Pourparlers sur les otages : Netanyahu s’entretient avec le directeur de la CIA
Netanyahu exige de savoir si les otages ont eu leurs médicaments. Selon la presse libanaise, Israël, qui a refusé de participer aux pourparlers jeudi, aurait proposé une trêve de 35 jours

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est entretenu, jeudi à Tel Aviv, avec le directeur de la CIA, William Burns, en présence du chef du Mossad, David Barnea, du directeur du Shin Bet, Ronen Bar, du conseiller à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, et du secrétaire militaire, Avi Gil, des pourparlers en vue de la libération des otages du Hamas.
Jeudi toujours, Netanyahu avait refusé d’envoyer une délégation au Caire pour rencontrer Burns et une autre au Qatar pour négocier avec de hauts responsables égyptiens en raison des exigences de l’organisation terroriste, qualifiées par le Premier ministre de « délirantes ».
Selon un responsable israélien, Netanyahu aurait rappelé à Burns qu’Israël exigeait de savoir si les otages avaient reçu les médicaments livrés à Gaza le mois dernier dans le cadre d’un accord négocié par la France, le Qatar et les États-Unis.
Israël avait reçu l’assurance que les médicaments seraient remis aux otages, mais il n’en a jamais reçu la confirmation. Deux otages sauvés de Gaza cette semaine lors d’un raid commando ont dit n’avoir jamais reçu les traitements promis.
Selon le même responsable, seule « une forte pression militaire et une grande fermeté dans les négociations » amèneront le Hamas à revoir ses exigences en vue d’un accord sur les otages.
Plus tard dans la soirée, le cabinet de guerre israélien devait se réunir, suivi du cabinet de sécurité.
Jeudi toujours, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a présenté comme encore « possible » la conclusion d’un cessez-le-feu et la libération des otages, sans éluder le fait que des questions « très difficiles » étaient encore à résoudre.
« Nous faisons beaucoup sur la question et je crois que c’est encore possible », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre albanais Edi Rama à Tirana, au moment-même où les négociations entre les médiateurs se poursuivaient au Caire.
Antony Blinken a ajouté que « des questions très, très difficiles [restaient] à régler. Mais nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aller de l’avant et, si possible, parvenir à un accord. »

Figurent parmi les revendications de l’organisation terroriste du Hamas en vue d’un accord des mesures en faveur d’un cessez-le-feu permanent, le retrait de l’armée de Gaza, la reconstruction de l’enclave et la remise en liberté de quelque 1 500 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël, parmi lesquels des meurtriers condamnés et des cerveaux d’attentats terroristes, en échange des otages enlevés le 7 octobre.
Pour Israël, de telles prétentions sont inacceptables.
Une délégation israélienne s’est rendue au Caire pour les négociations qui ont eu lieu ce mardi. Jérusalem nie avoir fait une contre-offre, des membres du cabinet du Premier ministre affirmant que la délégation israélienne, emmenée par Barnea et Bar, était « là pour écouter ».
Le cycle de pourparlers s’est terminé sans avancée notable.
Al Mayadeen, site d’information libanais affilié au Hezbollah, a publié mercredi ce qu’il a présenté comme les détails de l’offre israélienne de cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Selon cet article, qui cite des sources proches du Hamas, la proposition israélienne comporterait trois phases.
La première, d’une durée de 35 jours prorogeable d’une semaine, serait marquée par un retrait de Tsahal des zones « densément peuplées » de la bande de Gaza – mais pas de toutes les zones habitées – et une « réhabilitation » des hôpitaux sous supervision israélienne, mais pas leur reconstruction. Les avions de chasse et de surveillance de l’armée de l’air israélienne cesseraient les survols de Gaza à raison de six heures chaque jour et 500 camions d’aide humanitaire seraient autorisés à entrer dans la bande de Gaza chaque jour. Cinquante Palestiniens blessés de plus de 50 ans seraient autorisés à quitter Gaza sur une base quotidienne pour recevoir des soins.
A la faveur de cette première phase, Israël libérerait trois prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël, dont certains purgent de longues peines, pour chaque otage israélien – civil ou soldate -, sans que leur nombre total soit précisé.
Selon les sources du Hamas citées par Al Mayadeen, la deuxième phase, d’une durée de 30 jours, permettrait l’échange d’un nombre inconnu de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël en échange d’otages israéliens. Les forces armées israéliennes ne se retireraient pas de Gaza à ce stade, mais Israël serait prêt à « envisager » le retour des civils déplacés, selon le média libanais.
Aucun détail n’a été donné sur le calendrier ou les modalités de la troisième phase.
Selon Al Mayadeen, les garants de la proposition d’Israël seraient les États-Unis, l’Égypte et le Qatar, mais pas la Turquie ni la Russie, garants demandés par le Hamas.