Israël en guerre - Jour 423

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LE TOI DANS LE SUD-LIBAN

Pour permettre le retour des Israéliens évacués, Tsahal s’enfonce profondément dans le sud-Liban

Les soldats progressent désormais en "deuxième ligne de villages" pour écarter tout menace d'invasion et de tir de missiles du Hezbollah, mais sans protéger des roquettes, à moins d'un cessez-le-feu

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des soldats israéliens opèrent dans le sud-Liban, le 20 novembre 2024. (Emanuel Fabian/Times of Israel)
Des soldats israéliens opèrent dans le sud-Liban, le 20 novembre 2024. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

Après une nuit de pluie, les routes empruntées par l’armée en direction du sud-Liban sont couvertes d’une épaisse couche de boue.

Cette semaine, le soldat chargé de conduire le Humvee avec à son bord un groupe de journalistes est venu avec une combinaison imperméable et des lunettes.

« Accrochez-vous », dit le chauffeur, lorsque le véhicule de l’armée dévale une pente abrupte après avoir franchi la frontière entre Israël et le secteur ouest du Sud-Liban, dans des grands jets de boue et sous la pluie battante.

Depuis ce mois-ci, l’armée israélienne a intensifié ses opérations terrestres contre le Hezbollah dans le sud-Liban. Les soldats se trouvent désormais au niveau de ce que l’armée qualifie de « deuxième ligne » de villages, après ses opérations contre l’organisation terroriste libanaise dans les villes les plus proches de la frontière.

Les traces des opérations de Tsahal contre le Hezbollah dans la première ligne de villages sont bien visibles. De nombreuses maisons se trouvent à l’état de décombres, mais d’autres sont encore debout, manifestement sans grands dégâts.

Des caches du Hezbollah – sous terre, dans des villages ou des forêts – avec d’importantes quantités d’armes et d’équipements ont été détruites par l’armée, ainsi que toutes les maisons utilisées par le Hezbollah. Seules les maisons à l’intérieur desquelles on n’a pas trouvé d’armes ont été épargnées.

Selon des officiers supérieurs de Tsahal, depuis le démantèlement des infrastructures du Hezbollah dans la première ligne de villages – ainsi que dans une grande partie des villages eux-mêmes –, la menace d’invasion par l’organisation terroriste dans le nord d’Israël est écartée.

Des soldats israéliens opèrent dans le sud-Liban, le 20 novembre 2024. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

Les barrages routiers de Tsahal, mis en place dans le nord d’Israël pour éviter que des civils ne circulent sur des routes exposées aux tirs de missiles antichars en provenance du Liban, ont tous été levés ces tout derniers jours.

La disparition du risque d’invasion et de la menace des missiles antichars pourrait permettre aux près de 60 000 Israéliens évacués du nord après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 dans le sud de rentrer chez eux. Ils ont été évacués de crainte que le Hezbollah ne mène une attaque similaire et ne redouble de tirs de roquettes.

Pour autant, l’armée israélienne n’a pas encore explicitement dit aux habitants du nord qu’ils pouvaient rentrer, et les autorités locales ne sont pas pressées d’inviter leurs concitoyens à rentrer chez eux, certaines appelant même l’armée à étendre davantage ses opérations dans le sud-Liban.

Passage de soldats israéliens dans le sud-Liban, le 20 novembre 2024. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

Au niveau de cette deuxième ligne de villages, l’armée israélienne trouve aussi des caches du Hezbollah, ainsi que des positions de combat à partir desquelles l’organisation terroriste a lancé des missiles antichars sur les communautés frontalières israéliennes et les postes militaires situés le long de la frontière.

« Nous devons nous assurer qu’il n’y ait plus de munitions ni d’infrastructures ennemies dans la région afin que le pouvoir politique puisse dire aux habitants de Galilée et du nord du pays qu’ils peuvent rentrer chez eux », explique le lieutenant-colonel Roi Katz, commandant de bataillon de la 188e brigade blindée, lors d’une visite de presse, cette semaine, dans un village du secteur ouest du sud-Liban situé à 4 kilomètres de la frontière.

Le lieutenant-colonel Roi Katz, commandant de bataillon de la 188e brigade blindée, s’adresse à des journalistes dans le sud- Liban, le 20 novembre 2024. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

Katz assure qu’il est désormais « impossible » pour le Hezbollah d’utiliser la zone dans laquelle ses hommes armés opéraient jusqu’à présent comme base de rassemblement « pour entrer en territoire israélien et attaquer les citoyens de Galilée sans trop de problèmes ».

Au poste de fortune établi par Katz dans le village libanais, un camion rempli de roquettes du Hezbollah, de missiles antichars, d’engins explosifs et de mitrailleuses est en cours de préparation, avant son départ pour Israël.

Le commandant explique que certaines armes ont été abandonnées au niveau de la position du Hezbollah et détruites, soit parce qu’elles étaient soit trop lourdes pour être ramenées, soit parce qu’elles étaient trop endommagées pour être transportées dans de bonnes conditions de sécurité.

La deuxième ligne de villages ne se trouve qu’à 6 à 8 kilomètres de la frontière israélienne, et donc que la menace des roquettes et des drones lancés par le Hezbollah sur le nord d’Israël est toujours là.

Un lance-roquettes du Hezbollah découvert par les soldats de la 188e brigade blindée dans le sud-Liban, sur une image publiée le 21 octobre 2024. (Armée israélienne)

Ces derniers jours, l’organisation terroriste a tiré une centaine de roquettes par jour sur la Galilée, ainsi que sur la ville de Haïfa, dans le nord d’Israël, sans oublier les missiles tirés sur le centre d’Israël.

Ces projectiles sont tirés depuis les profondeurs du sud-Liban – dans des zones dont les forces terrestres de Tsahal sont absentes – et, dans certains cas, depuis le bastion du Hezbollah au nord-est de Baalbek – où les troupes terrestres israéliennes n’iront probablement jamais.

Photo prise depuis la ville de Tyr, dans le sud du Liban, avec dans le ciel des roquettes tirées depuis le Liban vers Israël, le 19 novembre 2024. (KAWNAT HAJU / AFP)

Certains habitants de Galilée sont rentrés chez eux en plein milieu de l’opération terrestre de Tsahal, mais ils sont peu nombreux. Certains estiment que, ces temps-ci, il n’est pas plus sûr de se trouver dans d’autres villes du nord. Ironie du sort, les villes frontalières comme Nahariya, qui n’ont jamais été évacuées, ont subi plusieurs attaques meurtrières à la roquette.

Le commandant du bataillon de chars se refuse à dire s’il est raisonnable que les habitants des villes frontalières rentrent chez elles.

« Ce n’est pas moi qui décide si les habitants du nord peuvent rentrer chez eux. Je vais remplir tous les objectifs qui m’ont été assignés parce que je comprends que c’est cela qui fera que les autorités les laisseront rentrer chez eux », explique-t-il au Times of Israel.

Des soldats israéliens opèrent dans le sud-Liban, le 20 novembre 2024. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

Les autorités de la Défense et de l’armée estiment que la seule façon de permettre le retour des civils évacués du nord est de mettre fin aux tirs de roquettes en concluant un accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah, ce qui pourrait être à portée de main mais s’est jusqu’à présent dérobé.

Un chercheur civil tué

Lors de la visite des journalistes dans le sud-Liban mercredi, des bruits de tirs d’armes à feu et de tirs d’artillerie ont été entendus depuis un village voisin. Peu de temps après, on a entendu des dépêches médicales à la radio, les commandants déclarant que quatre soldats avaient été blessés.

La sortie des journalistes de ce village a été retardée de plusieurs heures en raison de l’évacuation médicale des blessés. Ce n’est qu’en arrivant à la frontière, en fin d’après-midi, au moment de rallumer les téléphones, que l’auteur de ces lignes a reçu une information à propos de ce qui s’était passé.

Le chercheur israélien Zeev Erlich, 71 ans, escorté dans le sud-Liban par un commandant supérieur afin d’examiner un site archéologique – une ancienne forteresse –, mais sans les autorisations requises, a été tué lors d’un affrontement avec deux agents du Hezbollah, aux côtés du sergent Gur Kehati, 20 ans, du 13e bataillon de la brigade Golani.

Deux autres officiers, dont le chef d’État-major de la brigade Golani, le colonel Yoav Yarom – qui a amené Erlich au Liban – ont été blessés.

Le chercheur israélien Zeev Erlich, en uniforme de Tsahal, avant son incursion dans le sud-Liban, le 20 novembre 2024, quelques heures avant d’être tué dans une fusillade avec des agents du Hezbollah. (Chaim Goldberg/Flash90)

Le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, a nommé un général de réserve pour diriger une équipe d’experts enquêtant sur les circonstances de l’incident et de l’entrée d’Erlich au Liban. En outre, il y a une enquête militaire sur l’incident menée par le chef du Commandement nord de Tsahal, le général de division Ori Gordin, et une enquête criminelle distincte menée par la police militaire.

Peu de temps avant l’incident, Katz disait aux journalistes avoir vu davantage d’agents du Hezbollah dans cette région du sud-Liban que dans d’autres villages visités ces dernières semaines, ce qui ne manque pas d’interroger sur la venue d’Erlich sur la ligne de front.

« Il est important de dire que nous avons toujours eu le dessus et que tous les ennemis que nous avons rencontrés ont été vaincus », conclut-il.

« Tant que nous travaillons de manière ciblée et ordonnée et que nous mettons en oeuvre toutes les capacités de l’armée, aucun ennemi ne peut nous arrêter. »

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