Qatar : Les efforts « se poursuivent » en vue d’une trêve à Gaza et la libération d’otages
Abdelrahmane al-Thani affirme que les chances d'un accord s'amenuisent en raison des frappes israéliennes ; Guterres se plaint du veto américain sur un cessez-le-feu
Les efforts de médiation en vue d’une trêve dans la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza se poursuivent en dépit des « bombardements » israéliens qui « réduisent les possibilités », a affirmé dimanche le Premier ministre du Qatar.
« Nos efforts, déployés par l’État du Qatar conjointement avec nos partenaires, se poursuivent. Nous n’abandonnerons pas », a assuré Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani lors du Forum de Doha.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre sur le sol israélien depuis la bande de Gaza. Selon les autorités israéliennes, 1 200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées lors de cette attaque au cours de laquelle plus de 240 personnes ont été enlevées. 138 otages se trouveraient encore à Gaza, dont une vingtaine de femmes.
Israël a répondu à l’attaque du 7 octobre par une incursion aérienne et terrestre visant à éliminer le Hamas. Plus de 17 700 personnes seraient mortes, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables de manière indépendante, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. Selon les estimations de l’armée israélienne, 5 000 membres du Hamas auraient été tués dans la bande de Gaza, auxquels s’ajoutent plus de 1 000 terroristes tués en Israël lors de l’assaut du 7 octobre.
Le Qatar a joué un rôle clé dans les négociations ayant abouti à une trêve de sept jours fin novembre, au cours de laquelle 105 civils otages israéliens ont été échangés contre des prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël, jusqu’à la reprise des combats le 1er décembre.
Les États-Unis, principaux alliés d’Israël dans cette guerre, ont mis vendredi leur veto à une résolution appelant à un cessez-le-feu.
« Nous allons continuer, nous sommes déterminés à faire libérer les otages, mais nous sommes également déterminés à arrêter la guerre », a encore dit le Premier ministre du Qatar.
Mais, a-t-il concédé, « nous ne voyons pas la même volonté de la part des deux parties » et « la poursuite des bombardements réduit nos possibilités ».
« Paralysie » de l’ONU
S’adressant avant lui lors du même évènement, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déploré la « paralysie » des Nations unies face à la guerre, disant regretter que le Conseil de sécurité n’ait pas voté en faveur d’un cessez-le-feu.
Guterres a estimé que le Conseil de sécurité était « paralysé par des divisions géostratégiques », compromettant sa capacité à trouver des solutions à la guerre.
« L’autorité et la crédibilité du Conseil de sécurité ont été gravement compromises » par sa réponse tardive au conflit, une atteinte à sa réputation aggravée par le veto américain, a-t-il encore dit.
Le projet de résolution avait été préparé après l’invocation sans précédent par le secrétaire général de l’ONU de l’article 99 de la Charte des Nations unies lui permettant d’attirer l’attention du Conseil de sécurité sur un dossier qui « pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».
« J’ai réitéré mon appel à déclarer un cessez-le-feu humanitaire (…) malheureusement, le Conseil de sécurité a échoué à le faire », a regretté Guterres.
« Je peux promettre que je ne renoncerai pas », a-t-il ajouté.
« Nous courons un risque grave d’effondrement du système humanitaire », a en outre averti Guterres.
« La situation évolue rapidement vers une catastrophe aux implications potentiellement irréversibles pour les Palestiniens dans leur ensemble et pour la paix et la sécurité dans la région. »
S’exprimant également lors du Forum de Doha, le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammed Shtayyeh, a estimé que les États-Unis devraient être « tenus responsables » de la mort de civils à Gaza, après leur veto.
Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Aymane Safadi, a lui accusé Israël d’entraîner la région « plus profondément dans l’océan de la mort ».
« Nous sommes confrontés à un moment difficile, un moment qui nous entraînera plus profondément dans la mer de la mort et de la destruction, et Israël a simplement le sentiment qu’il peut le faire – il ne se sent pas responsable », a-t-il déclaré.
S’exprimant également lors du Forum de Doha, Shtayyeh, a déclaré que les États-Unis étaient aussi responsables qu’Israël de la mort de civils à Gaza.
« Pour que les États-Unis bloquent une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, il faut tenir les Américains pour responsables » des violences meurtrières, a-t-il déclaré.
Israël affirme avoir tué quelque 7 000 terroristes du Hamas à l’intérieur de la bande de Gaza, et avait précédemment indiqué qu’il y avait eu environ deux décès de civils pour chaque terroriste tué.
Tsahal affirme faire tout ce qu’elle peut pour minimiser les dommages causés aux civils, accusant le Hamas d’utiliser les civils de Gaza comme boucliers humains. Le vaste réseau de tunnels du groupe terroriste palestinien serpente sous les maisons, les écoles et les hôpitaux, obligeant les troupes israéliennes à opérer dans des zones où se trouvent des non-combattants gazaouis.
« Nous sommes confrontés à un risque sévère d’effondrement du système humanitaire », a affirmé Guterres.
« La situation se dégrade rapidement en une catastrophe aux implications potentiellement irréversibles pour les Palestiniens dans leur ensemble et pour la paix et la sécurité dans la région. »