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Qui est à l’origine de la révolte de Bar Kokhba ? Un chercheur tente d’y répondre

Selon une récente étude, les vétérans juifs de l'armée romaine auraient initialement mené la guerre juive contre les Romains au 2ᵉ siècle, l'un des événements liés à Lag BaOmer

Quatre pièces rares de la période la révolte de Bar Kochba retrouvée dans le désert de Judée, sur une photo non datée. (Crédit : Oriya Amichaï/Autorité israélienne des Antiquités)
Quatre pièces rares de la période la révolte de Bar Kochba retrouvée dans le désert de Judée, sur une photo non datée. (Crédit : Oriya Amichaï/Autorité israélienne des Antiquités)

Ce ne sont peut-être pas les soldats de Shimon Bar Kokhba, mais des vétérans juifs de l’armée romaine qui auraient été à l’origine de la rébellion juive du 2ᵉ siècle contre les Romains, communément appelée « la révolte de Bar Kokhba ».

Cette révolte, lancée par des Juifs indignés protestant contre la décision de l’empereur Hadrien de construire une ville dédiée à Jupiter sur les ruines de Jérusalem, est l’un des événements liés à la fête juive de Lag BaOmer, célébrée cette année les 15 et 16 mai.

Alors que le leadership juif est traditionnellement attribué à Shimon Bar Kokhba, le Dr Haggaï Olshanetsky, chercheur à l’Université de Varsovie, a avancé dans une récente étude que ce sont des vétérans expérimentés de l’armée romaine qui ont lancé la révolte, et que ce n’est que plus tard que Bar Kokhba, un fanatique extrémiste avide de pouvoir, a pris les rênes du mouvement.

Ce changement pourrait aider à expliquer les nombreux mystères historiques qui entourent la rébellion, a déclaré Olshanetsky. Parmi les énigmes qui subsistent, on peut citer la raison pour laquelle les sources historiques sur la deuxième révolte juive ne mentionnent aucun chef, pourquoi la révolte a d’abord été couronnée de succès avant d’échouer, et quelle était son ampleur géographique.

« L’un de mes principaux domaines de recherche porte sur les Juifs qui ont servi dans les armées anciennes, notamment dans l’armée romaine », a indiqué Olshanetsky au Times of Israel lors d’un entretien vidéo au sujet de son étude, publiée en décembre dans le Palestine Exploration Quarterly.

« En parcourant des sources sur l’armée romaine, je suis tombé sur un passage expliquant que les Juifs fabriquaient des armes pour l’armée et pouvaient parfois en garder certaines pour eux, ce qui a soulevé de nombreuses questions », a-t-il expliqué.

Une statue en bronze de l’empereur romain Hadrien provenant de Tel Shalem, dans le nord d’Israël, lors d’une exposition au Musée d’Israël inaugurée le 22 décembre 2015. Hadrien a construit Aelia Capitolina sur les ruines de Jérusalem, déclenchant la deuxième révolte juive en 132 de notre ère. (Crédit : Moti Tufeld)

Olshanetsky faisait référence aux travaux de l’historien romain Cassius Dio (vers 150-235 de notre ère) qui a rédigé un récit en 80 volumes de l’histoire de Rome, incluant la deuxième révolte juive qui s’est terminée environ quinze ans avant sa naissance.

« Ils ont délibérément fabriqué des armes de mauvaise qualité, contrairement à ce qu’on leur avait demandé, afin que les Romains les rejettent et qu’ils puissent ainsi les utiliser eux-mêmes », peut-on lire dans un passage relatant cet événement (Dio Cass. 69.12).

Olshanetsky a expliqué que la plupart des historiens romains avaient tendance à dépeindre l’empire comme étant perpétuellement triomphant. Il est donc très significatif que Cassius ait reconnu que les forgerons et les soldats juifs étaient capables de faire passer des armes en contrebande, offrant un aperçu de la réalité sur le terrain.

« Je pense que, dans l’ensemble, son parcours est unique parce qu’il a essayé de dire des choses qu’il n’avait pas le droit de dire », a-t-il déclaré.

« L’Empire romain a censuré ce qui s’est passé en Judée. »

Le récit de Dio est la seule source historique à fournir une chronique détaillée de la révolte de Bar Kokhba, au-delà d’une brève mention. Cependant, le nom de Shimon Bar Kokhba (ou « Simon le fils de l’Étoile ») n’y est pas mentionné.

Selon le chercheur, l’un des principaux mystères entourant cette révolte de Bar Kokhba réside dans le fait qu’aucune source romaine ne mentionne son chef. Cela intrigue Olshanetsky, car les historiens romains avaient tendance à raconter les rébellions contre l’empire à travers leurs chefs rebelles.

Où s’est déroulée la révolte, et qui d’autre l’a menée ?

Une autre énigme que les archéologues et les historiens tentent depuis longtemps de résoudre est l’étendue géographique de la révolte.

« Les pièces de monnaie de Bar Kokhba, l’une des principales sources d’information sur cette époque, n’ont été trouvées que dans une zone très limitée de Judée », a noté Olshanetsky.

« Parallèlement, des tunnels construits pour la révolte ont été découverts en de nombreux autres endroits, et nous disposons de documents laissés par des réfugiés dans le désert de Judée qui suggèrent que la rébellion couvrait une partie plus vaste du territoire. »

En Galilée, par exemple, des infrastructures souterraines datant de la période concernée ont été mises au jour par des archéologues. Toutefois, aucune pièce de monnaie ni aucun signe de destruction n’ont été découverts.

Le Dr. Haggaï Olshanetsky, de l’Université de Varsovie. (Crédit : Autorisation)

Selon ce chercheur, cela montre que les Romains n’ont pas conquis les Galiléens par la force, contrairement à ce qu’ils feront plus tard avec la Judée.

« Certains documents découverts dans le désert de Judée mentionnent plusieurs implantations juives qui ont initialement participé à la révolte avant de se retirer », a déclaré Olshanetsky.

« Je pense qu’un événement les a poussés à changer de camp, à tel point que les Romains ne les ont même pas punis. À mon avis, ces communautés n’ont pas accepté le leadership de [Shimon] Bar Kokhba. »

L’intransigeance de Bar Kokhba aurait pu aliéner bon nombre des premiers partisans de la révolte, a suggéré Olshanetsky.

En tant que zélote juif, Bar Kokhba avait très peu de chances d’avoir servi auparavant dans l’armée romaine, et s’il l’avait fait, les sources juives l’auraient probablement mentionné, selon Olshanetsky. Et même lorsqu’il est mentionné dans les sources juives, Bar Kokhba est décrit en termes contradictoires.

Selon le Talmud de Jérusalem, le grand sage Rabbi Akiva (qui fut assassiné par les Romains peu après la révolte) croyait que le chef militaire pouvait être le Messie.

« Lorsque Rabbi Akiva vit Bar Kokhba, il dit : ‘Voici le roi Messie’ », peut-on lire dans le texte (Taanit 4:5).

Bar Kokhba est également décrit comme se présentant comme un Messie.

Un papyrus vieux de 1 900 ans écrit en grec a été déchiffré pour la première fois par un groupe de chercheurs israéliens et autrichiens. Renommé « Papyrus Cotton », cet artefact contient les notes d’un procès qui s’est déroulé dans la période précédant la révolte de Bar Kokhba. (Crédit : Shaï Halevi, avec l’aimable autorisation de la Leon Levy Dead Sea Scrolls Digital Library, Autorité israélienne des Antiquités)

Quelques lignes plus loin, cependant, le même traité décrit l’opinion négative des Sages à l’égard de Bar Kokhba, qui exigeait de ses hommes qu’ils se coupent un doigt pour prouver leur loyauté (la mutilation étant strictement interdite par la loi orthodoxe – ou halakha).

« Les Sages demandèrent : ‘Combien de temps allez-vous transformer Israël en personnes défectueuses ?’ Il leur répondit : ‘Comment serait-il possible de les mettre à l’épreuve ?’ », peut-on lire dans le texte.

Un autre récit nous vient des pièces de monnaie

Selon Olshanetsky, la frappe de monnaie, qui nécessitait un contrôle territorial fort, démontre que le début de la révolte a été très fructueux.

« Bar Kokhba », par Arthur Szyk, 1927, aquarelle et gouache sur papier. (Crédit : Domaine public, via Wikipédia)

De même, d’après les archives relatives aux mouvements de troupes, le chercheur a déclaré que jusqu’à deux légions romaines avaient été complètement anéanties par les rebelles, soit entre 5 000 et 12 000 soldats.

Olshanetsky a expliqué que les pièces de monnaie de la révolte de Bar Kokhba ont commencé à être frappées au moment précis où les Galiléens ont décidé de mettre fin à leur participation à la révolte, ce qui explique pourquoi aucune pièce de monnaie de cette révolte n’a été trouvée en Galilée.

Les pièces frappées pendant la révolte suggèrent également que Bar Kokhba n’était pas le seul dirigeant de cette révolte.

Certaines pièces frappées en 132 de notre ère ne portent pas le nom de Bar Kokhba, mais celui d’ « Éléazar le Prêtre », qui était initialement son allié, mais qui fut rapidement tué par Bar Kokhba, peut-être parce qu’il cherchait à conclure un accord avec les Romains.

Une pièce de monnaie datant de la révolte de Bar Kokhba, découverte près du mont du Temple dans la Vieille Ville de Jérusalem, sur une photo publiée le 11 mai 2020. (Crédit : Autorité israélienne des Antiquités)

Trois ans plus tard, Bar Kokhba fut tué par les Romains lors du siège de Betar, une ville qui fut rasée, mettant ainsi fin à la révolte de manière brutale.

Au cours de la première partie de la révolte, il a déclaré : « Les Romains ont subi des pertes considérables. »

« Si la révolte n’avait pas réussi, elle n’aurait pas pu infliger autant de dégâts à la machine de guerre la mieux équipée, la mieux entraînée et la plus expérimentée au monde. »

Les premiers rebelles juifs ont-ils été formés dans l’armée romaine ?

Pour Olshanetsky, les premiers succès de la révolte indiquent un leadership initial juif composé de combattants entraînés.

« Pour les chefs juifs de la révolte, une expérience préalable dans l’armée aurait été utile. Cela s’est produit lors des révoltes hasmonéennes, lorsque les Juifs qui avaient servi dans l’armée séleucide ont fini par la combattre » a-t-il déclaré.

Le fait que les Juifs aient même été autorisés à fabriquer des armes signifiait que l’empire leur faisait confiance, selon Olshanetsky.

Il estime que, malgré les idées reçues, rejoindre les forces armées romaines demeurait attrayant pour la communauté juive.

Fouilles d’une ancienne base de la légion romaine, au pied de Tel Megiddo, sur une photo non datée. (Crédit : Emil Aladjem, Autorité israélienne des Antiquités)

« Nous avons des preuves que le service militaire était courant avant la deuxième révolte juive, et encore plus aux 3ᵉ et 4ᵉ siècles de notre ère », a-t-il déclaré.

« Même le Talmud y fait allusion. »

Le Talmud mentionne notamment que Rabbi Éléazar, fils du héros Lag BaOmer Shimon Bar Yochaï, a également servi dans les forces romaines pendant un certain temps au 3ᵉ siècle.

« L’armée était également un moyen d’obtenir la citoyenneté romaine, dont la plupart des Juifs vivant en Israël étaient dépourvus, et donc d’améliorer le statut social de leurs familles », selon Olshanetsky.

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