toutefois avec ce dossier.
Le 1er décembre, la plaignante a déposé une plainte amendée qui cite un nouvel accusé, Tommy Agami. Le document prétend qu’Agami est la réelle identité de celui qui se faisait passer pour « Tom Voss », le courtier.
Tommy Agami est un chanteur israélien qui, aux côtés de son frère Yan, avait fait une apparition dans la version israélienne de l’émission de télévision « The X-Factor ». L’avocat de la plaignante affirme avoir découvert qui était « Tom Voss » après avoir obtenu un document Excel qui répertoriait les employés de Paperclick Marketing ainsi que les « noms de scène » qu’ils utilisaient lorsqu’ils s’adressaient aux clients.
En réponse à la plainte révisée, l’avocat des accusés a suggéré que le document Excel était peut-être arrivé illégalement entre les mains de la plaignante, qui avait accédé d’une manière ou d’une autre aux services de communication interne de l’entreprise. Il a également douté de l’authenticité du document et laissé entendre qu’il avait été créé à dessein par une personne souhaitant nuire à l’entreprise.
L’affaire est toujours en cours, et la prochaine audience devant le tribunal aura lieu le 5 janvier 2020.
Affaire 27768-10-18 : une citoyenne tchèque contre UKOptions.com
Une femme tchèque de 47 ans, représentée par les avocats Raouf Najjar et Adam Ashkenazi, a porté plainte en octobre 2018, réclamant 233 966 shekels (60 860 euros). Elle y désigne nommément deux Israéliens, Uri Katz et Adi Marom, ainsi que la compagnie israélienne UKFM Ltd.
Les accusés nient avoir un lien avec la compagnie qui aurait dérobé les fonds investis par la plaignante. La prochaine audience est prévue le 22 décembre 2019.
Affaire 52822-08-18 : un résident du Texas contre StarlingCapital.com
Un Américain représenté par l’avocat Yoram Fay a lancé des poursuites judiciaires contre Silverpop Media Ltd. et Citrin Technologies Ltd., ainsi que contre Alexander Abdayev, Yishai Beserglick, Raz Beserglick, Karen Ronen, Luba Orman, Tali Kadosh, Itai Bar Ilan, Yosef Mizrachi et Amit Sides, pour une somme d’un montant de 274 000 dollars.
Selon le plaignant, les accusés sont les propriétaires et les employés de deux entreprises qui exploitaient le site d’options binaires StarlingCapital.com.
Le plaignant prétend que Greymountain Management a traité les paiements de Starling Capital. Il rapporte de surcroît avoir fait un virement d’un montant de 150 000 dollars à une entreprise basée à Dubaï et appelée Cutter International Limited.
Les accusés nient catégoriquement tout lien avec le site internet StarlingCapital.com.
L’affaire est en cours, et les audiences reprendront au mois de mars 2020.
La culture israélienne de l’impunité
Les forces de l’ordre israéliennes se sont montrées incapables – ou non désireuses – de s’attaquer au problème des fraudes sur Internet dans le pays, en dépit du fait que, depuis plusieurs années, ces dernières se font à une échelle industrielle.
Les autorités américaines, pour leur part, s’attaquent de plus en plus à cette forme d’escroquerie. La directrice de la Communication de Yukom Communications, Lee Elbaz, a été condamnée par un jury du Maryland le 6 août pour son implication dans une fraude d’un montant de 145 millions de dollars. Cinq anciens employés de la firme ont plaidé coupable pour conspiration en vue de commettre une fraude électronique, et quinze autres ont été mis en examen.
Le 9 octobre, la SEC a lancé des poursuites contre les propriétaires israéliens des sites internet LBinary et IvoryOption.
Pour sa part, le 30 septembre, la SEC a inculpé deux Israéliens, Gil Berserglik et son fils Raz Beserglik, aux côtés d’un ressortissant allemand du nom de Kai Peterson, de fraude aux options binaires pour un montant de 100 millions de dollars par le biais de l’exploitation des sites Bloombex Options, Morton Finance et Starling Capital.
Le 30 septembre, la SEC a aussi inculpé deux commerciaux vivant sur le sol américain, David Sechovicz et Peter Szatmari, pour vente d’options binaires à l’aide de vidéos, de sites internet et de publicités mensongères et trompeuses.
Le 12 août, la CFTC a accusé plusieurs entreprises et individus liés à l’entreprise israélienne Yukom Communications de fraude, une escroquerie ayant permis de voler la somme de 100 millions de dollars.
En novembre 2018, Jason Scharf, directeur-général d’une firme d’options binaires nommée CiTrades, avait plaidé coupable aux Etats-Unis de conspiration en vue de commettre une fraude électronique. Il avait admis avoir escroqué les investisseurs, leur dérobant plus de huit millions de dollars.