Prison pour 2 Israéliens ayant attaqué des Palestiniens lors des émeutes de mai 2021
Noam Elimelech a écopé de 11 ans, Naftali Elmakayes de 4,5 ans pour avoir poignardé et battu un employé de restaurant au motif qu'il était arabe. Deux autres individus attendent leur sentence
Le tribunal de première instance de Jérusalem a prononcé mercredi des peines de prison à l’encontre de deux habitants juifs de la capitale qui ont brutalement agressé et grièvement blessé un Palestinien lors d’une émeute, pendant la guerre de Gaza en mai 2021.
Noam Elimelech a été condamné à 11 ans de prison pour avoir poignardé à plusieurs reprises sa victime, âgée de 22 ans, et l’avoir roué de coups de poing et de pied, explique la décision du tribunal.
Le deuxième condamné, Naftali Elmakayes, a lui frappé la victime lorsqu’elle se trouvait à terre.
Le tribunal a également ordonné à Elimelech et Elmakayes de verser 100 000 shekels chacun à titre d’indemnisation. La même amende a été infligée à Yosef Ben Ami et Yosef Dahan, également reconnus coupables de l’agression mais qui n’ont pas encore été condamnés.
Les quatre hommes avaient pris part à une manifestation d’extrême droite, le 12 mai 2021, dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est. Ils s’étaient par la suite dirigés vers le marché Mahane Yehuda, décidant en chemin d’agresser un passant arabe, précise la décision du tribunal. Une fois arrivés à Mahane Yehuda, ils ont repéré leur victime, en train de sortir les ordures du restaurant où il travaillait. Ils se sont approchés de lui, se sont assurés qu’il était bien arabe et ont commencé à l’agresser.
La peine plus sévère prononcée à l’encontre d’Elimelech est en partie liée à sa condamnation pour une autre agression contre un policier, avec circonstances aggravantes, lors d’une autre manifestation d’ultra-nationalistes, la même semaine. Quelque 150 personnes avaient participé à ce rassemblement, certaines d’entre elles masquées et scandant « Mort aux Arabes » ou encore « Vengeance ».
Dans sa décision, le juge Eli Abarbanel du tribunal de première instance de Jérusalem a souligné la nature nationaliste des actes des agresseurs, motivés selon lui par le désir de « terroriser un autre groupe de population et d’exprimer leur colère face aux événements violents survenus à l’époque ».
« En agissant comme ils l’ont fait, les accusés ont enfreint des valeurs humaines fondamentales », a poursuivi le juge, notant que les agresseurs avaient non seulement sérieusement blessé physiquement leur victime, ce qu’ont confirmé les médecins, mais lui avaient aussi causé un traumatisme psychologique important. « Cet incident a laissé des marques indélébiles. »
Au moment des faits, trois personnes ont été tuées et des centaines d’autres, blessées, au cours de journées de troubles violents dans des villes à population mixte arabo-juive, alors qu’Israël connaissait sans doute l’une de ses pires violences intercommunautaires depuis la fondation de l’État. Les tensions nationalistes entre Juifs et Arabes qui couvaient depuis longtemps ont donné lieu à un déluge de bombes incendiaires, de fusillades et de bagarres. Les émeutes ont eu lieu pendant l’opération Gardien des murs, nom donné à cette guerre de 11 jours d’Israël avec Gaza.
Elles ont commencé le 10 mai 2021, lorsque des milliers d’Arabes israéliens ont provoqué de violentes émeutes dans des villes mixtes, comme Lod, Ramle et Acre.
Les Israéliens juifs ont riposté par des contre-manifestations tout aussi violentes, parfois organisées par des extrémistes et des suprémacistes juifs.
Arabes et Juifs s’en sont alors pris à des passants.
En plus des morts et blessés, des synagogues, une mosquée, des logements et des voitures ont été incendiés, des personnes ont été lapidées et des maisons, pillées.
La police n’a pas été capable de maîtriser ces troubles violents, qui se sont poursuivis durant plusieurs jours.