Israël en guerre - Jour 572

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Analyse

Pourquoi la défaite cinglante d’Israël à l’ONU n’est pas si cinglante qu’elle en a l’air

Perdre à 128 contre 9, cela fait mal. Mais, grâce à l’action diplomatique de Netanyahu et aux menaces de Trump de couper l’aide financière aux états s’opposant à sa décision concernant Jérusalem, il y a aussi de bonnes nouvelles

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Nikki Haley, ambassadrice américaine à l'ONU, a voté contre une résolution du Conseil de sécurité sur Jérusalem, le 18 décembre 2017 (Eskinder Debebe / ONU)
Nikki Haley, ambassadrice américaine à l'ONU, a voté contre une résolution du Conseil de sécurité sur Jérusalem, le 18 décembre 2017 (Eskinder Debebe / ONU)

En matière de diplomatie israélienne, tout est toujours relatif. Le résultat du vote de jeudi à l’Assemblée générale des Nations unies sur le statut de Jérusalem a-t-il été une défaite cuisante ou une victoire surprenante pour Israël ? Cela dépend de la façon dont on regarde les choses. Mais ce n’était certainement pas aussi mauvais que prévu.

Les responsables palestiniens, naturellement, ont souligné le résultat de 128 “oui” et de seulement 9 “non”.

Seuls 5 % des pays ayant voté jeudi se sont opposés à la résolution qui rejetait la reconnaissance par l’administration américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël et appelait les pays à ne pas déplacer leurs missions diplomatiques dans la ville.

Cela constitue certainement une défaite écrasante pour Israël et pour l’administration Trump.

Les responsables israéliens ont toutefois préféré regarder l’autre côté de la médaille, en examinant quels étaient les pays qui ont voté contre la résolution.

Neuf pays – Etats-Unis, Israël, Togo, Guatemala, Honduras, Micronésie, Nauru, Palau, Iles Marshall – ont voté non. A l’Assemblée générale, peu importe si les quatre nations insulaires de l’océan Pacifique qui ont voté non aient moins d’habitants que Beer Sheva ; le poids de chaque vote est strictement le même.

Résultats du vote sur la résolution sur le statut de Jérusalem à l’Assemblée générale des Nations unies, le 21 décembre 2012. (Crédit : capture d’écran YouTube)

Il y a eu aussi 35 abstentions, et 21 pays n’étaient pas présents ou n’ont pas du tout voté.

Le fait que 65 pays n’aient pas voté contre la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et son annonce de transférer l’ambassade des Etats-Unis dans la ville sainte est « extrêmement important », a déclaré sous les acclamations le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Les diplomates israéliens sont « fiers » des « efforts du ministère destinés à se battre pour ce qui est juste et moral », devait ajouter plus tard Nachson sur son compte Twitter.

Tout en se moquant du vote « absurde », le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exprimé sa satisfaction du « fait qu’un nombre croissant de pays refusent de participer à ce théâtre de l’absurde ».

Une déclaration de son bureau faisait état du « nombre élevé » de pays qui n’ont pas soutenu la résolution A/ES-10/L.22, notant que les pays qu’il a visités en Europe, en Afrique et en Amérique latine étaient parmi eux.

Israel completely rejects this preposterous resolution. Jerusalem is our capital. Always was, always will be.But I do appreciate the fact that a growing number of countries refused to participate in this theater of the absurd. So I appreciate that, and especially I want to again express our thanks to President Trump and Ambassador Haley, for their stalwart defense of Israel and their stalwart defense of the truth.

Posted by The Prime Minister of Israel on Thursday, December 21, 2017

Le fait que le Mexique, l’Argentine et la Hongrie se soient abstenus sur cette résolution est un véritable succès. Ce sont des pays qui auraient généralement voté avec leurs blocs régionaux respectifs. La Colombie s’est abstenue, comme elle l’a fait dans les résolutions antérieures relatives au conflit israélo-palestinien.

Le Kenya n’a pas voté du tout, ce qui pourrait être lié à la visite éclair de Netanyahu à Nairobi le mois dernier pour assister à l’investiture du président Uhuru Kenyatta.

En 2017, Netanyahu s’est rendu également aux Etats-Unis (qui se sont évidemment résolument opposés à la résolution) et en Australie (qui s’est abstenue).

Mais le Premier ministre s’est également rendu cette année dans huit pays – Singapour, Russie, France, Belgique, Libéria, Grande-Bretagne, Grèce et Chine – qui ont voté en faveur de la résolution.

Néanmoins, les résultats du vote de jeudi indiquent une légère amélioration pour Israël si on les compare aux précédents votes de l’Assemblée générale sur le conflit israélo-palestinien.

En novembre 2012, par exemple, 138 pays ont soutenu une résolution accordant le statut d’Etat non membre à « l’Etat de Palestine » – 10 de plus que le rejet de la reconnaissance américaine de Jérusalem. (Le même nombre de pays se sont opposés à la motion de 2012, mais six autres pays se sont abstenus).

Il y a moins d’un mois, 151 pays ont voté en faveur d’une résolution de l’Assemblée générale sur Jérusalem qui condamne Israël dans des termes beaucoup plus durs que dans le texte de jeudi. Seuls six pays se sont opposés à cette motion, tandis que neuf se sont abstenus.

Que dira Netanyahu à Modi ?

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, avec son homologue indien Narendra Modi, à Jérusalem, le 5 juillet 2017. (Crédit : Thomas Coex/AFP)

Les résultats de jeudi méritent une analyse plus approfondie.

Commençons par les mauvaises nouvelles pour Israël et les Etats-Unis.

Le Canada et l’Australie – traditionnellement les plus fervents défenseurs d’Israël dans les forums internationaux – ne sont pas parvenus à voter non, ils se sont juste abstenus.

Les autres grandes puissances du monde, parmi lesquelles beaucoup d’amis et d’alliés de l’Etat juif, ont toutes soutenu la résolution (à l’exception des Etats-Unis, bien sûr).

La Grande-Bretagne, la France, la Russie, la Chine, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, le Brésil et l’Inde ont tous voté pour cette motion, appelant le monde à « s’abstenir d’établir des missions diplomatiques dans la ville sainte de Jérusalem » et appelé à « la fin de l’occupation israélienne qui a commencé en 1967 ».

A LIRE : Plusieurs pays arabes se disent peu satisfaits de la réponse de l’Inde suite à la déclaration de Trump

On se demande si Netanyahu a l’intention d’évoquer le oui de New Dehli avec le Premier ministre Narenda Modi lors de sa visite prévue le mois prochain.

Du côté positif, Netanyahu, qui est également ministre des Affaires étrangères, a réussi à briser le consensus européen en la matière.

En ce qui concerne les questions de politique étrangère, les Etats de l’Union européenne tendent tant bien que mal à adopter des positions communes, et le rejet catégorique de la décision de Trump concernant Jérusalem a bien été établi. Pourtant, la Hongrie (où Netanyahu s’est rendu en juillet), la Pologne, la Roumanie, la République tchèque, la Lettonie, la Bosnie-Herzégovine et la Croatie se sont abstenus.

La plupart des pays africains se rangent traditionnellement du côté des Palestiniens, mais le Togo a voté non, et le Rwanda, la Malawi, l’Ouganda, le Lesotho, la Guinée équatoriale et le Soudan se sont abstenus. Le Kenya était absent.

Que se cache-t-il derrière ces succès ?

L’effort concerté de Netanyahu pour étendre les relations diplomatiques d’Israël au-delà de ses alliés traditionnels, avec un intérêt renouvelé pour l’Afrique, l’Europe centrale et l’Amérique latine, a évidemment joué un rôle.

A LIRE : Discours de Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, avant le vote

Mais les abstentions d’Antigua et des Barbades et l’absence de la Mongolie pourraient aussi avoir un rapport avec la menace de l’administration américaine de réduire l’aide aux pays qui oseront soutenir la résolution. Quelques minutes avant le vote, l’ambassadeur des Etats-Unis, Nikki Haley, qui avait déclaré mardi que les Etats-Unis
« noteraient les noms » lors du vote de la résolution, a une fois de plus averti que Washington se souviendra de la manière dont les pays ont voté.

Regarder vers l’avant

En fin de compte, cela n’a peut-être pas vraiment d’importance sur le terrain. En fin de compte, l’A/ES-10/L.22 n’est qu’une résolution de l’ONU non contraignante.

Pour que le conflit israélo-palestinien soit résolu, les deux parties doivent s’entendre pour y mettre un terme. La décision de Trump sur Jérusalem et la contestation qui s’en est suivie dans le monde musulman pourraient avoir retardé davantage le retour à la table des négociations. Mais cela reste le chemin viable vers une paix durable.

En attendant, les Palestiniens célèbrent une autre victoire diplomatique qui ne les rapprochera pas de leur objectif d’avoir un Etat, et les Israéliens cherchent à se consoler dans le fait que l’écrasante majorité des pays qui votent contre eux a un peu rétréci.

Tout est relatif.

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