Recherche sur les maladies intestinales : Nouvel accord entre Sanofi et CytoReason
La start-up de Tel Aviv est spécialisée dans la modélisation du système immunitaire humain et des maladies
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Sanofi s’est allié avec CytoReason, développeur de modèles informatiques des pathologies, afin de découvrir de nouveaux traitements pour les patients atteints de maladies inflammatoires de l’intestin (MII).
Aux termes de cet accord, Sanofi versera à CytoReason plusieurs millions de dollars (le montant exact n’a pas été divulgué) afin d’utiliser ses modèles pathologiques numérisés aux fins d’évaluation de l’efficacité de nouveaux médicaments et d’orientation de la recherche sur les traitements les plus susceptibles de soulager les personnes atteintes de maladies inflammatoires de l’intestin.
La plate-forme de la start-up, s’appuyant notamment sur l’intelligence artificielle, fournira également des informations sur les médicaments que la société française devrait développer pour offrir de nouvelles options thérapeutiques aux patients atteints de MII, maladie chronique incurable qui affecte le système digestif. La maladie de Crohn et la colite ulcéreuse sont une de ses formes.
Le marché mondial de la recherche pharmaceutique assistée par ordinateur pourrait atteindre plus de 7,5 milliards de dollars d’ici 2030, selon Research Dive, en raison de l’augmentation attendue du nombre de maladies chroniques, dont certaines sont encore inconnues.
En moyenne, le développement de nouveaux médicaments implique la mobilisation de milliards de dollars sur une dizaine d’années, en raison de la longueur des essais et travaux de laboratoire.
CytoReason assure que son impressionnante base de données et sa plate-forme dirigée par l’IA permettent aux sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques de raccourcir les phases d’essai, diminuer les coûts de développement et réduire les aléas lies au développement des traitements.
Emanuele de Rinaldis, responsable de la médecine de précision et de la biologie computationnelle chez Sanofi, souligne que le laboratoire pharmaceutique français entend « décrire les maladies au niveau moléculaire et cellulaire afin de mieux comprendre les causes qui sous-tendent les différentes réactions des patients aux traitements, et finalement, de trouver les meilleurs médicaments pour les patients ».
Fondée en 2016, CytoReason a développé une technologie informatique un peu comparable à celle du GPS, qui permet de naviguer dans le système immunitaire. Le logiciel d’apprentissage automatique recueille et combine des données provenant de diverses sources, données internes comme recherches publiées sur le système immunitaire entre autres études cliniques, pour découvrir de nouvelles informations sur la biologie des maladies.
Il construit ensuite une simulation numérique du corps humain susceptible d’être utilisée pour évaluer la réaction aux différents médicaments et orienter le développement de ceux qui présentent le meilleur profil pour les patients.
« Avec notre IA, nous allons aider les chercheurs de Sanofi à identifier et personnaliser de nouvelles cibles dans le domaine du traitement des MII, pour hiérarchiser les développements les plus prometteurs », explique David Harel, PDG et cofondateur de CytoReason.
« Les méthodes innovantes d’apprentissage automatique de CytoReason, adossées à des données humaines exclusives, ouvrent la voie à la réinvention de la R&D en matière médicamenteuse pour les grandes sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques. »
Cette nouvelle alliance s’appuie sur un précédent accord de coopération, conclu en 2021, qui a permis à Sanofi d’utiliser la technologie de CytoReason et ses modèles centrés sur les cellules, pour développer un nouveau traitement contre l’asthme.
CytoReason, qui emploie plus de 110 personnes, pour l’essentiel en Israël, travaille avec d’autres sociétés pharmaceutiques de tout premier plan, comme le géant pharmaceutique américain Pfizer, les sociétés pharmaceutiques suisses Ferring et Roche et GSK, au Royaume-Uni.
L’an dernier, Pfizer a investi 20 millions de dollars dans la société israélienne, sous forme d’actions, dans le cadre d’un accord conclu pour cinq ans et d’une valeur maximale de 110 millions de dollars, de manière à obtenir la licence d’exploitation de la plate-forme et des modèles pathologiques de CytoReason.