Ryad et Le Caire annoncent des manœuvres en pleine guerre au Yémen
Les Turcs proposent d'organiser une conférence avec les partis en présence pour résoudre au plus vite la crise au Yémen
L’Arabie saoudite et l’Egypte, les deux piliers de la coalition contre les rebelles chiites au Yémen, ont annoncé mercredi leur intention d’organiser de grandes manœuvres militaires sur le sol saoudien, trois semaines après le début des frappes au Yémen.
Sur le territoire yéménite, les avions de la coalition arabo-sunnite ont mené de nouveaux raids contre les rebelles liés à l’Iran, trois semaines après le début des frappes le 26 mars.
La coalition formée de neuf pays a été renforcée diplomatiquement par l’adoption mardi par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution sommant les miliciens chiites Houthis de se retirer des régions qu’ils ont conquises depuis l’été 2014.
Curieusement, les Houthis n’avaient pas formellement réagi mercredi à cette décision, leur chaîne de télévision se contentant d’afficher à l’écran qu’il s’agissait d’une « crime contre le Yémen ».
Cette chaîne a appelé à des défilés à Sanaa pour dénoncer la résolution, mais peu de manifestants se sont rassemblés devant les bureaux de l’ONU dans la capitale yéménite, selon un correspondant de l’AFP.
Au 21e jour des raids, les avions de la coalition ont visé un ensemble de bâtiments de l’administration provinciale de Saada, fief des Houthis dans le nord du Yémen, selon des habitants.
Ils ont également frappé des positions rebelles dans plusieurs quartiers d’Aden, deuxième ville du pays, dans le sud, ont rapporté des témoins.
Dans cette cité portuaire, les affrontements se poursuivaient entre rebelles et partisans du chef de l’Etat, faisant sept morts (trois civils et quatre supplétifs de l’armée favorables au président Abd Rabbo Mansour Hadi en exil), selon des sources médicales.
Les combattants pro-Hadi ont affirmé avoir tué 16 Houthis dans des embuscades et des échanges de tirs dans la province de Daleh, au nord d’Aden.
Axe Ryad/Le Caire
L’Egypte et l’Arabie saoudite vont former une commission pour tenir de « grandes » manœuvres militaires conjointes dans le royaume saoudien. Y participera « une force arabe comprenant des troupes égyptiennes, saoudiennes et des Etats du Golfe », a annoncé la présidence égyptienne.
Aucune indication n’a été donnée sur le calendrier, l’ampleur ou les modalités de ces manœuvres.
Cette annonce fait suite à une rencontre mardi entre le président Abdel Fattah al-Sissi et le ministre saoudien de la Défense, Mohammed ben Salmane ben Abdel Aziz.
Au cours de l’entretien, Sissi a répété que « la sécurité dans le Golfe arabique constitue une ligne rouge pour l’Egypte et est partie intégrante de sa propre sécurité nationale (…), en particulier dans la mer Rouge et le détroit de Bab al-Mandeb » — qui sépare l’Afrique de la péninsule arabique.
L’Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe, participe activement à la coalition anti-Houthis. Le Caire a aussi été à l’avant-garde de l’annonce, le 29 mars par la Ligue arabe, de la création d’une future force arabe permanente, dont l’objectif principal sera de combattre les groupes jihadistes dans la région, notamment en Libye.
La question d’une éventuelle intervention au sol est souvent posée au porte-parole saoudien de la coalition pour le Yémen, le général de brigade Ahmed Assiri. Celui-ci répond immanquablement que « toutes les options sont ouvertes ».
La situation humanitaire continue à empirer au Yémen, notamment à Sanaa, sans électricité depuis trois jours et où les produits alimentaires se font rares ou sont hors de prix, selon des habitants.
Les Houthis, venus du nord, ont pris la ville le 21 septembre avant de chasser du pouvoir en janvier le président Hadi et d’entreprendre la conquête du sud où ils sont arrivés à Aden le 26 mars, jour du déclenchement de la campagne aérienne arabe.
Les bombardements ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés, dont une bonne partie de civils. Des responsables de l’ONU ont demandé une enquête sur ces pertes.
Mercredi, le président du Parlement turc Cemil Ciçek a annoncé que son pays souhaitait l’organisation d’une conférence internationale pour la paix au Yémen, qui regrouperait toutes les parties engagées et se tiendrait à Istanbul ou à Ryad.