Quelques jours après la fin de l’Opération « Rising Lion », le zoo de Haïfa rugit à nouveau
Après avoir été contraint de fermer à maintes reprises depuis le 7 octobre 2023, le zoo pédagogique a rouvert ses portes ; son personnel a un message à transmettre au sujet de sa mission

Mardi matin, au sommet du mont Carmel à Haïfa, trois babouins accroupis sur un rocher se toilettaient mutuellement, deux lémuriens couronnés se précipitaient le long d’une branche d’arbre et un léopard tacheté somnolait au milieu de son habitat tropical.
Mais des sirènes ont alors retenti pour annoncer l’arrivée de missiles balistiques iraniens et les gardiens du zoo pédagogique Louis Ariel Goldschmidt de Haïfa ont rassemblé les animaux dans des chambres ou des pièces en béton armé pour les mettre à l’abri de l’attaque.
Le 13 juin, Israël a lancé l’Opération « Rising Lion » en Iran, des frappes préventives contre des installations nucléaires et des militaires iraniennes. La République islamique a riposté en tirant sans discernement des missiles balistiques sur les centres urbains densément peuplés d’Israël. Plus de 550 missiles et environ 1 000 drones ont été lancés, tuant 28 personnes et en blessant des milliers d’autres.
« Notre principale crainte était que les animaux soient blessés ou tués », a déclaré le Dr. Noam Werner, 56 ans, alors qu’il faisait visiter mardi les terrains fermés du zoo au Times of Israel, en marchant le long des sentiers qui serpentent à flanc de colline sur les 3,6 hectares du zoo, remplis d’arbres ombragés, de buissons et d’herbes, et abritant plusieurs centaines d’animaux.
« Pour les gardiens, qui travaillent en étroite collaboration avec les animaux, perdre un animal serait comme perdre un membre de leur famille ou un ami proche », explique Werner.
Jeudi, soit deux jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu avec l’Iran, le zoo a rouvert ses portes au public.

« Prendre soin des espèces menacées »
Les écoles et les particuliers viennent au zoo de Haïfa pour observer les animaux sauvages dans leur milieu naturel, explique Werner, mais « contrairement à une idée reçue, les zoos ne sont pas uniquement destinés à divertir les visiteurs ».
« De nos jours, les zoos modernes se concentrent moins sur le divertissement que sur la protection des espèces menacées et la préservation de la biodiversité animale », poursuit le zoologiste.
« Même si une espèce est au bord de l’extinction, les zoos disposent de populations génétiquement saines qu’ils peuvent réintroduire dans la nature. »

« Les gens ne se rendent pas compte du travail de conservation que font les zoos pour promouvoir la préservation des différentes espèces ».
Le zoo de Haïfa collabore avec d’autres groupes de conservation afin de sauver certains animaux figurant sur la « Liste rouge », la liste des espèces menacées d’extinction établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature, qui comprend des plantes, des champignons et des animaux.
« Je ne peux pas dire que tous les zoos sont fantastiques. Mais le niveau de stress hormonal des animaux est plus faible dans les zoos, où ils bénéficient d’une bonne alimentation et vivent plus longtemps », dit-il en s’arrêtant pour admirer Pierre, un impressionnant tigre blanc de Sibérie âgé de 17 ans d’environ 180 kg.
« La plupart des tigres sauvages ne survivent pas au-delà de leur premier anniversaire », souligne Werner.
Pierre, un tigre blanc de Sibérie, au zoo éducatif de Haïfa, le 24 juin 2025. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)
« Si Pierre était dans la nature aujourd’hui, il serait incapable de chasser ou de protéger son territoire. »
« Il vaut mieux garder ces animaux en vie dans un zoo »
« De nos jours, les zoos jouent un rôle très important dans la conservation de la faune sauvage », a déclaré la Dr. Gila Kahila, de l’École de médecine vétérinaire de l’université hébraïque, lors d’un entretien téléphonique accordé au Times of Israel.
« De nombreux zoos disposent d’installations d’élevage pour les espèces menacées ou en danger critique d’extinction, qui leur permettent ensuite de les réintroduire dans la nature. »

Selon cette spécialiste de la génétique de la conservation, il est parfois « préférable de garder ces animaux en vie dans un zoo à des fins de reproduction plutôt que de laisser la nature suivre son cours et les laisser s’éteindre ».
Le zoo de Haïfa a été fondé en 1949 par Pinhas Cohen, éducateur, agronome et premier professeur de sciences de Haïfa. Aujourd’hui, le zoo est géré par Ethos, la société municipale chargée des arts, des sports et de la culture à Haïfa.
Le 7 octobre 2023, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tuant plus de 1 200 personnes au cours d’actes de brutalité terribles et en kidnappant 251 autres pour les emmener à Gaza, le zoo a fermé ses portes et est resté fermé pendant des mois, alors que le Hezbollah attaquait presque quotidiennement les communautés et les postes militaires israéliens le long de la frontière nord, le groupe terroriste chiite libanais affirmant agir ainsi pour soutenir Gaza.
Le zoo a rouvert ses portes le 1ᵉʳ janvier 2024. Cependant, lorsque le groupe terroriste chiite libanais a étendu ses attaques à Haïfa et au-delà, le zoo a de nouveau fermé ses portes. Le 30 novembre, trois jours après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu avec le Hezbollah, le zoo a rouvert, mais a dû fermer à nouveau pendant les douze jours de l’Opération « Rising Lion ».

Les animaux n’ont pas été traumatisés par les fortes détonations des missiles.
« Pour eux, c’est comme entendre le tonnerre », explique Werner.
Sans visiteurs pendant les guerres, les trente employés du zoo ont eu plus de temps pour « s’occuper des animaux et enrichir leur vie », poursuit Werner.
Il est important de ne pas « anthropomorphiser » les sentiments des animaux, en disant qu’ils ont l’air ennuyés ou tristes ou en leur demandant pourquoi ils ne sourient pas.
Werner prend l’exemple des tigres qui vivent seuls dans la nature pour illustrer son propos.
« Ils dorment entre 16 et 20 heures par jour », explique-t-il.
Les gardiens du zoo cachent la nourriture des animaux pour s’assurer qu’ils s’efforcent de la trouver, comme ils le feraient dans la nature.
Certains dresseurs travaillent avec les animaux pour les habituer à la présence humaine afin qu’ils puissent être soignés par le vétérinaire du zoo.

« Notre formation est axée sur l’élevage », explique Werner.
« Ce n’est pas pour un spectacle ou pour un cirque. »
Il souligne que les zoos en milieu urbain ont également un autre objectif, celui de permettre aux gens de se reconnecter avec l’extérieur et de passer du temps dans la nature.
« Nous savons qu’il est impératif et essentiel pour le bien-être humain de passer du temps dans un espace vert », dit-il.
« Un zoo est un moyen pour les gens d’être au milieu des arbres. »
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