Peter Bogdanovich, cinéaste hollywoodien adulé, s’éteint à 82 ans
Il a dirigé des films à succès comme "The Last Picture Show" ; son père, chrétien, a sacrifié sa carrière pour aider sa mère juive à fuir les nazis
JTA – Peter Bogdanovich, réalisateur et acteur nommé aux Oscars, dont les films, l’ego et les exploits hors caméra résument les excès du cinéma hollywoodien des années 1970, est décédé à l’âge de 82 ans.
Son décès a été annoncé jeudi, d’abord rapporté par le magazine Variety.
La mère de Peter Bogdanovich, Herma, était une Juive autrichienne. Son père, Borislav Bogdanovich, était un peintre chrétien orthodoxe originaire de l’ex-Yougoslavie qui a renoncé à sa carrière artistique pour obtenir des visas pour Herma et sa mère et les aider à échapper aux persécutions antisémites en Autriche, envahie par les nazis en 1938. La famille Bogdanovich est arrivée à New York à temps pour l’Exposition universelle de 1939 ; Peter est né peu après leur arrivée.
Cinéphile vorace (on dit qu’il voyait 400 films par an), Peter Bogdanovich a commencé sa carrière professionnelle dans les années 1960 comme critique de cinéma pour Esquire et programmateur pour le Musée d’Art Moderne avant de passer à la réalisation de films, suivant les traces de ses héros de la Nouvelle vague française. Il a d’abord réalisé des films à petit budget pour le pionnier de la comédie juive Roger Corman, puis est entré dans la cour des grands en 1971 avec « The Last Picture Show », un drame sur le passage à l’âge adulte dans une petite ville du Texas, avec Jeff Bridges et Cybill Shepherd (qui est devenue la compagne du réalisateur après avoir eu une liaison avec elle sur le tournage).
« The Last Picture Show » fut un succès critique et commercial, qui a valu à Peter Bogdanovich des nominations aux Oscars pour le meilleur réalisateur et le meilleur scénario adapté, et fit de son réalisateur de 32 ans un prodige que la presse a fréquemment comparé à son idole, Orson Welles.
Peter Bogdanovich a ensuite réalisé « What’s Up, Doc », sorti en 1972. Ce film, lui aussi un succès, était une comédie loufoque et contribua à faire de la star Barbra Streisand un sex-symbol. Peu après, accompagné de Frances Ford Coppola et William Friedkin, deux « enfants du cinéma », il a fondé la Director’s Company, une société de réalisation, sous l’égide de Paramount Pictures ; l’accord promettait aux trois hommes une liberté de création sans précédent, mais il n’a pas duré longtemps.
Bien que Peter Bogdanovich a connu une carrière de plusieurs décennies à Hollywood, réalisant des films bien accueillis comme « Paper Moon » et « Mask », il n’a plus jamais égalé le niveau de ses premiers succès, et une série de flops, combinée à son style de vie somptueux et à des histoires à scandale – comme sa liaison avec le mannequin de Playboy, Dorothy Stratten, sur le tournage de « They All Laughed » en 1981, assassinée par son mari – lui ont valu des problèmes financiers.
Mais le réalisateur n’a jamais perdu son esprit irascible pour l’écran, et a mené une carrière distincte en tant qu’acteur, exploitant pleinement son personnage à lunettes et obsessionnel. Le rôle le plus connu de Peter Bogdanovich à l’écran est celui d’un invité récurrent de la série HBO « Les Sopranos », dans lequel il incarne le Dr. Elliot Kupferberg, un thérapeute au nom à consonance juive qui est suffisamment éloigné de la famille de la mafia au centre de la série pour éprouver une fascination obsessionnelle pour elle.
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Bien que Peter Bogdanovich a rarement évoqué ses antécédents religieux dans les interviews, il était de toute évidence fier du rôle de son père dans le sauvetage de sa mère en Europe. « C’était un peintre vraiment génial et très apprécié en ex-Yougoslavie », a-t-il dit dans une interview accordée en 2019 au magazine New York, « mais il a tout abandonné pour sauver ma mère et sa famille parce qu’elles étaient Juives. Il ne l’était pas, mais eux l’étaient ».
Sa sœur, Anna Thea Bogdanovich, maintient une archive en ligne du travail de leurs parents, et les deux avaient l’intention de produire un documentaire sur le sauvetage d’Herma par Borislav.
En 2018, avec l’aide de Netflix et d’un groupe de ses anciens collaborateurs, Peter Bogdanovich a joué un rôle important dans l’achèvement et la sortie de « The Other Side of the Wind », le dernier film inachevé de son mentor Orson Welles, tourné à l’origine pendant la période de gloire de Peter Bogdanovich dans les années 1970. Peter Bogdanovich a également joué un rôle dans le film, celui d’un jeune réalisateur plein d’entrain.