Refonte judiciaire : Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi soir
Selon les organisateurs, 145 000 personnes se sont rassemblées à Tel Aviv, et 83 000 dans d'autres villes ; la police a autorisé les manifestants à marcher sur l'autoroute Ayalon
Plusieurs dizaines de milliers d’Israéliens sont descendues dans la rue lors de rassemblements de masse samedi soir contre les efforts du gouvernement visant à affaiblir considérablement la Haute Cour de justice et à assurer un contrôle politique sur les nominations judiciaires.
Une première lecture de certains des projets de loi très controversés est prévue pour lundi ; un projet de loi doit passer par trois lectures pour avoir force de loi, et la coalition a indiqué qu’elle cherche à faire passer ses propositions par la Knesset d’ici le mois d’avril.
Selon les organisateurs, quelque 145 000 personnes se sont rassemblées à Tel Aviv samedi soir, et 83 000 autres dans d’autres régions du pays, ce qui constituerait le taux de participation le plus élevé à ce jour pour le sixième samedi soir consécutif de manifestations. Aucune estimation n’a été communiquée par la police.
La plus grande manifestation de samedi a commencé par une marche à partir du boulevard Rothschild dans le centre-ville de Tel Aviv, le rassemblement principal devant se tenir dans la rue Kaplan. Plusieurs routes ont été bloquées dans la zone, selon la police.
La police a également autorisé les manifestants à marcher sur l’autoroute Ayalon.
Les manifestants ont brandi des drapeaux israéliens et brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « la destruction de la démocratie bat son plein ».
תמונות רחפן של @tomerappelbaum מאזור צומת קפלן. עשרות אלפים מפגינים בתל אביב pic.twitter.com/snweCEPC7h
— Bar Peleg (@bar_peleg) February 11, 2023
Des milliers de personnes se sont rassemblées dans d’autres villes et villages du pays, notamment à Jérusalem, Haïfa, Beer Sheva, Karmiel et Petah Tikva.
אלפי מפגינים עולים על איילון צפון וחוסמים אותו באישור המשטרה (צילום: אורן זיו) pic.twitter.com/hCCD29kzEX
— שיחה מקומית (@mekomit) February 11, 2023
À Jérusalem, des milliers de personnes rassemblées devant la résidence présidentielle ont observé une minute de silence pour les trois Israéliens tués dans une attaque terroriste à la voiture-bélier vendredi après-midi.
L’ancienne ministre de la Justice, Tzipi Livni, était parmi les orateurs de l’événement sur la rue Kaplan.
« Nous ne sommes pas descendus dans la rue à cause des résultats des élections législatives. Nous sommes ici à cause de ce que vous avez fait depuis que vous avez été élus. Des lois personnelles, une prise de contrôle politique des gardes-fous, la persécution des fonctionnaires. Cette folie a un nom. Ce ne sont plus des signes, mais la chose elle-même – le fascisme », a déclaré Livni.
For the 6th week in a row, mass protests against Netanyahu's plan to weaken the judicial system. According to assessments, more than 100K people are demonstrating tonight across Israel – in Tel Aviv (here in the drone footage????), Jerusalem, Haifa & a dozen other major cities pic.twitter.com/vFrWhd4jQz
— Barak Ravid (@BarakRavid) February 11, 2023
S’adressant à la Douzième chaîne depuis la manifestation à Tel Aviv, l’ancien chef d’état-major de Tsahal, Dan Halutz, a indiqué que les Israéliens ne voudraient pas servir dans l’armée si le gouvernement allait de l’avant avec ses projets judiciaires.
« Servir dans une démocratie est une chose, et servir dans une dictature en est une autre. Je pense que les soldats et les officiers qui reconnaissent qu’il y a une dictature ici, ne voudront pas devenir les mercenaires d’un dictateur », a déclaré Halutz.
A Modiin, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le domicile du ministre de la Justice, Yariv Levin.
במודיעין, מול ביתו של יריב לוין. מאות אנשים כבר כאן, רבים אחרים בדרך! pic.twitter.com/6PhJXY3qfa
— Ksenia Svetlova كسنيا سفطلوفا (@KseniaSvetlova) February 11, 2023
Pour la première fois depuis le début des protestations, une manifestation a également eu lieu dans l’implantation d’Efrat, en Cisjordanie.
Des rassemblements de masse ont eu lieu chaque semaine, tous les samedis soirs, ainsi que des manifestations plus modestes organisées par divers secteurs de la société, notamment des réservistes militaires, des employés de la high-tech, des parents d’élèves, des étudiants, des avocats et du personnel de la santé. Jeudi soir, des centaines de personnes ont manifesté devant le domicile du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem.
Tel-aviv's central Highway blocked pic.twitter.com/RjeqCACiDt
— Yossi Mendes (@MendesYossi) February 11, 2023
En outre, des rassemblements ont eu lieu dans des villes des États-Unis, ainsi que dans un certain nombre de capitales européennes.
Les dirigeants des mouvements de protestation ont appelé à une grève nationale lundi pour coïncider avec les premiers tours de vote sur les projets de loi, constituant une escalade dans les manifestations contre les propositions controversées.
Il y aura également un rassemblement de masse devant la Knesset à Jérusalem lundi à midi, ainsi que des manifestations simultanées dans d’autres villes.
Avant la première lecture de lundi, le gouvernement avait prévu de soumettre deux autres projets de loi controversés à une commission phare de la Knesset dimanche.
Le premier projet de loi est un outil législatif permettant à la Knesset d’adopter des lois qui ne sont pas soumises à un examen judiciaire, un pilier essentiel de la réforme radicale du système judiciaire proposée par le nouveau gouvernement.
Le projet de loi sur la limitation du contrôle judiciaire, proposé par Simcha Rothman, député du parti HaTzionout HaDatit, et président de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset, permettrait à la Knesset d’adopter une loi qui empêcherait la Haute Cour de justice de l’annuler.
Dans une décision rendue le mois dernier, la Haute Cour a jugé que la nomination de Deri en tant que ministre de l’Intérieur et de la Santé était « déraisonnable à l’extrême » en raison de sa condamnation en 2022 pour deux chefs d’accusation de fraude fiscale, et de sa condamnation en 1999 pour corruption.
Le tribunal a également déterminé que, puisque Deri avait donné au tribunal de première instance de Jérusalem, qui l’a condamné pour les accusations de fraude fiscale, l’impression mensongère qu’il allait se retirer définitivement de la vie publique afin d’obtenir une négociation de peine dans cette affaire, sa nomination en tant que ministre ne pouvait être acceptée en raison du principe judiciaire d’estoppel.
S’ils sont approuvés, les projets de loi passeront ensuite à la Knesset pour leurs lectures préliminaires.