Première en Amérique latine : Une ville ultra-orthodoxe prévue au Mexique
Les planificateurs de la "Ville de la Torah", à proximité de Mexico, espèrent que ces logements moins chers attireront les Haredim d'Argentine, du Venezuela, du Panama et du Chili
La première pierre de la « Ville de la Torah », au Mexique, premier village d’Amérique latine qui devrait être composé presque exclusivement de Juifs ultra-orthodoxes, a été posée.
La communauté, en cours de construction près d’Ixtapan de la Sal, une petite ville située à environ 120 kilomètres au sud-ouest de Mexico, démarrera avec 40 maisons et espère attirer 120 familles d’ici 2024, ont déclaré ses promoteurs lors d’une cérémonie la semaine dernière, marquant le lancement du projet.
Celui-ci s’étendra d’abord sur un kilomètre carré et comprendra une yeshiva, des synagogues et des écoles pour populations ashkénaze et séfarade, un supermarché casher et un complexe sportif avec piscine, spa et salle de sport. Le financement provient principalement d’un homme d’affaires, Abraham Mizrahi, qui n’est pas ultra-orthodoxe. Le rabbin mexicain Yosef Tawil a été nommé chef du conseil rabbinique de la ville.
Le promoteur principal du projet, Moises Shemaria, qui n’est pas non plus Haredi, a mentionné la ville de Lakewood, dans le New Jersey – une municipalité qui compte une forte proportion de Juifs ultra-orthodoxes – dans son discours lors de la pose de la première pierre.
« Nous sommes ouverts pour recevoir des Haredim du Mexique et d’Amérique latine », a-t-il déclaré. « Nos frères d’Argentine, du Venezuela, du Panama, du Chili et d’autres pays méritent de vivre dans un endroit de première classe avec la Torah. Ils ne peuvent pas acheter un appartement à un million de dollars à Lakewood. Ils seront accueillis ici avec de belles maisons à partir de 120 000 dollars. »
Mais la ville pourrait avoir plus de similitudes avec le village de Palm Tree – anciennement appelé Kiryas Joel – dans l’État de New York, une enclave composée principalement de 20 000 Juifs orthodoxes parlant yiddish qui s’est séparée d’une ville plus importante en 2017.
Shemaria a fait référence à plusieurs reprises dans son discours à la portée régionale du projet, affirmant que les 40 premières maisons avaient été vendues à des acheteurs du Mexique, d’Argentine et du Venezuela. Il a ajouté que les prix des maisons varieront entre 120 000 et 218 000 dollars.
Le Mexique abrite environ 40 000 Juifs, selon Sergio Della Pergola, démographe à l’Université hébraïque. Il estime que la population juive de l’Amérique latine dans son ensemble compte entre 379 200 et 707 000 personnes : le chiffre le plus bas correspond au « noyau dur » de la population juive, c’est-à-dire aux personnes qui s’identifient fortement comme Juives, et le chiffre le plus élevé à celles qui ont suffisamment d’ascendance juive pour avoir la possibilité de demander la citoyenneté israélienne.
En Argentine, pays qui compte la plus grande population juive de la région, un projet similaire avait été prévu mais n’a jamais été réalisé.
« Certaines personnes veulent construire un lieu pour les Juifs orthodoxes également ici en Argentine, mais personne n’a lancé le projet », a déclaré le rabbin Eliahu Hamra, secrétaire général de BUR, le bloc orthodoxe qui dirige le groupe juif AMIA dans le pays.
« Il est certain qu’il y aura des étudiants argentins intéressés pour aller là-bas, pour étudier dans la ville mexicaine de la Torah. »