Selon Richard Prasquier, le cardinal Lustiger a levé la méfiance des juifs envers les convertis
Dans un entretien à La Croix, l'ancien président du Crif revient sur les rapports entre le cardinal Lustiger et le monde juif

Jusqu’à la tombe le Cardinal Lustiger, juif converti au christianisme qui fit réciter le kaddish – la prière juive en mémoire des morts – sur le parvis de la cathédrale de Notre Dame, sous le chœur de laquelle il est enterré, recouvert d’une poignée de terre venue du mont des Oliviers à Jérusalem, cultiva un certain trouble sur son – ou ses – appartenances religieuses.
Proche du charismatique archevêque de Paris de 1981 à 2005, Richard Prasquier, rappelle ces mots de l’ancien grand rabbin d’Israël à son propos : « Quel rabbin extraordinaire il aurait été, s’il était resté dans le judaïsme… »
L’ancien président du Crif analyse pour La Croix les conséquences de cette figure particulière sur la vision que les juifs ont des convertis.
« Je pense que le cardinal Lustiger a transformé l’image très négative que les juifs pouvaient avoir à propos de quelqu’un qui a abandonné le judaïsme » explique-t-il.
Richard Prasquier revient sur les raisons de cette défiance : « Au Moyen Âge, de nombreux juifs convertis ont servi d’accusateurs dans des ‘disputes’ suivies de persécutions. La méfiance était encore redoublée quand ces convertis faisaient preuve d’une apparente sympathie pour les juifs, car on les soupçonnait alors de vouloir les pousser à changer de religion ».
Au lendemain de la cérémonie de la rafle du Vel’ d’Hiv’ à Paris, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a achevé son séjour par une visite privée à la cathédrale Notre-Dame à Paris, où il s’est arrêté devant la plaque apposée à la mémoire du cardinal Lustiger.
Le chef du gouvernement israélien s’est attardé auprès du chœur et du trésor de la cathédrale. Il s’est arrêté devant la plaque apposée à la mémoire du cardinal Jean-Marie Lustiger (1926-2007) dont l’Église marquera le 5 août prochain le dixième anniversaire de la mort.
« Je suis né juif. J’ai reçu le nom de mon grand-père paternel, Aron. Devenu chrétien par la foi et le baptême, je suis demeuré juif comme le demeuraient les Apôtres », peut-on lire sur cette inscription en hommage à ce cardinal très impliqué dans le dialogue judéo-chrétien.