Paris déplore une « syrianisation » de la Libye
Le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen, mène depuis plus d'un an une offensive visant à s'emparer de Tripoli
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déploré mercredi une « syrianisation » de la Libye, avec l’implication de la Russie et la Turquie dans le conflit qui déchire le pays, et appelé à un retour au processus politique.
« La crise s’aggrave puisque, je n’ai pas peur du mot, nous sommes devant une ‘syrianisation’ de la Libye », a-t-il lancé devant la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat.
Le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen, mène depuis plus d’un an une offensive visant à s’emparer de Tripoli, siège du Gouvernement d’union nationale (GNA) soutenu par l’ONU.
« Le Gouvernement d’union nationale est appuyé par la Turquie qui importe sur le territoire libyen des combattants syriens qui sont en nombre significatif, (c’est-à-dire) plusieurs milliers », a relevé le chef de la diplomatie française.
Avec « d’un autre côté, côté Haftar, dans une moindre mesure parce que les forces sont moins importantes, la présence de la Russie qui importe aussi des combattants syriens mais pas les mêmes », a-t-il ajouté.
Au début mai, un rapport d’experts de l’ONU a confirmé une présence en Libye de mercenaires du groupe Wagner, réputé proche du président russe Vladimir Poutine. Plusieurs centaines sont actuellement mobilisés sur place, selon le GNA.
La Russie a aussi récemment dépêché des avions de chasse pour soutenir les mercenaires au sol, a accusé mardi l’armée américaine.
« On ne peut imaginer une situation de conflictualité de ce type, une ‘syrianisation’ à 200 kilomètres des côtes européennes », a souligné Jean-Yves Le Drian en pointant les menaces sur « notre propre sécurité et celle des voisins y compris la Tunisie, l’Algérie ».
Le chef de la diplomatie française a appelé au respect de l’accord de Berlin, conclu en janvier, qui prévoit un retour au cessez-le-feu et à un processus politique.
« Il suffit de le mettre en œuvre, puis qu’on respecte l’embargo (sur les armes), puis que les forces étrangères se retirent », a-t-il insisté, en précisant qu’il aborderait ce sujet avec son homologue italien la semaine prochaine en Italie.
La Russie soutient le maréchal Haftar au côté des Emirats arabes unis, de l’Egypte et de l’Arabie saoudite. La France est aussi soupçonnée, malgré ses dénégations, de soutenir le maréchal Haftar.