Pression des médecins israéliens sur l’OMS et le CICR pour protéger les otages à Gaza
Soutenant les familles des otages et des disparus, des experts en santé publique fournissent au CICR des informations cruciales sur leur santé et les soins requis
Les responsables de la santé publique travaillent en étroite collaboration avec les familles des otages israéliens détenus par le Hamas à Gaza et communiquent en leur nom avec les organisations internationales de santé pour tenter d’assurer la santé et la sécurité des otages.
À ce jour, Israël a informé 199 familles israéliennes que leurs proches étaient retenus en otage par le Hamas et d’autres groupes terroristes depuis le 7 octobre, date à laquelle des milliers de terroristes ont pris d’assaut la frontière, dévastant les communautés du sud d’Israël et tuant plus de 1 300 personnes, pour la plupart des civils, ce qui a déclenché la guerre en cours.
Malgré le soutien affiché par les organisations internationales, aucune mesure concrète ne semble avoir été prise par celles-ci pour venir en aide aux victimes, selon des médecins israéliens qui se sont confiés au Times of Israel.
« Parfois, le soutien ne suffit pas, il faut des actes. Il faut agir, et le fait que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’en fasse pas assez est extrêmement frustrant. Elle pourrait être beaucoup plus proactive dans sa manière de gérer la situation. Il ne suffit pas d’écrire une lettre de soutien. Nous avons besoin d’actions », a déclaré le professeur Nadav Davidovitch, directeur de l’école de santé publique de l’université Ben Gurion du Neguev.
Davidovitch fait partie de l’équipe médicale dirigée par le professeur Hagai Levine, président de l’Association israélienne de santé publique, qui soutient l’organisation Bring Them Home Now (également connue sous le nom de Hostages and Missing Families Forum) créée pour représenter les familles des personnes kidnappées et disparues.
Levine et plusieurs familles ont rencontré le représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Israël les 13 et 15 octobre.
« Nous avons demandé au CICR d’utiliser tous les moyens disponibles pour fournir des soins médicaux et obtenir des informations sur le bien-être des otages », a déclaré M. Levine.
Avant la deuxième réunion, l’organisation Bring Them Home Now a compilé une base de données contenant toutes les informations médicales dont elle disposait à ce jour sur les otages et les personnes disparues. Bien que ces informations soient encore partielles et incomplètes, elles indiquent que de nombreux Israéliens risquent de mourir s’ils ne bénéficient pas de soins et de traitements spécifiques.
La base de données a été envoyée au CICR le 14 octobre, suivie d’une lettre le 15 octobre précisant les pathologies dont souffrent les otages, âgés de 9 mois à 90 ans. Il s’agit notamment du diabète, du cancer, de l’insuffisance cardiaque, de l’insuffisance rénale chronique, de la maladie de Parkinson, de la démence, de la maladie d’Alzheimer, de l’accident vasculaire cérébral, de la sclérose en plaques, de l’arythmie cardiaque, de l’hypertension, de l’asthme, des allergies, du glaucome, de l’autisme et des troubles psychiatriques.
La lettre précise en outre que certains des otages ont été gravement blessés lors de leur enlèvement et qu’ils nécessitent une prise en charge médicale immédiate.
La lettre est accompagnée d’une liste de 107 médicaments sur ordonnance que les otages et les personnes disparues prennent au quotidien pour traiter leurs maladies et leurs problèmes de santé.
« Il y a également un besoin de lait maternisé », ajoute la lettre.
Pour souligner la gravité de la situation, la lettre cite en exemple certains des cas les plus exposés. Il s’agit notamment d’un bébé d’un an qui ne se nourrit que de lait maternisé et d’enfants âgés de 5, 13 et 16 ans présentant des troubles du spectre autistique nécessitant une assistance particulière.
Il y aurait également cet homme de 60 ans atteint de sclérose en plaques qui ne se déplace pas de manière autonome, et un autre atteint d’une grave maladie auto-immune qui nécessite un traitement biologique à l’hôpital pour éviter une aggravation de son état et sa mort. La lettre cite encore le cas d’une femme de 27 ans souffrant de la maladie de Crohn, qui a besoin d’un traitement et d’un régime alimentaire particuliers.
Parmi les personnes âgées, la lettre cite une femme de 85 ans qui a des antécédents d’insuffisance cardiaque, de maladie rénale, d’asthme et d’arythmie cardiaque, et qui présente un risque élevé de caillots sanguins, de rétention d’eau et de décès. Ou encore une dame âgée en état de maigreur extrême, atteinte de la maladie de Parkinson et de démence, qui doit utiliser des couches pour adultes.
« Nous avons transmis toutes les informations dont nous disposons à la Croix-Rouge internationale. Maintenant, c’est à elle d’agir, mais il faut comprendre qu’elle doit agir sous l’égide des Nations unies et d’autres organisations internationales », a indiqué Davidovitch.
« Ce qu’il nous reste à faire, c’est de continuer à faire pression », a-t-il ajouté.
Au lendemain de l’attaque surprise sanglante contre des civils israéliens du 7 octobre, l’OMS a publié une déclaration appelant à la « fin des hostilités ». Quelques jours plus tard, elle a condamné Israël pour avoir averti les habitants de Gaza d’évacuer la partie nord de la bande de Gaza et pour avoir également demandé aux hôpitaux de la région d’évacuer.
Le ministère de la Santé et de nombreux médecins israéliens actifs depuis longtemps dans les organisations internationales de santé publique sont consternés par le manque flagrant des efforts déployés par l’OMS pour dénoncer les atrocités commises par le Hamas en Israël ou pour aider à protéger les otages israéliens.
« Le ministère israélien de la Santé souhaite exprimer sa profonde déception face au manque d’efforts de l’OMS en Israël pour réduire les risques encourus par les civils en zone de conflit et face aux atrocités et aux crimes contre l’humanité perpétrés par le Hamas », a fait savoir le ministère dans un communiqué publié le 16 octobre.
« Nous déplorons que l’OMS néglige les atrocités qui continuent d’être perpétrées par le Hamas », a-t-il ajouté.
Le Dr Mitchell J. Schwaber, professeur de médecine à l’université de Tel Aviv (TAU), a transmis aux médias une lettre très ferme qu’il a envoyée au directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le 16 octobre, dans laquelle il explique pourquoi il a décidé de se retirer de son rôle de conseiller de l’OMS en matière de prévention et de lutte contre les infections au siège de l’OMS et au niveau régional européen.
Schwaber, qui a consacré des centaines d’heures à l’OMS en tant que bénévole pendant la pandémie de COVID, a fait savoir à Ghebreyesus qu’il ne pouvait pas accepter le choix de l’organisation d’encourager la fin des hostilités après la « terreur apocalyptique » déclenchée par le Hamas sur les citoyens israéliens le 7 octobre.
Il a également abordé la question des otages israéliens.
« Ne les confondez pas avec des prisonniers de guerre. Il s’agit d’innocents que le Hamas a arrachés des champs de bataille qu’il a lui-même fabriqués samedi dernier, qu’il a arrachés des bras de leurs proches et qu’il a emmenés dans les terrifiants donjons inconnus de Gaza. Leurs ravisseurs du Hamas n’ont, ni par le passé ni à ce jour, jamais respecté la Convention de Genève », a-t-il expliqué.
« Si l’OMS exige ‘l’acheminement immédiat et en toute sécurité de fournitures médicales, de carburant, d’eau potable, de nourriture et d’autres aides humanitaires à Gaza’, comme il le devrait, elle devrait commencer par exiger du Hamas qu’il libère en premier lieu, sains et saufs, tous les captifs qu’il a enlevés le 7 octobre dernier. Une telle déclaration serait plus humaine que de condamner Israël qui a fait ce qu’elle devait pour libérer ses citoyens », a écrit Schwaber.