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Refonte judiciaire : Des milliers d’employés se préparent à une grève de masse

Environ 300 entreprises high-tech, financiers et d'avocats devraient se rassembler lundi pour une manifestation devant la Knesset, ainsi que des professionnels de la santé

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Des employés du secteur de la high-tech protestant contre les changements proposés au système judiciaire, à Tel Aviv, le 7 février 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Des employés du secteur de la high-tech protestant contre les changements proposés au système judiciaire, à Tel Aviv, le 7 février 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Des centaines de start-ups high-tech, de cabinets d’avocats et d’autres entreprises du secteur privé ont autorisé des dizaines de milliers de leurs employés à se joindre à une grève nationale lundi contre les plans controversés du gouvernement pour une refonte du système judiciaire.

Des milliers de personnes se préparent à un rassemblement de masse devant la Knesset à Jérusalem lundi à midi, ainsi qu’à des manifestations simultanées dans d’autres villes, afin de coïncider avec les premiers votes des projets de loi. En outre, des milliers de médecins et de professionnels de la santé mentale devraient se joindre à la grève. Pour l’instant, la fédération syndicale Histadrout, qui représente les syndicats du secteur public, n’a pas l’intention de se joindre à la manifestation.

Il est difficile de calculer le coût économique direct de la grève à ce stade, puisque le secteur public n’y participe pas. Mais par le passé, on a estimé qu’une grève nationale complète entraînait des dommages quotidiens de « quelques milliards de shekels », selon Rafi Gozlan, économiste en chef à l’IBI Investment House.

« Nous souhaitons faire passer le message, haut et fort, que le fragile tissu démocratique d’Israël doit être protégé », ont écrit les organisateurs de la manifestation du secteur de la high-tech. « La high-tech en Israël est un miracle mondial avéré. Ce secteur est composé d’entreprises qui ont été fondées et construites sur des dizaines d’années, au prix d’énormes efforts et d’investissements financiers colossaux.

« C’est le secteur qui est responsable de la majeure partie de la force économique du pays et qui génère le plus d’espoir pour l’économie israélienne aujourd’hui et pour l’avenir. »

Parmi les quelque 300 entreprises high-tech et fonds de capital-risque qui ont déjà exprimé leur soutien à leurs employés pour qu’ils se joignent à la grève figurent Payoneer, Pitango, Kaltura, Lemonade, Riskified, Wiz, Fireblocks, Appsflyer, Similarweb, IronSource, Natural Intelligence, Plantish, TLV Partners, Econcrete, Team8, Ultrasight, Algosec, Qumra Capital, Vertex Ventures et Jerusalem Venture Partners (JVP).

Selon les organisateurs de la manifestation des employés de la high-tech, plus de 45 bus transporteront les employés de Tel Aviv, Rehovot, Beer Sheva, Nahariya et d’autres lieux vers la manifestation de lundi à Jérusalem.

Des manifestants remplissant la rue Kaplan à Tel Aviv alors qu’ils se rassemblent contre les plans controversés visant à affaiblir le système judiciaire, le 11 février 2023. (Crédit : La Douzième chaîne)

« Lundi, je serai là avec ma famille, brandissant le drapeau israélien, dans le cadre d’une autre leçon de citoyenneté pour nos enfants et, je l’espère, également dans le cadre d’une tentative réussie d’arrêter le train à grande vitesse à Jérusalem », a annoncé Keren Levy, présidente de la plate-forme de paiement Payoneer, cotée au Nasdaq, dans une publication LinkedIn.

« Ce train va nuire à la high-tech, à l’économie, à la société israélienne, aux minorités et à ceux qui ont le plus besoin de la protection de la Cour, ainsi qu’au tissu délicat dont nous étions si fiers jusqu’à aujourd’hui, que l’on retrouve partout dans la société israélienne. »

La grève prévue dans le secteur privé intervient après le sixième samedi soir consécutif de manifestations, au cours duquel quelque 145 000 personnes se sont rassemblées à Tel Aviv, et 83 000 autres dans d’autres régions du pays.

Le PDG de Plantish, Ofek Ron, a déclaré que le plan du gouvernement visant à « affaiblir la Cour suprême et à changer fondamentalement la nature de notre démocratie limitée et fragile est une cause d’alarme ».

« En tant que leaders du monde des affaires, je crois qu’il est de notre responsabilité de défendre les valeurs qui nous sont chères et de nous élever contre toute menace à notre démocratie », a déclaré Ron. « C’est pourquoi ce lundi, je me joindrai à de nombreux autres dirigeants à Jérusalem pour défendre notre démocratie. »

Le cabinet d’avocats Gissin & Co. a annoncé à ses clients que ses « bureaux, tout comme de nombreuses autres entreprises de notre cher pays, seront fermés lundi, en signe de protestation contre la tentative du gouvernement israélien de porter atteinte à l’indépendance de l’autorité judiciaire et d’abolir la démocratie en Israël ».

Des travailleurs du secteur high-tech défilant à Tel Aviv pour protester contre le projet de remaniement du système judiciaire du gouvernement, le 31 janvier 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Erel Margalit, investisseur dans le secteur de la high-tech et fondateur de JVP, prendra la tête d’une marche de protestation de professionnels du secteur de la high-tech et de dirigeants de start-ups à Jérusalem qui se rendront à pied à la Knesset lundi. « La démocratie est au cœur et l’âme d’Israël », a écrit JVP dans un communiqué. « Nous devons la défendre. »

Le projet de refonte du ministre de la Justice Yariv Levin, qui est soutenu par Netanyahu, prévoit de restreindre de manière importante la capacité de la Haute-cour à invalider des lois et des décisions gouvernementales avec l’adoption d’une clause dite « dérogatoire » qui permettrait au Parlement de surseoir aux décisions de la Cour suprême avec un vote à la majorité simple de 61 députés.

Levin a déclaré qu’il n’était pas disposé à négocier sur l’un ou l’autre des éléments fondamentaux des propositions envisagées, arguant que les réformes sont cruciales pour aider à rééquilibrer la structure du pouvoir dans laquelle les tribunaux ont une influence démesurée sur les législateurs élus.

« Nous avons une semaine fatidique devant nous », a déclaré Tami Bronner, partenaire chez Vertex Ventures. « On se verra demain à la Knesset. »

Dans une lettre publiée la semaine dernière, les organisateurs de la manifestation des employés de la high-tech ont déclaré que les employés du secteur « sont profondément préoccupés par les ramifications financières de ce nouveau projet de loi ».

« Nous avons déjà entendu parler d’entreprises et de sociétés de capital-risque qui retirent leurs fonds, leurs investissements et leurs participations en Israël. Nous avons entendu parler de banques d’investissement de premier plan qui ont publié des rapports inquiétants, et dans de nombreuses entreprises, il est déjà question de transférer une partie ou la totalité de leur activité à l’étranger », peut-on lire dans la lettre.

« L’effet négatif de ces développements désastreux sur la capacité à lever des fonds et à créer de nouvelles collaborations avec des clients et des entreprises à l’étranger peut être critique, et peut causer des dommages graves et durables au secteur de la high-tech, et en conséquence directe – nuire à l’économie israélienne dans son ensemble. »

Ces dernières semaines, des entreprises high-tech, des financiers, des organisations commerciales, des décideurs politiques et d’importants économistes ont averti à plusieurs reprises que le projet de réforme du système judiciaire, qui, selon eux, menace la démocratie, nuira à la position d’Israël en tant que centre stable pour les investissements.

La crainte est que l’affaiblissement du système judiciaire crée de l’incertitude et dissuade les investisseurs étrangers d’injecter des fonds dans des entreprises en Israël. Cela pourrait à son tour contraindre les entreprises locales et internationales à partir et à s’installer ailleurs.

Un certain nombre de licornes israéliennes ont déjà annoncé qu’elles retiraient des fonds importants de leurs comptes bancaires israéliens pour les placer à l’étranger en raison de la pression exercée par des investisseurs étrangers inquiets.

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