Israël en guerre - Jour 423

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Reportage« Nous sommes un pays de survivants »

Rentrée des élèves évacués du nord à l’école de Zichron Yaakov – une lueur d’espoir pour certains

À l'école primaire et au collège de Horesh, dans le nord d'Israël, les enfants déplacés commencent une deuxième année scolaire loin de chez eux

Rentrée à l'école Horesh de Zichron Yaakov, le 1er septembre 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)
Rentrée à l'école Horesh de Zichron Yaakov, le 1er septembre 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

En 1996, lors de l’opération Raisins de la colère au cours de laquelle Tsahal avait affronté au Hezbollah durant des semaines, Hadas Daudi, 7 ans, avait été momentanément évacuée du Moshav Zaarit, petite communauté située le long de la frontière israélo-libanaise.

En 2024, Daudi, qui est aujourd’hui avocate et mère de quatre enfants installée à Moshav Yaara, s’apprête à vivre sa deuxième année dans un hôtel de Zichron Yaakov car elle fait partie des populations évacuées.

« Quand ils nous ont évacués, nous avons passé les deux premiers mois à Sdot Yam. Je me souviens très bien de ces moments-là. J’ai expliqué à mes enfants qu’il fallait faire avec ce que nous avions et en tirer le meilleur parti », confie Daudi au Times of Israel, dimanche, tout en accompagnant trois de ses enfants pour leur journée de rentrée à Horesh, un établissement qui combine école primaire et collège.

Selon la direction de l’école, depuis que les communautés du nord ont été évacuées en raison des tirs de roquettes du Hezbollah, le 8 octobre, cette école accueille une soixantaine d’élèves évacués, originaires pour l’essentiel de Yaara. L’établissement compte aujourd’hui plus de 700 élèves.

Le mari de Daudi effectue un service de réserve depuis le début de la guerre, un temps à Gaza puis dans les services de sécurité civile armée du Moshav Yaara, ce qui l’a « laissée seule avec les enfants », explique-t-elle.

L’an dernier, elle s’est « battue » pour que son fils soit inscrit dans cette école alors qu’il l’avait été dans une des écoles ad hoc mises en place au profit des communautés évacuées.

Les Daudi le jour de la rentrée scolaire, le 1er septembre 2024. (Autorisation)

« J’avais l’impression que le fait de n’être qu’avec des évacués n’était pas bon pour lui. Qu’il n’allait pas s’épanouir en compagnie d’autres jeunes évacués », poursuit-elle. « Depuis qu’il est ici et qu’il a trouvé une classe, il s’épanouit, il se sent vraiment mieux. »

« Ça reste compliqué pour lui de parler, mais il me dit que ses copains lui manquent. Il est impatient de pouvoir rentrer à la maison », ajoute Daudi.

Le reste de la famille de Daudi a, elle aussi, été évacuée, souligne-t-elle. « Mes parents et mes sœurs sont allés à Tibériade : ils ont ouvert une nouvelle école pour les évacués là-bas. Mais ils n’aiment pas trop », confie-t-elle. C’est beaucoup mieux, ajoute-t-elle, d’être dans une école « bien pensée et avec un bon niveau, pas quelque chose de créé à la va-vite ».

Une bulle en blanc et jaune

En ce jour de rentrée, l’école Horesh accueille les élèves et leurs parents de manière festive, avec tapis rouge, chants israéliens traditionnels diffusés par haut-parleur et parents et enfants qui patientent pour se faire photographier.

Élèves et parents font la queue pour se faire photographier le jour de la rentrée à l’école Horesh de Zichron Yaakov, le 1er septembre 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

L’école se situe non loin de Zichron Yaakov, à la sortie de la Route 4, à l’endroit même où un petit groupe de manifestants vêtus de jaune, des drapeaux jaunes à la main, demandent la libération des otages israéliens de Gaza. Au loin, on aperçoit la Méditerranée.

Nombreux sont les élèves, les enseignants et parents à porter du jaune, en signe de solidarité avec les otages, explique au Times of Israël Idea Tzachi, qui dirige l’association des parents d’élèves de Horesh.

La rentrée est « un moment excitant, mais les sentiments sont mêlés » à cause de la situation, poursuit Tzachi. La veille au soir, on apprenait que six corps avaient été découverts à Gaza par les soldats israéliens : le lendemain matin, au moment où parents et élèves arrivent pour la rentrée, leur identité était rendue publique.

Un manifestant demande un accord de cessez-le-feu pour la libération des otages de Gaza, devant l’école Horesh de Zichron Yaakov, le 1er septembre 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

Zichron Yaakov, ville pittoresque située au sud de Haïfa, compte environ 24 000 habitants : elle a la réputation d’être une ville prospère peuplée d’employés du secteur des nouvelles technologies mais aussi d’artistes.

« Nous vivons dans une bulle », admet Tami Rich, un parent, mais les habitants de la ville restent « très conscients et actifs politiquement », ajoute-t-elle.

Trois de ses enfants sont scolarisés à l’école Horesh – « Mon aîné lui peut faire la grasse matinée » à cause de la grève des professeurs de collège, dit-elle avec ironie – et elle trouve que l’école « a fait du bon travail » pour accueillir les élèves évacués.

Horesh vit peut-être dans une bulle, mais c’est une école résolument avant-gardiste « qui évolue dans une bulle de 2024 », et non avec des pédagogies et techniques « de 1984 », analyse Rich. Elle estime que la vitalité de cette école est à mettre au crédit de son directeur, Ronen Weiss, dont elle dit qu’il est l’« éducateur le plus extraordinaire que j’aie jamais rencontré ».

La tradition donne de l’espoir

Weiss est un homme jeune et charismatique avec des tatouages et une nuée de boucles d’oreilles qui auraient tout droit sortis d’une boîte de nuit de Tel Aviv. Sur place pour saluer les élèves et leurs parents en ce jour de rentrée, son enthousiasme est patent : il accueille tout le monde avec un sourire, une accolade et quelques mots.

Par les temps qui courent, les festivités de rentrée « sont une tradition porteuse d’espoir », explique Weiss.

Un peu plus tard dans la matinée, il expliquera qu’il vient d’avoir 40 ans et que cela fait déjà une dizaine d’années qu’il est directeur d’école, dont six à Horesh.

« J’adore ce que je fais », dit-il simplement.

Une fois que la plupart des élèves arrivés sont en classe, Weiss fait sa tournée. Il se rend dans chaque classe et les enfants se lèvent tous en silence lorsqu’il entre. Il semble connaître le nom de chacun de ses élèves, particulièrement dans les grandes classes. Quand un nom lui manque, il le demande simplement en promettant de s’en souvenir à l’avenir.

Le directeur de l’école Horesh, Ronen Weiss, le 1er septembre 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

« Il ne fait aucun doute que nous avons à l’école de bons élèves » compte tenu de l’emplacement, explique-t-il en passant d’une classe à l’autre, mais ses élèves présentent « tous les profils » en termes de niveau et d’origine socio-économique, et l’établissement compte plusieurs classes d’éducation spécialisée.

« Ces dix dernières années, il a été plus complexe et difficile que jamais de travailler dans le secteur de l’éducation », assure-t-il en prenant à témoin les problèmes induits par les confinements liés à la COVID et aujourd’hui, la guerre, sans oublier toutes ces années d’impasse politique et d’élections infructueuses.

Malgré tout, lorsque la passion pour l’éducation « vient de l’intérieur, alors ça marche quand même », souligne Weiss, juste avant le début de la réunion de rentrée, organisée dans l’amphithéâtre central, à l’ombre.

Au menu de la cérémonie, un court discours de Weiss, quelques sketches adorables et des spectacles de danse donnés par des élèves, suivi de l’accueil des nouveaux élèves de CP, qui passent ensemble sous une arche ornée de fleurs, comme le veut la tradition.

« Maintenant que les cours ont repris, pour être parfaitement honnête, je ne pense pas que nous rentrerons de sitôt », confie Daudi, mère de famille évacuée, à l’issue de la cérémonie et une fois sa fille déposée dans sa classe.

Le tapis rouge accueille les élèves le jour de la rentrée, à l’école Horesh de Zichron Yaakov, le 1er septembre 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

« Nous sommes installés – à l’idée de repartir et de recommencer à nous reconstruire, je ne me sens pas la force, c’est difficile », admet-elle.

Vivre à l’hôtel est difficile, et ce qui était à l’origine un grand groupe originaire de Yaara se réduit aujourd’hui à une quarantaine de personnes, car des familles sont parties s’installer dans des appartements loués à proximité ou loin de Zichron Yaakov, explique-t-elle.

« Nous sommes un pays de survivants », ajoute-t-elle. « Nous faisons ce que nous avons à faire. Et je n’ai pas à me plaindre. Dans l’ensemble, nous sommes bien ici, les enfants surtout, et c’est ce qui compte le plus. »

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