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Analyse

Par sa fusion avec Saar, Gantz espère s’ouvrir la route au poste de Premier ministre

Pour le ministre de la Justice, l'alliance sauve Tikva Hadasha de l'oubli politique. Pour le ministre de la Défense, il s'agit d'enfin accéder au fauteuil insaisissable et convoité

David Horovitz

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le chef de Kakhol lavan, le ministre de la Défense Benny Gantz, à droite, et le chef de Tikva Hadasha, le ministre de la Justice Gideon Saar, annonçant la fusion de leurs partis, le 10 juillet 2022. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Le chef de Kakhol lavan, le ministre de la Défense Benny Gantz, à droite, et le chef de Tikva Hadasha, le ministre de la Justice Gideon Saar, annonçant la fusion de leurs partis, le 10 juillet 2022. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Benny Gantz avait tenté en vain d’écarter Benjamin Netanyahu du pouvoir et de devenir Premier ministre en tant que numéro un d’une alliance conclue avec Yair Lapid au cours de trois cycles électoraux successifs, en 2019 et en 2020.

Ensuite, Gantz avait rompu avec Lapid et il avait pensé avoir négocié un accord avec Netanyahu qui lui permettrait d’accéder à la fonction de chef du gouvernement – avant de voir, sans surprise, le leader rusé du Likud parvenir à échapper au pacte qui avait été conclu entre les deux hommes.

Enfin, l’année dernière, quand Netanyahu a été enfin vaincu après un quatrième scrutin, c’est une coalition qui s’est regroupée autour de Naftali Bennett et de Yair Lapid qui a rassemblé la majorité. Bennett est donc devenu Premier ministre, et Lapid occupe dorénavant le poste… Gantz, pour sa part, attend toujours.

Dimanche soir, Gantz a une nouvelle fois fait part de son désir d’occuper le fauteuil si convoité – par le biais, cette fois-ci, d’un partenariat avec Gideon Saar. « Nous posons la première pierre du prochain gouvernement », a-t-il déclaré avec confiance, nullement troublé – c’est remarquable – par ses expériences passées. Un gouvernement qui dit « oui à l’unité partout dans le pays et pour tous les citoyens, indépendamment de ce qu’ils sont », a-t-il continué, énumérant avec soin de potentiels alliés post-électoraux : « Ultra-orthodoxes, orthodoxes, laïcs ; musulmans, chrétiens, druzes et Juifs ».

L’alliance de Kakhol lavan, le parti du ministre de la Défense Gantz, et de Tikva Hadasha, la formation du ministre de la Justice Saar, semble avoir un sens pour le moins limité pour les deux factions. Ensemble, les deux hommes veulent capter les soutiens du centre politique et de ce que Gantz a défini sous le nom de « droite diplomatique » – un terme qui semble se référer aux électeurs de droite qui ne sont pas désireux d’assister au retour de Netanyahu.

Et ils présument de manière raisonnable que ce soutien se renforcera, le 1er novembre, grâce à leurs refus déclaré d’établir des partenariats avec les « extrémistes » dont ils n’ont pas précisé la nature – mais il est facile de supposer que les deux hommes ont fait allusion au parti Sionisme religieux à l’extrême droite et à la Liste arabe unie, à majorité arabe, du côté opposé de l’échiquier politique.

Annonçant leur union, Gantz et Saar n’ont pas accepté de questions de la part des journalistes et ils n’ont, par conséquent, donné aucun détail sur le « vaste terrain commun » qu’ils affirment partager. A en juger par leurs positionnements jusqu’à présent, leur alliance s’opposera à la formation d’un état palestinien mais pas à ce genre de dialogue que Gantz a pu mettre en place avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Ils pourraient soutenir des réformes « pour réparer, pas pour détruire » le système judiciaire, comme l’avait dit Saar au mois de janvier 2021. Et il est vraisemblable qu’ils n’établiront pas de partenariat avec Netanyahu – Netanyahu qui, a dit Gantz dimanche, affaiblit la cohésion nationale et sape la démocratie israélienne.

En fin de compte, Gantz et Saar ont dévoilé une alliance politique pragmatique conclue entre deux leaders à la tête de deux ministères dans la coalition anti-Netanyahu sortante, et qui espèrent que leur partenariat améliorera leur image à l’intérieur de ce bloc.

Et force est de reconnaître qu’en cédant la première place de la liste commune à Gantz, Saar a probablement échappé à la menace qui pesait sur sa formation Tikva Hadasha – qui risquait, selon les sondages, de sombrer dans l’oubli politique.

Mais Gantz nourrit un rêve plus important : il veut devenir Premier ministre. Et il se rapprochera de cet objectif pour le moment insaisissable si « la droite diplomatique », la droite anti-Netanyahu, s’avère avoir gonflé de façon considérable depuis que les Israéliens se sont rendus aux urnes pour la dernière fois, il y a à peine un an.

Mais si une telle perspective paraît improbable, Gantz espère néanmoins que son parti, après cette fusion, sera suffisamment fort pour tenir un rôle plus important dans les négociations de coalition que cela n’avait été le cas quand Lapid était à la manœuvre pour rassembler une alliance au pouvoir, l’année dernière. Peut-être que l’arithmétique de la Knesset – mais seulement peut-être – ouvrira la porte du bureau du Premier ministre au dirigeant d’une alliance de centre-droit, hostile à l’égard de Netanyahu mais qui n’accueillerait pas une fin de non-recevoir de la part des formations ultra-orthodoxes. Peut-être que si Netanyahu échoue – mais seulement peut-être – une nouvelle fois à rallier autour de lui une majorité, Gantz sera-t-il mieux placé pour prendre la barre du pays que ne le sera Lapid.

Après tout, Kakhol lavan de Gantz et Tikva Hadasha, de Gideon Saar, détiennent ensemble 14 sièges dans la Knesset sortante et il est évident qu’ils espéreront que leur alliance leur en apportera davantage. Et Naftali Bennett, comme s’en souvient parfaitement Gantz, est bien devenu un improbable Premier ministre à la tête d’un parti qui ne pouvait s’enorgueillir que de sept sièges.

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