Sanders juge Netanyahu « raciste », Biden condamne sa « scandaleuse » politique
Lors du cinquième débat Démocrate, le sénateur du Vermont a dit que les Etats-Unis devaient prôner "une situation équitable", Biden insiste sur la solution à 2 Etats
Le sénateur Bernie Sanders, favori démocrate à la présidentielle, a déclaré jeudi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu était « raciste » et il a appelé à la mise en place d’une politique américaine qui accorde de l’espace à la fois à la sécurité israélienne et à une « perspective pro-palestinienne ».
Joe Biden, autre candidat démocrate, a pour sa part fustigé Netanyahu qui, a-t-il dit, va à « l’extrême-droite » et a recommandé qu’une pression constante soit exercée sur Israël en faveur d’une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien.
S’exprimant au cours du cinquième débat organisé entre les candidats susceptibles de faire face au président Donald Trump lors des élections du mois de novembre 2020, Sanders a expliqué qu’Israël « a – et je le dis en tant que personne ayant vécu en Israël lorsque j’étais enfant, en tant que Juif et fier de l’être – Israël a le droit d’exister, et pas seulement d’exister, d’ailleurs – mais d’exister dans la paix et la sécurité. Mais ce que doit être la politique américaine, ce n’est pas seulement être pro-Israël. Nous devons être également pro-palestiniens ».
« Nous devons bien comprendre qu’actuellement en Israël, nous avons un pays dirigé par Netanyahu qui a récemment, comme vous le savez, été inculpé pour corruption et qui, selon moi, est raciste. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une situation équitable en ce qui concerne le Moyen-Orient, qui puisse s’attaquer à la crise terrible à Gaza où 60 % ou 70 % des jeunes sont au chômage », a-t-il continué.
Sanders, qui serait le premier président Juif s’il remportait la nomination démocrate en 2020 et qu’il l’emportait sur Trump, a appelé un certain nombre de fois les Etats-Unis à réfléchir à conditionner les aides à Israël à l’engagement, de la part du gouvernement israélien, à ne plus élargir les implantations en Cisjordanie, et autres initiatives qui ont entravé les relations israélo-palestiniennes.
Sanders avait fait part de points de vue similaires à Atlanta lors d’un débat, organisé le mois dernier. Il avait à cette occasion pris lui-même l’initiative d’évoquer la question israélo-palestinienne.
Deux autres candidats Démocrates à la présidentielle qui débattaient jeudi à Los Angeles, Elizabeth Warren et Pete Buttigieg, ont rejoint Sanders en laissant la porte ouverte à l’utilisation des aides américaines comme moyen de pression pour pousser Israël à revoir ses politiques à l’égard des Palestiniens.
Buttigieg a concentré sa colère sur Trump lors du débat, disant que les approbations pro-israéliennes de Trump avaient pour objectif « d’intervenir de manière effective dans la politique intérieure israélienne ». A de multiples reprises, l’année passée, l’administration Trump a fait des déclarations favorables à Netanyahu avant les élections ou lorsque ce dernier s’efforçait de constituer un gouvernement.
Trump « agit d’une manière qui le rend pro-israélien et pro-Juif tout en ouvrant les bras aux nationalistes blancs », a dit Buttigieg, se référant aux accusations disant que Trump offre un secours aux racistes à l’aide de ses politiques et de sa rhétorique.
Les candidats démocrates à la présidentielle ont attaqué Trump sur des fronts multiples pour son incapacité à adopter un statut de leader dans des conflits et frictions déterminants sur la scène internationale, notamment au Moyen-Orient et en Chine.
L’ex-vice président Biden a clamé que Trump jouait sur les peurs et les préjugés et il a souligné qu’une solution à deux Etats était nécessaire pour réaliser la paix, condamnant Trump et Netanyahu qui se sont éloignés de cette dernière.
Trump, a-t-il accusé, n’est « plus un intermédiaire honnête en Israël ». Il a continué en disant « qu’il n’y a pas de solution pour Israël autre qu’une solution à deux Etats. Cela n’existe pas. Ce n’est pas possible d’avoir un Etat juif au Moyen-Orient sans qu’il y ait une solution à deux Etats. Et Trump a joué sur toutes les peurs et tous les préjugés – qui sont les mêmes – et qui existent dans ce pays et Israël ».
Et concernant le Premier ministre israélien, Biden a déclaré que « Bibi et moi-même nous connaissons bien. Il sait que je pense que ce qu’il fait est scandaleux ».
« Ce que nous ferons, c’est que nous mettrons une pression constante sur les Israéliens pour qu’ils avancent vers une solution à deux Etats – sans retirer l’aide physique en termes de sécurité », a-t-il ajouté.
Il y a deux semaines, Biden avait déclaré que Netanyahu « est allé dans une direction qui est contre-productive. Il veut rester au pouvoir et il est parti vers l’extrême-droite, dans sa formation et dans le pays. Je pense que c’est une grave erreur ».
L’ancien vice-président a également indiqué, jeudi, que Washington devait reconstruire les alliances « que Trump a démoli ».
Buttigieg a noté que Trump « se faisait l’écho » du vocabulaire emprunté par les dictateurs dans ses attaques sans relâche contre la presse.
Klobuchar a ajouté que le président « a défendu des dictateurs face aux innocents ».
Tom Steyer, pour sa part, a mis en garde contre un isolement des Etats-Unis face à la Chine, disant que les deux nations devaient travailler ensemble sur la question du changement climatique.
Biden, le centriste, arrive le premier dans les sondages, avec derrière lui Sanders et la sénatrice Elizabeth Warren qui se présentent depuis l’aile progressiste du parti.
Leur plateforme plus ancrée à gauche – soins de santé universels, impôt sur les richesses pour réduire les inégalités, passage à l’action spectaculaire sur le changement climatique – est très populaire parmi les jeunes électeurs et les femmes mais met mal à l’aise les modérés.
Buttigieg est à la quatrième place mais il est à la première place dans l’Iowa, qui votera le premier lors de ce processus de nomination démocrate en date du 3 février.
Klobuchar et l’entrepreneur Andrew Yang, dont la capacité à se maintenir a entraîné la surprise, arrivent plus loin dans le classement.
Le milliardaire de Californie Tom Steyer complète le groupe.
Tandis que deux femmes étaient sur scène, Yang, américano-taïwanaise, était la seule candidate non-blanche dans le débat.
Le sénateur Cory Booker et l’ancien membre du cabinet, Julian Castro, ne s’étaient pas qualifiés.
Le sénateur Kamala Harris, la seule femme noire de la course, s’est retirée au début du mois.
JTA a contribué à cet article.