Israël en guerre - Jour 465

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Pour Lee Zeldin, les propos de Trump sur la déloyauté « vont beaucoup trop loin »

Pour ce membre Républicain du Congrès, soutien ardent du président et porte-étendard du parti pour son positionnement pro-israélien, Trump n'aurait pas dû utiliser ce terme

Le président Donald Trump, à droite, salue le représentant de New York Républicain Lee Zeldin, au centre, et son épouse Diana Zeldin, à gauche, après leur arrivée à l'aéroport Francis S. Gabreski à  Westhampton Beach, New York, le 9 août 2019 (Crédit : AP Photo/Susan Walsh)
Le président Donald Trump, à droite, salue le représentant de New York Républicain Lee Zeldin, au centre, et son épouse Diana Zeldin, à gauche, après leur arrivée à l'aéroport Francis S. Gabreski à Westhampton Beach, New York, le 9 août 2019 (Crédit : AP Photo/Susan Walsh)

WASHINGTON (JTA) — Sur les nombreux Juifs mis mal à l’aise par les propos de Trump – selon qui les Juifs votant pour les Démocrates se prêteraient à une démonstration de « déloyauté » envers leurs semblables et envers Israël – c’est Lee Zeldin qui pourrait bien se trouver à la place la plus difficile.

Ce membre du Congrès originaire de New York et qui est l’un des deux seuls Juifs républicains à la Chambre des représentants est l’un des partisans et défenseurs les plus ardents de Trump. Il se dit toutefois aujourd’hui en désaccord sur le terme qui a été utilisé par le président américain.

« C’est un mot que je n’utiliserais jamais avec tous les cas où il a été prononcé par des personnes qui exprimaient leur haine contre les Juifs et Israël », dit Zeldin à JTA. « Même si la personne qui l’utilise aime profondément les Juifs et Israël, je l’évite encore en raison de cet historique ».

Depuis que Trump a lâché la bombe sur la « déloyauté », un certain nombre de conservateurs Républicains ont défendu l’usage de ce terme – et parmi eux les chroniqueurs du site d’information conservateur juif JNS, le chef de la RJC (Republican Jewish coalition) et Michael Glassner, ex-haut-responsable de l’AIPAC qui est devenu le président de la campagne de réélection du président américain en titre.

D’autres conservateurs juifs, dont David Harsanyi du Federalist, ont estimé, à l’instar de Zeldin, que le mot avait été médiocrement choisi – même s’ils se disent reconnaissants envers Trump pour avoir osé se mesurer aux deux députées Démocrates qui n’ont cessé de critiquer Israël.

Mais l’embarras de Zeldin réside dans le fait que son parti a fait de lui un porte-étendard pour son positionnement pro-israélien. Il préside d’ailleurs le caucus Républicain consacré à Israël à la chambre.

Lee Zeldin, élu républicain à la Chambre des représentants pour l’état de New York. (Crédit : autorisation de JTA)

Zeldin entretient également de bonnes relations de travail avec le représentant Eliot Engel, Démocrate de New York et président juif et Démocrate de la commission des Affaires étrangères de la chambre des représentants, dont Zeldin est membre.

« Il y a une douzaine de problèmes politiques significatifs dans ce qu’ont dit [les Démocrates qui ont critiqué Israël] et dans ce qu’elles promeuvent qui ne nécessitaient pas l’usage de ce mot en particulier », explique Zeldin.

Il y a une question spécifiquement juive qui se démarque pourtant dans l’affirmation par Trump selon laquelle les Juifs qui votent pour les Démocrates se montreraient déloyaux envers Israël et les autres membres de la communauté : Est-ce ainsi que les Juifs veulent parler les uns des autres ? Un président a deux grands pouvoirs, qui ne sont entravés ni par la loi, ni par le Congrès – et qui sont de gracier les criminels et de formuler un discours. La « déloyauté » fait-t-elle dorénavant partie du vocabulaire
juif ?

Mardi, après s’en être pris aux deux femmes membres du Congrès, ferventes critiques d’Israël et soutiens du mouvement de boycott de l’Etat juif, Trump a déclaré que « les Juifs qui votent pour un Démocrate – c’est soit un manque de connaissances total soit une grande déloyauté ».

Et lorsque les journalistes se sont demandés, le lendemain, envers qui les Juifs se montraient déloyaux, le président a clarifié ses propos : « Si vous votez pour un Démocrate », a-t-il asséné, « vous vous montrez déloyal envers les Juifs et vous vous montrez déloyal envers Israël ».

Les organisations juives de gauche ont annoncé dès le départ que placer les mots « Juif » et « déloyal » dans la même phrase, quelle que soit l’intention sous-jacente, était antisémite. Puis les centristes se sont prononcés : Le directeur de l’ADL (Anti-Defamation League), Jonathan Greenblatt, a indiqué que les paroles prononcées par le président étaient antisémites. David Harris de l’AJC (American Jewish Committee) a estimé qu’elles encourageaient la haine anti-juive.

La Republican Jewish Coalition, pour sa part, n’a pas fait d’objection face à la suggestion de Trump que le vote Juif en faveur des Démocrates s’apparentait à une trahison d’Israël et de leurs coreligionnaires.

« Le président Trump a raison, cela montre une grande déloyauté de défendre un parti qui protège/encourage des personnalités qui vous haïssent pour votre religion », a écrit la Republican Jewish Coalition sur Twitter, même avant que Trump n’ait établi clairement ce qu’il avait voulu dire.

Cela fait des années que les partisans juifs se battent pour les soutiens et pour les électeurs. Mais il est improbable que même à l’apogée de la bataille la plus amère – sur le nucléaire iranien – un seul responsable juif important se soit senti en droit de suggérer qu’un autre aurait fait preuve de « déloyauté » envers Israël ou ses coreligionnaires.

Trump a-t-il ensuite reformulé de tels désaccords en utilisant le terme de « déloyauté  » qui n’est finalement pas aussi éloigné de « trahison » – et même de « haine de soi » ?

Matt Brooks, directeur de la RJC, ne le pense pas. Il insiste sur le fait que Trump a seulement dit en des termes clairs ce que les Juifs démocrates disent depuis longtemps au sujet des Républicains.

« Le président ne dit finalement rien de nouveau », note-t-il ainsi dans un entretien.

Pour Brooks, les Juifs Démocrates font la promotion de leur propre trope problématique – celui que leur parti est davantage aligné avec les valeurs juives. Il mentionne son homologue du JDCA (Jewish Democratic Council of America), Halie Soifer, qui a débattu avec lui lors d’une conférence organisée au mois de juin par l’AJC. Soifer avait alors évoqué les valeurs, notamment la défense des droits de l’Homme et des droits reproductifs, soutenues par son parti.

« Le parti Républicain, sous la direction du président Trump, a initié des politiques qui représentent l’antithèse de ces valeurs », avait-elle déclaré alors.

J’ai répété plusieurs fois à Brooks que « antithétique » n’était pas équivalent à « déloyal », un terme qui ne se rattache pas à une politique mais à une personne et qui suppose une intention. Lui a insisté sur le fait que les Démocrates suggéraient bien néanmoins une forme de déloyauté tout en reconnaissant, comme Zeldin, que lui-même n’aurait pas utilisé le terme de « déloyal », lui préférant celui de « mal conseillé » – ce qui ne suppose aucune intention.

Et que se passera-t-il si ce terme reste ? Comment travailler auprès de quelqu’un qui, vous le pensez, est déloyal, ou qui pense que vous l’êtes vous-même ?

Zeldin explique que de son point de vue, Trump mène une politique juste et qu’il espère que les Démocrates mettront à la marge – « écraseront » est le terme qu’il emploie – la minorité critique d’Israël que visait Trump lorsqu’il a tenu ses propos sur la « déloyauté ». Mais tandis que le président américain insiste sur le fait que les deux membres du Congrès favorables au boycott, Rashida Tlaib du Michigan et Ilhan Omar du Minnesota, sont le « visage » du parti Démocrate, Zeldin reconnaît – c’est notable – la présence de responsables pro-israéliens dans les rangs de la formation d’opposition.

Deux jours avant le cafouillage sur la « déloyauté », un groupe pro-israélien avait vivement recommandé aux Démocrates comme aux Républicains de ne pas dépeindre l’autre parti à l’image de ses membres les plus extrêmes. Cet appel n’avait pas été lancé par un groupe juif, mais par un groupe chrétien belliqueux : Christians United for Israel (CUFI).

Cette demande du groupe CUFI avait fait référence à la vive émotion suscitée par la décision prise par Israël, la semaine précédente, lorsque le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu avait interdit à Tlaib et à Omar d’entrer dans le pays. Elle aurait pu néanmoins s’appliquer tout aussi facilement à l’affaire de la « déloyauté. »

« Les responsables des deux partis doivent garder le contrôle de leurs éléments les plus marginaux et cesser d’attribuer les points de vue de ces exceptions à l’opposition en général », avait dit le CUFI. « Permettre à une poignée de membres du Congrès anti-israéliens de détourner l’action du congrès sur Israël dure depuis suffisamment longtemps ».

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