Israël en guerre - Jour 346

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Redoutant la guerre, les habitants du bastion du Hezbollah cherchent des lieux sûrs

Certains essayent de louer un appartement hors de Beyrouth, dans des zones qui échappent au contrôle des terroristes chiites et sont principalement habitées par des chrétiens ou des druzes

Les dégâts causés par une frappe aérienne israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 30 juillet 2024. (Crédit : Hussein Malla/AP)
Les dégâts causés par une frappe aérienne israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 30 juillet 2024. (Crédit : Hussein Malla/AP)

Depuis la frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth la semaine dernière, Batoul et sa famille cherchent à fuir ce bastion du Hezbollah où ils habitent, mais les prix des appartements dans les zones plus sûres sont montés en flèche.

« Nous sommes avec la résistance [le Hezbollah] jusqu’à la mort. Mais c’est normal d’avoir peur […] et de chercher à se mettre à l’abri », déclare à l’AFP cette journaliste de 29 ans, qui refuse de donner son nom de famille car le sujet est sensible.

La banlieue sud, densément peuplée, abrite les principales institutions du Hezbollah pro-Iran.

Le 30 juillet, une frappe israélienne y a visé un haut responsable de la branche armée de ce groupe terroriste , tuant également cinq civils, trois femmes et deux enfants.

Depuis, le pays est en haleine, suspendu à la promesse du Hezbollah de se venger.

Et les craintes d’un embrasement régional s’intensifient, l’Iran ayant également promis de riposter à l’assassinat à Téhéran du chef du bureau politique du groupe terroriste palestinien du Hamas, Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël.

Un panneau d’affichage présentant une image de feu le chef de la Force Al-Qods iranienne Qassem Soleimani (à droite) et du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah (au centre) face à un bâtiment visé par une frappe militaire israélienne sur un commandant du Hezbollah, à Beyrouth la veille, le 31 juillet 2024. (Crédit : Anwar Amro/AFP)

« Si la guerre éclate nous serons forcés de partir […] ceux qui disent vouloir rester à Dahiyé sous les bombardements se font des illusions », ajoute la jeune femme, en employant le nom arabe de la banlieue sud.

« Pas le choix »

Batoul déclare essayer de louer un appartement dans les « zones sûres » hors de Beyrouth, qui échappent au contrôle du Hezbollah et sont principalement habitées par des chrétiens ou des druzes.

Mais les propriétaires « demandent des prix exorbitants », déplore-t-elle.

Un propriétaire a annulé le contrat de sa famille à la dernière minute, alors qu’elle avait accepté de payer six mois de loyer à l’avance pour un appartement à Sofar, dans la montagne.

Une habitante de la banlieue sud qui refuse aussi de donner son nom déclare avoir eu de la chance de trouver une maison dans un village à une quinzaine de km de Beyrouth pour 1 500 dollars par mois.

Une autre maison, située dans un village de montagne voisin, était annoncée pour 1 500 dollars sur un site de location, « mais lorsque nous sommes arrivés, on nous a demandé 2 000 dollars », raconte cette enseignante de 55 ans.

« Ils savent que nous n’avons pas le choix. Quand il y a une guerre, on est prêt à payer n’importe quelle somme pour être en sécurité », soupire-t-elle.

Un homme inspectant les dégâts causés par une frappe aérienne israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 30 juillet 2024. (Crédit : Hussein Malla/AP)

Elle souligne que beaucoup de gens resteront dans la banlieue faute de moyens, dans un pays englué dans une crise économique et où les revenus se sont effondrés.

Riyad Bou Fakhreddine, qui loue des appartements dans le Mont-Liban, proche de Beyrouth, déclare que la demande est si forte que les appartements sont réservés « une heure ou deux » après leur mise en ligne.

Certains clients ont multiplié par quatre le prix qu’ils exigent pour leurs appartements, dit-il. « Mais je refuse, je leur dis que ne veux pas profiter de la peur des gens. »

Pas de solidarité

Les habitants de la banlieue cherchent également des appartements dans la ville même de Beyrouth toute proche.

« Le téléphone n’a pas arrêté de sonner », assure Ali, qui loue des appartements meublés dans un quartier animé de la capitale. « J’ai loué dix appartements en deux jours ».

Lors de la guerre entre le Hezbollah et Israël en 2006, l’aviation israélienne avait pilonné la banlieue sud pendant 30 jours, détruisant des centaines d’immeubles.

À l’époque, les Libanais des différentes communautés, généralement désunis, s’étaient montrés solidaires des chiites de la banlieue et du sud du Liban qui fuyaient les violences.

Mais la situation est différente cette fois-ci, beaucoup de Libanais reprochant au Hezbollah d’avoir entraîné le pays dans une guerre qui ne fait pas l’unanimité.

Dès le début de la guerre à Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, le Hezbollah a ouvert un « front de soutien » au Hamas dans le sud du Liban, échangeant des tirs quotidiens avec Israël.

Jusqu’à présent, les affrontements à la frontière ont causé la mort de vingt-cinq civils du côté israélien, ainsi que celle de dix-huit soldats et réservistes de l’armée israélienne. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.

Le Hezbollah a signalé que 398 de ses terroristes ont été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 71 éléments d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes, ont été tués.

« À l’époque, il n’y avait pas une telle polarisation politique », regrette Batoul.

Israël a averti qu’il ne pouvait plus tolérer la présence du Hezbollah le long de sa frontière à la suite du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre et que si une solution diplomatique n’était pas trouvée aux attaques transfrontalières en cours, il se tournerait vers l’action militaire pour repousser le Hezbollah vers le nord.

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