Pour le Premier ministre d’Irak, c’est Israël qui a déstabilisé la région, pas le 7 octobre
"À l'aune de l'escalade que connaît la région, nous avons beaucoup parlé de l'importance de la stabilité, cette stabilité menacée par l'agression sioniste à Gaza", a dit al-Soudani
En recevant à Bagdad le président iranien Massoud Pezeshkian, le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani a assuré mercredi que l’Irak et l’Iran rejetaient une « extension » de la guerre menée à Gaza contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« À l’aune de l’escalade que connaît la région, nous avons beaucoup parlé de l’importance de la stabilité, cette stabilité menacée par l’agression sioniste [israélienne] à Gaza », a dit al-Soudani lors d’une allocution aux côtés du président iranien.
« Nous avons assuré à plus d’une occasion le refus d’une extension du conflit », a-t-il dit, évoquant des « positions communes » des deux pays vis-à-vis de cette « agression ».
Al-Soudani n’a pas fait mention du pogrom mené le 7 octobre par une horde de terroristes et de civils palestiniens.
Les tensions régionales ont plusieurs fois débordé en territoire irakien : pour dénoncer le soutien de Washington à Israël, les factions armées irakiennes pro-Iran ont mené l’hiver dernier des dizaines de frappes de drone et tiré des roquettes contre les soldats américains engagés avec une coalition internationale antijihadiste, en Irak et en Syrie.
Mardi soir encore, peu avant l’arrivée du président iranien, une « attaque » à l’aéroport de Bagdad a visé un « centre diplomatique américain », a annoncé l’ambassade des Etats-Unis, assurant qu’il n’y avait pas de victimes.
Un porte-parole militaire des Brigades du Hezbollah, influent groupe armé pro-Iran, a fustigé l’ « attaque », destinée selon lui à perturber la visite de M. Pezeshkian.
Après une guerre entre l’Irak et l’Iran dans les années 1980, les liens entre les deux pays à majorité chiite se sont considérablement resserrés depuis l’invasion de l’Irak en 2003 par les Etats-Unis qui renversa le régime de Saddam Hussein.
Au Kurdistan, les discussions de M. Pezeshkian devraient porter sur l’opposition kurde iranienne, installée dans cette région depuis des décennies et ciblée ces dernières années par des frappes de l’Iran.
« Nous avons réussi (…) à réguler la situation sécuritaire dans les zones frontalières », a estimé mercredi M. Soudani, rappelant que l’Irak « refuse de voir une quelconque entité lancer depuis son territoire une agression, action armée ou menace contre la République islamique d’Iran ».
L’Irak et l’Iran ont par ailleurs signé mercredi 14 protocoles d’accord pour renforcer leur coopération et consolider des liens déjà stratégiques.
Allié incontournable de l’Irak, l’Iran jouit d’une forte influence auprès des principaux partis politiques chiites irakiens, mais aussi des groupes armés, les ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi, désormais enrôlés dans l’appareil sécuritaire.
Le gouvernement irakien maintient dans le même temps des relations stratégiques avec l’allié américain, notamment sur le plan militaire.
Pour le politologue irakien Ali al-Baidar, « l’Iran a besoin du marché irakien pour ses exportations, tout comme il a besoin des importations énergétiques irakiennes ».
Pezeshkian a été accueilli en grande pompe par M. Soudani à l’aéroport de Bagdad, où il s’est ensuite recueilli devant un mémorial dédié au général iranien Qassem Souleimani et un influent commandant du Hachd, tous deux tués en Irak en 2020 par un drone armé américain.