Selon les officiels, Israël n’est pas équipé contre les feux de forêt, type Los Angeles
Les pompiers sont surchargés par la guerre ; les autorités israéliennes craignent que de vastes incendies ne sévissent dans la région méditerranéenne, en voie de réchauffement

Alors que les feux de forêt continuent de faire des ravages dans le sud de la Californie, les autorités israéliennes ont tiré la sonnette d’alarme quant à la possibilité que des incendies aussi destructeurs frappent le Moyen-Orient.
Les incendies qui ravagent Los Angeles et ses environs ont déjà fait des dizaines de victimes et rasé des quartiers entiers. Cette catastrophe a été le résultat d’une dangereuse combinaison de climat chaud et aride et de puissantes rafales de vent, allant jusqu’à 160 km/h.
Avec des températures en forte hausse dans l’est de la Méditerranée, les responsables de l’Autorité des Services d’incendie et de secours ont déclaré au Times of Israel qu’une flambée de l’ampleur de celle de Los Angeles n’était pas à exclure.
« Ça arrivera en Israël, il n’y a rien à faire », a déclaré Itzik Cohen, commissaire adjoint aux incendies dans le district sud, au début de la semaine.
Cependant, en dépit de cette menace imminente, les équipes des services d’incendie et de secours sont terriblement sous-équipées pour faire face à un scénario d’une telle ampleur.
Selon l’Autorité des Services d’incendie et de secours, les effectifs sont bien inférieurs au ratio pompier/habitant fixé par l’OCDE. Alors que la norme mondiale est d’un pompier professionnel pour 1 000 habitants, les équipes de pompiers israéliennes ne peuvent engager qu’un pompier pour 4 500 habitants.

« Nous sommes sollicités de bout en bout », dit Tal Volvovitch, porte-parole de l’Autorité des Services d’incendie et de secours.
L’été dernier, les missiles lancés par le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah sur les villes de la frontière nord ont accru la pression sur les Services d’incendie et de secours. Plus de 22 000 hectares ont été ravagés par les flammes dans le nord. Cela a coûté plus de 3 milliards de shekels.
Le conflit avec le Hezbollah a exacerbé le problème, mais Oz et d’autres spécialistes de la protection contre les incendies maintiennent que le dérèglement climatique est la force motrice de la recrudescence des feux de forêt.
« Il est important de comprendre que les climats respectifs de la Californie et d’Israël sont très similaires », note Assaf Karavani, directeur du service forestier israélien du Fonds National Juif (JNF/KKL).

Bien que située à l’autre bout du monde, la Californie a un climat « méditerranéen », caractérisé par des hivers pluvieux et par des étés chauds et secs. L’aridité estivale est la raison pour laquelle l’État de la côte ouest – et le bassin méditerranéen – sont particulièrement sujets aux incendies de forêt récurrents.
Cependant, avec le réchauffement de l’atmosphère terrestre et l’allongement de la saison estivale, des incendies de plus en plus destructeurs ont commencé à se propager tout au long de l’année.
« Ce n’est pas pour rien que les incendies californiens se déclarent en janvier, en plein milieu de l’hiver », explique Karavani. Lorsque le temps sec de l’été se prolonge jusqu’aux mois d’automne, la végétation reste dépourvue d’humidité et elle est donc susceptible de s’enflammer.
En juillet, le Service météorologique israélien (IMS) a publié un rapport basé sur les tendances climatiques actuelles, prévoyant une baisse significative de la quantité de pluie et du nombre de jours de pluie dans les décennies à venir.
Compte tenu des vastes incendies de forêt de l’été dernier, l’Autorité des Services d’incendie et de secours a intensifié ses efforts de recrutement l’année dernière.
« Nous recrutons des pompiers, mais ce n’est pas suffisant, nous avons encore besoin de beaucoup plus », affirme Oz. L’agence emploie actuellement 2 165 pompiers professionnels, qui travaillent aux côtés de quelque 3 000 volontaires.
L’année dernière, l’Autorité des Services d’incendie et de secours a engagé 300 nouvelles recrues, soit le double du nombre annuel habituel de 150. Les nouveaux arrivants doivent encore suivre une formation. Chaque année, environ 150 pompiers quittent le service ou prennent leur retraite.
« Nous avons recruté un certain nombre de pompiers dans le département mais, bien sûr, cela ne correspond toujours pas à la norme mondiale. Je suis assez prudent lorsqu’il s’agit de dire ce genre de choses, mais si nous voulons nous préparer, nous devons recruter davantage de pompiers », estime Oz.
En plus de leurs effectifs limités, les Services d’incendie et de secours israéliens manquent de technologies de pointe. Selon des responsables régionaux, il s’agit essentiellement d’une question de budget.
« Il se pourrait bien que si notre budget était plus important, nous serions en mesure de mieux rivaliser. Pour l’instant, nous faisons tout notre possible avec les moyens dont nous disposons. »
« Nous essayons de développer le département et nous sommes actuellement en train de lancer un appel d’offres pour douze autres avions de lutte contre les incendies qui viendront s’ajouter aux quatorze avions que nous possédons déjà », a-t-il poursuivi.
Des représentants des Services d’incendie et de secours ont plaidé leur cause devant la commission de la Sécurité nationale de la Knesset en octobre, en demandant davantage de fonds pour faire face à la menace croissante engendrée par le dérèglement climatique.

La réunion a mis en lumière une multitude de déficits, tant au niveau des effectifs que de la technologie dont dispose le département.
Le commissaire adjoint aux pompiers, Yair Elkayam, qui dirige le district nord de l’autorité, a déploré devant la commission que sa région ne comptait que 115 pompiers l’été dernier.
En outre, la grande majorité des véhicules de pompiers israéliens ont plus de vingt ans.
Le budget de l’Autorité des Services d’incendie et de secours a été porté à 1,616 milliard de shekels en 2025, soit une augmentation par rapport aux 1,55 milliard de shekels de l’année dernière. La majeure partie des fonds sera consacrée aux salaires des pompiers, tandis qu’environ 300 millions de shekels seront dépensés pour l’achat de nouveaux véhicules d’incendie, d’avions et d’autres technologies.
Oz note que le gouvernement a défini la crise climatique comme une menace pour la sécurité nationale il y a quelques années, ce qui a permis à l’Autorité des Services d’incendie et de secours d’obtenir le statut nominal d’organisme de sécurité.
« Le dérèglement climatique est déjà là. Nous l’avons constaté ces dernières années, en hiver comme en été. C’est notre grand défi en tant que nation. »