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Prince saoudien Turki à la TV israélienne : Netanyahu trompe les Israéliens

Un diplomate expérimenté assure que Ryad veut "faire passer son message directement aux Israéliens" ; Résolvez la question palestinienne et "nous pourrons aller loin"

Le prince saoudien Turki ben Fayçal Al Saoud avec le journaliste de la Treizième chaîne Barak Ravid, le 13 février 2019. (Crédit : capture d'écran/Twitter)
Le prince saoudien Turki ben Fayçal Al Saoud avec le journaliste de la Treizième chaîne Barak Ravid, le 13 février 2019. (Crédit : capture d'écran/Twitter)

Dans une interview sans précédent avec une chaîne de télévision israélienne mercredi, l’ancien chef des renseignements saoudiens et ancien ambassadeur aux États-Unis et au Royaume-Uni a accusé le Premier ministre Benjamin Netanyahu de tromper le public israélien quand il affirme que les relations entre l’État hébreu et de grands pays arabes peuvent se réchauffer sans que la question palestinienne ne soit réglée.

« Il ne faudrait pas tromper l’opinion publique israélienne en lui faisant croire que la question palestinienne n’existe plus, » a déclaré le prince Turki ben Fayçal Al Saoud à la Treizième chaîne israélienne lors d’une longue interview à Londres. « Du point de vue israélien, M. Netanyahu aimerait que nous ayons une relation diplomatique, avant de régler cette question. Du point de vue saoudien, c’est l’inverse. »

Lorsque le journaliste Barak Ravid lui a demandé s’il voulait dire que Netanyahu « trompait le public israélien » en affirmant qu’il peut « se vanter de relations avec le monde arabe peu importe les Palestiniens, » le prince Turki a répondu : « Absolument. Absolument. »

Le prince a estimé qu’il faisait cela « dans son propre intérêt. » Il a poursuivi en riant : « C’est un homme qui se présente à des élections avec comme argument ‘regardez ce que j’ai fait pour vous. Je vous ai apporté ça.’ Comme tous les hommes politiques. »

Le prince a confié que l’opinion publique saoudienne avait « une vision très négative de M. Netanyahu à cause de ce qu’il se passe sur le terrain, » et en raison de ce qu’il a appelé « l’attitude orgueilleuse… vantarde » de Netanyahu.

Ironiquement, l’interview a été diffusée quelques heures après une rencontre entre Netanyahu et le ministre des Affaires étrangères d’Oman à Varsovie, au cours de laquelle les deux hommes ont discuté d’une nouvelle ère pour le Moyen-Orient. Netanyahu répète souvent que la préoccupation commune au sujet de l’Iran est l’un des facteurs de réchauffement progressif des relations entre Israël et les pays du Golfe et d’autres de la région.

« Nous n’avons pas besoin que M. Netanyahu nous dise quels dangers présente l’Iran, » a souligné le prince saoudien. « Nous le voyons bien sur le terrain. Nous voyons ce qu’ils font au Liban. Ce qu’ils font en Syrie, en Irak, au Yémen, au Bahreïn, et même en Arabie saoudite. Alors pourquoi attendrions-nous que M. Netanyahu souligne ces choses ? Ce n’est pas nécessaire. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) salue le ministre omanais des Affaires étrangères Yusuf bin Alawi bin Abdullah en marge d’une conférence régionale sur le Moyen Orient à Varsovie, 13 février 2019. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Lorsque le journaliste lui a demandé s’il avait des conseils pour l’administration Trump qui s’apprête à présenter son plan de paix, le prince Turki a simplement répondu : « L’initiative de paix arabe — acceptez-la. Appropriez-la vous. »

Il en a profité pour rappeler que c’est le roi Abdallah qui avait initié le plan en 2002. « En gros, c’est du 50-50 : Israël se retire des territoires arabes occupés, en échange de la reconnaissance arabe de l’État d’Israël, de la fin des hostilités et de relations normalisées. »

Il a néanmoins regretté : « Israël n’a jamais réagi » à cette proposition. (En 2015, Netanyahu avait dit qu’il en soutenait « l’idée générale ». Son prédécesseur Ehud Olmert la considérait comme une bonne base de discussion.)

« Avec l’argent israélien et les cerveaux saoudiens, nous pouvons aller loin, » a estimé le prince, ajoutant cependant : « Oui, s’il y a la paix. Malheureusement, » a-t-il accusé, « Israël préfère ignorer tous les efforts de l’Arabie saoudite pour la paix et attend que l’Arabie saoudite serre la main [d’Israël] pour faire des affaires en matière de technologie, de désalinisation de l’eau et autres. Ça n’arrivera pas, » s’est-il exclamé.

« Israël n’a pas été très coopératif pour parvenir à la paix dans notre région du monde, » a-t-il ajouté.

כך הסתיימה הפגישה בין ברק רביד לנסיך הסעודי טורקי אל-פייסל

״כדי לשפר את הערבית? תתחתן עם ערבייה״, ״אל תגיד את זה לאשתי״: כך הסתיימה הפגישה בין Barak Ravid ברק רביד לנסיך הסעודי טורקי אל-פייסל • הראיון בין השניים הערב בפרק 4 בסדרת הכתבות ״סודות המפרץ״ >> https://10.tv/sodot_hamifratz

Posted by ‎חדשות 13‎ on Wednesday, February 13, 2019

Le diplomate saoudien a tenu à souligner qu’il n’y avait pas de différences entre le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane en ce qui concerne Israël, rejetant l’idée selon laquelle le roi avait réfréné la disposition du prince héritier à réchauffer les relations entre les deux parties.

Le prince héritier « est un fidèle représentant de la politique saoudienne, » a-t-il assuré, jugeant qu’il s’agissait sans doute « d’un vœu pieu de la part des officiels israéliens. » Le prince héritier « soutient intégralement la cause palestinienne » et n’avait pas de différends avec le roi « sur quel que sujet que ce soit. Il fait ce que le roi lui demande. »

Le prince saoudien a précisé qu’il réalisait l’interview à titre personnel, « je ne représente pas le gouvernement d’Arabie saoudite. » Il a cependant confirmé au journaliste que Ryad était au courant qu’il s’adresserait à une chaîne de télé israélienne, il s’agit pour lui d’une simple question de « courtoisie et de bonnes manières » de leur dire ce qu’il allait faire.

Le journaliste a indiqué que le prince Turki avec rencontre le roi saoudien quelques jours avant l’entretien et que le prince transmettait simplement le message que Riyadh voulait faire passer aux Israéliens.

President Shimon Peres shakes hands with former US President Bill Clinton, during a meeting at the World Economic Forum in Davos, Switzerland, in 2010 (Photo credit: Sergei Illin/Flash 90)
Shimon Peres, alors président, échange une poignée de mains avec l’ancien président américain Bill Clinton, lors d’un meeting au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, en 2010. (Crédit : Sergei Illin/Flash90)

Lors de son passage au gouvernement, le prince confie qu’il n’a jamais organisé de rencontres officielles avec les Israéliens, sauf avec le président Shimon Peres, lors d’un dîner à Davos. Peres avait ensuite souhaité d’autres discussions, privées et plus substantielles, ¨ce à quoi le prince Turki avait objecté : « Je lui ai dit, Monsieur le Président, rien ne reste secret en Israël.”

Il a fait savoir qu’il s’exprimait à la télévision aujourd’hui car « nous devons faire passer notre message directement aux Israéliens. »

Âgé de 73 ans, le diplomate a confié qu’il ne s’était jamais rendu à Jérusalem et qu’il attendait avec impatience « le jour où il y aura la paix entre Israël et le monde arabe, et que je pourrai visiter ce que je considère non seulement comme un lieu sacré, mais également un lieu qui fait partie de mon histoire en tant qu’arabe et musulman Abraham, notre père, n’est pas que le père des Juifs. C’est le père des Arabes. Je veux voir Jérusalem avant de mourir. Malheureusement, je ne suis pas très optimiste à ce sujet. »

Répondant à une question du journaliste sur la possibilité d’une rencontre de son vivant entre le Premier ministre israélien et le roi saoudien ou le prince héritier, le prince du royaume saoudien a jugé : « De mon vivant — qui ne devrait plus durer très longtemps — je ne pense pas assister à cela. Pas avant que la question palestinienne ne soit résolue. J’ai hâte de voir une initiative de paix israélienne. Je n’en ai pas vu. Comment Israël pense que nous parviendrons à la paix ? »

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